Ça coûte pas cher et ça fera sûrement pas de tord à la popularité en chûte libre du gouvernement libéral, c'est sans doute ce que ce sont dit les analystes du bunker en préparant les annonces d'indexation de l'aide sociale et du salaire minimum. Une hausse de 2% qui n'accote même pas l'inflation (2,7%), c'est cheap pas mal pour se donner bonne conscience. Surtout après la cascade de hausse de tarif (hydro, transport en commun, garderies, etc.). Faudrait peut-être dire merci?
L'écart continue de se creuser
Ceci dit, l'indexation est quand même une claque sur la gueule. 2% c'est même pas la hausse du coût de la vie! En fait, avec les baisses d'impôts qui s'en viennent et qui ne profiteront ni aux assistés sociaux ni au monde au salaire minimum, l'écart entre les plus riches et les plus pauvres se creuse. En plus, avec la sous-traitance, il y a un chars pis une barge de petits salariéEs de l'État qui risquent de venir nous rejoindre au bas de l'échelle, pendant qu'au passage une méchante gang d'affairistes vont se graisser la patte. Lors de sa conférence de presse de fin d'année, la FTQ identifiait la hausse du salaire minimum comme l'une de ses revendications de 2004. Si c'est ça le bonbon qu'Henri Massé a arraché à Charest lors de leurs "rencontres privées" du début janvier, ça en dit long sur l'état actuel du rapport de force syndical... et on comprend qu'il ne s'en vante pas!
Pour une hausse de 20% du salaire minimum
Aux États-Unis, et de plus en plus dans le reste du Canada, les militantEs contre la pauvreté militent pour un "salaire viable" (living wage). L'idée de base c'est que personne ne devrait être payé en deça du seuil de pauvreté ou de faible revenu. Au Québec, le salaire minimum ne permet que d'aller chercher 80% du seuil de faible revenu. Donc, pour "lutter contre la pauvreté", c'est d'une hausse de 20% minimum dont on aurait besoin et d'une indexation annuelle calculée selon la hausse du coût de la vie et l'évolution du salaire industriel moyen. CertainEs pourraient dire que ça nuirait à l'économie. Ouin, pis? Peut-on sincèrement revendiquer moins que la justice?
Les péquistes n'ont rien à dire
Il y a quelques années, le mouvement communautaire avait lancé le mots d'ordre "Appauvrissement zéro" dans le contexte du Sommet socio-économique péquiste. Même avec un mots d'ordre aussi dilué (le slogan "Pauvreté zéro" est venu ensuite, en réaction), le mouvement avait perdu la bataille sur l'hôtel du Déficit zéro. Ainsi le B.S. a été gelé pendant cinq ans sous les péquistes et les rares hausses du salaire minimum ont été utilisées à des fins bassement politiques (notamment comme prix de consolation lors des deux Marches des femmes). Les péquistes n'ont donc rien à dire, les libéraux étant mieux qu'eux sur ce point précis (et c'est une constance historique présente également sous Boubou).
Rappelons que les 215 000 personnes payées au salaire minimum sont, surprise!, majoritairement des femmes (69,4 %) et des jeunes de moins de 24 ans (60%). Au Québec, près du quart (24 %) des salariéEs gagnent un salaire inférieur à 10 dollars. La dernière hausse du salaire minimum remonte à janvier 2003
(Publié pour la première fois dans Le Trouble février 2004)
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