Jusqu’au 25 février, le gouvernement Charest se lance dans une nouvelle expérience sur la population du Québec : une « vaste » consultation sur les choix budgétaires de la province. Avec un taux d’insatisfaction avoisinant les 70%, les libéraux cherchent par tous les moyens de donner l’impression d’être « à l’écoute de la population ». Sans mettre un terme au lobbying des grandes entreprises, deux moyens sont offerts aux citoyens et aux citoyennes qui souhaitent être entendu-e-s: une invitation à l’Assemblée nationale le 2 et le 3 février et la possibilité de répondre à un questionnaire sur internet.
On peut se poser la question suivante : qui le gouvernement libéral choisira-t-il d’écouter? Les compagnies et les cercles d’influence capitalistes ou l’opinion exprimée par la population? À voir les questions (et les réponses!) qui nous sont proposées, on voit bien que les dés sont pipés . Car vous l’aurez deviné, la « consultation » pilotée par le gouvernement n’est rien d’autre qu’un exercice de relation publique où les participant-e-s doivent cautionner les décisions prises en coulisse par le pouvoir. L’objectif avoué du Ministre des finances, Michel Audet : obtenir le feu vert pour rembourser la dette du Québec. Toutes les questions portent là-dessus. Dans l’éventualité où le gouvernement arriverait à dégager des surplus, et uniquement dans cette optique, que devrait-il faire? Dans les trois réponses possibles, on n’est pas surpris d’y compter le remboursement de la dette nationale et la diminution du fardeau fiscal des contribuables. La troisième option propose une augmentation des dépenses gouvernementales, mais sans spécifier dans quel domaine. Oubliez les réinvestissements dans les programmes sociaux!
Depuis sa révolution tranquille, le Québec ne cesse sa dérive vers le libéralisme économique. Les effets se font ressentir à tous les niveaux : Hydro-Québec qui se doit d’être une vache à lait au détriment de la sécurité énergétique; le transport en commun de moins en moins subventionné, forçant les usagerEs à débourser toujours plus; Télé-Québec ne pouvant pratiquement plus produire elle-même, contrainte à acheter des productions privées pour arriver; le financement des groupes communautaires constamment remis en question, etc. Bref, tout ce qui avait été gagné pour servir la communauté est perçu, peu importe le parti au pouvoir, comme du gras dans lequel il est justifié de couper pour permettre le transfert de la richesse des plus pauvres vers les plus riches. Et ce ne sont pas les soi-disant « consultations publiques » du ministre Audet qui changeront quoi que se soit à cette situation.
(Publié pour la première fois dans le numéro 9 de Cause commune, mars 2006
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire