jeudi 12 juillet 2007

La résistance n'est pas un crime

Libérez Germinal!!!



Le 13 septembre prochain, l’État québécois frappera une fois de plus contre des dissidents politiques. Nous connaîtrons alors la sentence imposée à sept membres du groupe Germinal, arrêtés juste avant le Sommet des Amériques. Ces derniers ont été reconnus coupables d’avoir «comploté ensemble afin de commettre un acte susceptible de constituer un méfait qui cause un danger réel pour la vie des gens ou de constituer un méfait à l'égard de biens», ainsi que de «possession d'explosif, d’achat et possession de matériel militaire». Ne nous laissons pas berner par la gravité de ces accusations. Les membres de Germinal n’avait qu’un objectif en tête: s’attaquer à la légitimité du Sommet officiel en s’en prenant au mur construit par les autorités pour étouffer les cris de révolte qui ne manquèrent pas d’éclater.

Liberté surveillée

La procureure de la couronne, Geneviève Lacroix, exige une peine de prison «exemplaire» pour ces jeunes «terroristes» qu’elle accuse d’avoir commis une «offense intellectuelle» pour avoir planifié l’ouverture d’une brèche dans le périmètre de sécurité pendant le Sommet des Amériques en avril 2001. Avant même d’avoir entrepris quoi que ce soit, les membres de Germinal étaient suspects aux yeux de l’État. Tenez-vous le pour dit : celles et ceux qui questionnent les fondements de l’ordre établi sont des criminels en sursis. Infiltrés depuis plusieurs mois par deux agents de police, les membres de Germinal n’auront pas eu la chance de lire le manifeste qu’ils avaient préparé une fois passé le Mur de la Honte. Deux jours avant l’ouverture officielle du Sommet, les voilà derrière les barreaux de la prison d’Orsainville. Cinq d’entre eux y passeront plus de deux mois avant d’être remis en liberté sous caution.

Dès leur arrestation, la police organise une conférence de presse où est déployé tout «l’arsenal» du groupe. Parmi les pièces à conviction, on retrouve quelques masques à gaz, deux bâtons de balle-molle, des fumigènes et quelques gros pétards destinés à créer une diversion. La police agite cet épouvantail à des mass-medias qui en redemandent. Cette condamnation sur la place publique servira à justifier les millions dépensés pour protéger la «sécurité» du public. Nous connaissons le reste de l’histoire: 470 personnes arrêtées, plusieurs blessé-es graves chez les manifestant-es, des centaines de balles de plastique tirées à bout portant, des enlèvements sauvages en pleine rue Saint-Jean, des tonnes de gaz lacrymogène pour les résidant-es du centre-ville…

Au delà du spectacle et du délire sécuritaire qu’il a suscité au sein de «l’opinion publique», le gouvernement québécois reproche au groupe Germinal d’avoir voulu s’en prendre à un «bien public»: la fameuse clôture érigée en plein cœur du quartier Saint-Jean-Baptiste pour éloigner le bon peuple des discussions de messieurs les premiers sinistres… Mais il y a plus. En préparant leur défense contre les attaques policières, les membres de Germinal ont ouvertement défié l’autorité toute puissante de l’État. Qui plus est, on leur reproche d’avoir planifié leur geste, de s’être préparé de façon efficace, d’avoir eu l’intelligence d’écrire un manifeste pour expliquer leur action au reste de la population. Bref, d’être prêt à affronter l’État tant au niveau physique qu’intellectuel. Encore plus inquiétant pour les forces de l’ordre, Germinal rassemble des gars et des filles, des travailleurs-travailleuses manuels et intellectuels et même des réservistes de l’armée canadienne imbus de justice sociale! Alors qu’on gave la jeunesse des valeurs de compétition, d’individualisme et d’entrepreneurship, le groupe Germinal s’oppose aux inégalités et cherche à passer de la parole aux actes.

Nous faisons face tous les jours à une violence institutionnalisée. Une violence politique qui renforce le pouvoir d’une clique de banquiers et de profiteurs sur nos vies, une violence économique qui nous transforme en marchandise jetable après usage, une violence dont l’État et le patronat ont le monopole absolu. Le seul crime commis par les membres de Germinal aura été de refuser l’ordre «normal» des choses et d’avoir voulu livrer de façon audacieuse ce message à la population comme des dizaines de milliers d’autres personnes l’ont fait dans les rues de Québec au mois d’avril 2001. Le 13 septembre, nous saurons ce qu’il en coûte aux dissidents de dire NON au pouvoir du fric, au pouvoir des flics.

La résistance n’est pas un crime: solidarité avec Germinal!

Pour l’anarchie et le communisme

Collectif anarchiste La Nuit (NEFAC-Québec)

(Publié pour la première fois dans le numéro 5 du bulletin La Nuit (juillet 2002))

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