dimanche 15 juillet 2007

Des logements rares qui coûtent la peau des fesses

De janvier à mars, les locataires reçoivent leur avis de renouvellement de baux et la mauvaise nouvelle qui l'accompagne généralement : l'augmentation de loyer. Crise du logement oblige, de plus en plus de gens se retrouvent pris à la gorge avec des logements qu'ils et elles ne peuvent plus se payer. À moins de refuser l'augmentation de loyer...

La crise s'installe à domicile

Selon les associations de locataires, la crise du logement n'est pas terminée, elle s'est simplement transformée pour devenir une crise du logement abordable. Le FRAPRU estime qu'il manque toujours cruellement de logements --plus de 15 000-- pour atteindre un taux d'innocupation «équilibré» et pour que «le marché du logement cesse d'être à l'avantage flagrant des propriétaires». Preuve incontestable que les théories libérales sont de la bouillie pour les chats, le sacro-saint marché est bien incapable de fournir en quantité suffisante un bien aussi fondamental que le logement.

Selon les chiffres de la Société canadienne d'hypothèque et de logement, les loyers ont augmenté radicalement depuis le début des années 2000, beaucoup plus rapidement que l'inflation. À Montréal, par exemple, les locataires d'un 4 1/2 paient en 2004 l'équivalent de 14 mois de leur loyer de l'an 2000. C'est-à-dire que le loyer moyen d'un logement de deux chambres à coucher est passé de 509$ par mois à 594$ (ce qui donne 1 020$ de plus par année, soit deux mois de loyer de l'an 2000). Concrètement, les propriétaires profitent donc de la crise du logement pour s'en mettre plein les poches. Et ils ont le culot d'en demander encore plus, suggérant au gouvernement d'abandonner la construction de logements sociaux pour plutôt donner des «aides» aux personnes qui ne peuvent payer leurs loyers.

Des hausses de loyer salées!


Prix d'un 4 1/2
Ville en 2000 en 2004 % hausse
Montréal 509$ 594$ 16,7%
Gatineau 544$ 663$ 21,9%
Québec 506$ 596$ 15,1%
Dans la seule dernière année, à Sherbrooke, la hausse a été de 5,1 %, et à Trois-Rivières, elle a atteint 4,8 %.

Source: FRAPRU, selon des chiffres de la SCHL.


Refusez les hausses de loyer

Les loyers qui augmentent en période de crise ne baisseront pas quand la crise se sera résorbée. La stratégie des propriétaires quand le marché leur est défavorable est plutôt d'offrir des «gratuités» (mois gratuit, peinture gratuite, etc.), jamais de baisser le prix des loyers. Une prise de conscience collective est impérative: la seule manière de ralentir un tant soit peu la hausse vertigineuse des loyers est de refuser les hausses quand elles se présentent, tout simplement.

Les locataires ont en effet le droit, depuis 1980, de refuser une hausse de loyer tout en conservant leur logement. Après la réception d'un avis de renouvellement de bail, ils et elles ont 30 jours pour refuser la hausse de loyer. Les comités logement suggèrent fortement d'attendre la publication des indices de la Régie de logement (publiés dans la troisième semaine de janvier) afin de juger si la hausse «proposée» par leur propriétaire est abusive, auquel cas ils et elles devraient la refuser. Le site web du RCLALQ expliquent comment faire. En cas de doute, on peut consulter le comité logement de sa ville ou de son quartier (la liste est disponible sur cette page web).

En attendant, on ne pourra nous enlever de la tête l'idée qu'une société réellement humaine devrait fournir à tous ses membres un endroit décent où vivre. Qu'une crise du logement assez sévère pour jeter des gens à la rue puisse exister et perdurer dans une société riche comme le Québec nous semble une preuve suffisante de la faillite du capitalisme et de son économie de marché.

(publié pour la première fois dans Cause commune no5, début 2005)

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