Rien ne va plus entre le gouvernement et les travailleurs-euses du secteur public. Après deux ans de négociations pour obtenir une nouvelle convention collective et un rattrapage salarial, aucun règlement n'est en vue entre les deux parties. Face à l'intransigeance de l'État, les leaders syndicaux ont tour à tour brandis la menace de grève pour obtenir gain de cause.
Les premiers à sortir, les syndicats indépendants regroupés autour de la CSQ, ont tenté d'obtenir un règlement avant l'été. Pour y arriver, divers moyens de pression furent mis de l'avant, la plupart assez symboliques à l'exception d'une grève prolongée à la Société de l'assurance automobile… grève suspendue cet été dans l'indifférence générale. Le président du SFPQ (1), Michel Sawyer, a préféré parler de "retraite stratégique" pour camoufler l'échec des moyens de pression. À force de faire preuve de retenue, de refuser une lutte directe et généralisée " là où ça fait mal ", ces syndicats n'ont pas réussi à construire le rapport de force nécessaire pour faire plier le gouvernement.
La CSN et la FTQ ont pour leur part décidé de faire " front commun " contre le gouvernement Charest à l'automne. Claudette Carbonneau et Henri Massé ont prévenu la population : attendez-vous à un automne chaud! Si depuis le début du mois de septembre, il y a bien eu quelques journées de grève ici et là, on attend toujours l'offensive syndicale promise avec tambours et trompettes.
À la base, l'information ne semble pas circuler. En majorité, les travailleurs-euses sont laissé-e-s dans le noir le plus complet. Pendant ce temps, les leaders donnent des ultimatums bidons et poursuivent les négos… Mais qu'espèrent-ils obtenir, alors que le gouvernement maintient la ligne dure depuis des mois? Force est de constater que la stratégie syndicale actuelle est vouée à l'échec. Une négociation n'est pas un concours de popularité : elle repose sur la mobilisation et ne peut s'en tenir au symbolique. Tous les moyens permettant de construire un rapport de force réel doivent être utilisés : grève, boycott, ralentissement, action directe, sabotage, etc. Le gouvernement doit savoir que les syndicats sont sérieux, que le cirque a assez duré!
Les syndiqué-e-s du secteur public auraient avantage à reprendre en main leurs organisations et s'occuper de leurs affaires. Si les directions et les appareils sont en partie responsables de la nullité de la mobilisation actuelle, l'indifférence et l'apathie de la base y est aussi pour quelque chose. Le jour où les syndiqué-e-s cesseront de voir leurs syndicats comme des compagnies d'assurance, ceux-ci cesseront peut-être de les traiter comme des client-e-s! La grève étudiante de l'hiver dernier montre toute la créativité que peut libérer une mobilisation de masse. C'est grâce à leur audace et leur combativité que les étudiant-e-s ont réussi à porter LEUR mouvement aussi loin et à gagner l'appui de la population. Si toutes les revendications n'ont pas été obtenues, la bataille que le mouvement étudiant a mené n'a pas été veine. Une génération entière a pu goûter à la lutte, à la solidarité, à l'autogestion, à la démocratie directe.
Travailleurs et travailleuses qui en avez marre de voir l'affrontement avec le gouvernement libéral reporté aux calendes grecques, vous n'êtes pas seul-e-s. Nous sommes nombreux-nombreuses à souhaiter la même chose que vous. Concrètement, une tonne de moyens existent pour développer un courant combatif à l'intérieur comme à l'extérieur des structures syndicales. Formons des comités de mobilisation autonomes. Développons la solidarité intersyndicale. Allons à la rencontre des mouvements de sans-emploi, d'étudiant-e-s, de locataires. Brisons les frontières qui nous séparent des autres membres de la classe ouvrière. Et comme le disaient les grévistes étudiant-e-s l'hiver dernier, répandons le même mot d'ordre : "Grève générale, sociale, illimitée" !
Notes :
(1) Syndicat de la fonction publique du Québec
(Publié pour la première fois dans le numéro 8 de Cause commune, automne 2005)
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