« On nous traite comme un bled perdu. » Tel fut le cri du cœur d’Andrée Boucher, la mairesse de Québec, face aux tergiversations des mandarins fédéraux concernant la contribution d’Ottawa pour les fêtes du 400e anniversaire de Québec en 2008.
« Peut-être est-ce parce que nous sommes un bled perdu? » lui répond son vieil ennemi André Arthur, le député « indépendant » de Portneuf. Preuve de la déliquescence d’une certaine gauche locale, le premier à crier « le roi est nu » à propos des fêtes du 400e est un populiste de droite. André Arthur dénonce le fait que le 400e n’est qu’un autre des prétextes de la
« haute-ville », qui cherche « toujours » à se payer des « partys » aux dépens de la « basse-ville ». Au fond, les gens qui gèrent le 400e veulent aider le tourisme. Mais, aux dires du député, cette activité économique, « c’est des emplois précaires, c’est le salaire minimum, c’est le côté tiers-monde de la ville ». Évidemment, l’ex-Roi des ondes se garde bien de rappeler qu’il est depuis toujours l’un des plus féroces opposant au syndicalisme, y compris dans l’hôtellerie où se menait encore récemment des luttes importantes...
Le plus enrageant, ce n’est pas tant que ce salaud ait raison mais que personne à gauche, à part nos camarades des journaux communautaires Droit de parole et l’Infobourg, n’ait rien à dire sur le sujet. Les différents paliers de gouvernement s’apprêtent pourtant à claquer plus de 230 millions d’argent public dans cette aventure, dont 90 millions pour un gigantesque party poche (incluant une messe du pape sur les plaines d’Abraham!). Heureusement qu’il restera des miettes pour une poignée de projets intéressants soumis par des gens du cru. Ce sera aussi l’occasion pour l’élite d’imposer des projets structurants sans aucune consultation et sans référer à un quelconque plan d’urbanisme. Bref on va refaire la ville pour épater la galerie sans se soucier de ce que la population locale veut. On parle de cette folie dans toutes les chaumières, la gauche n’a rien à dire, et après on se surprend que la région vive une désespérante histoire d’amour avec les conservateurs et les adéquistes...
Québec a de plus en plus les allures d’un village où la consanguinité fait des ravages. D’un côté on a droit à une méchante gang de tarés qui se promènent avec des bumpers hurlant « libaaarté » et de l’autre on a une gauche caviar où tout le monde couche avec tout le monde, composée majoritairement d’amis du parti qui s’échangent des services et s’invitent mutuellement dans leurs cocktails bénéfices d’où ils regardent le peuple de haut. C’est à se demander ce qui est le plus dégoûtant.
(Publié pour la première fois dans le numéro 11 de Cause commune, automne 2006)
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