samedi 14 juillet 2007

Lettre ouverte au collectif "D'abord solidaires"

D'abord Solidaires ou D'abord Sectaires?

D'abord Solidaires prétend être un collectif progressiste non-partisan, démocratique, ouvert à tous et toutes, et qui entend, entre autres, questionner les différents partis politiques sur les enjeux sociaux au cours de la présente campagne électorale. Afin de souligner le lancement de vos activités, vous avez organisé une activité publique à Québec, mercredi le 19 mars. Vous y conviez les membres des différents mouvements sociaux ainsi que les citoyens et citoyennes concernés de la région à venir discuter et débattre des enjeux actuels de la société dans l'enceinte de l'École nationale d'administration publique, un lieu où l'on forme les élites politiques de demain, faut-il le mentionner!

Nous avons répondu positivement à votre appel en nous présentant à la conférence. Afin de faire connaître notre position sur la présente campagne électorale, sur les activités partisanes en particulier, nous avions décidé d'y diffuser un tract intitulé "La farce électorale et nous". Sachant très bien que le point de vue libertaire n'est pas partagé par tous et toutes, nous avons tout de même décidé de prendre part à l'événement, et ce, dans une optique d'ouverture sur les différents mouvements sociaux qui composent la "gauche québécoise". Soit-dit en passant, les membres du Collectif anarchiste La nuit participent activement aux luttes sociales, en plus d'être impliqués dans différents mouvements sociaux.

Comme l'activité se tenait à l'intérieur et que la majorité des participant-e-s semblait déjà sur place, nous avons décidé de diffuser le tract en question dans le hall, à l'entrée de la salle où les différents participants et participantes étaient conviés. Après une dizaine de minutes, on nous a gentillement demandé d'aller distribuer notre tract à l'extérieur, ce que nous avons fait sans broncher. Pourtant, les gens que nous voulions rencontrer discutaient à l'intérieur, non à l'extérieur. Afin de justifier ce qui était ni plus ni moins une expulsion d'une activité qui est
censée être des plus démocratique, on nous a rétorqué que le moment n'était pas propice pour la partisannerie. Or, le Collectif La nuit est loin d'être un parti politique et n'aspire pas à le devenir (contrairement à l'UFP qui était effectivement dehors à diffuser un tract pour une assemblée publique partisane... tandis que d'autres associations, politiques mais non-partisanes, avaient des kiosques dans ce même hall). Lors de cet événement, nous voulions simplement faire connaître la position des communistes libertaires sur la démocratie et la justice sociale. Nous croyons fermement que le changement social peut et doit se faire depuis la base, non pas par la création d'un "nouveau" parti politique et de structures hiérarchisées et centralisatrices.

Ce qui est ici en question relève d'une forme de censure politique. Plutôt que d'établir des règles claires dès le départ, on a préférer décider "sur le tas", une fois la majorité des gens déjà l'intérieur. En fait, nous avons été privés d'un espace politique, un espace que vous voulez créer afin que les exclus et exclues de l'ordre politico-économique bourgeois puissent avoir leurs mots à dire. À la lumière de ce qui s'est passé, cet espace politique ne semble pas ouvert à tous et toutes. Drôle de coïncidence, celui qui nous a gentillement demandé d'aller faire les "piquets" dehors, Sébastien Bouchard, est membre de l'UFP et de la quatrième Internationale. En ce qui concerne la démocratie, on repassera!

Que nous a-t-il valu un tel traitement? Sommes-nous marginaux à un tel point qu'il est tout à fait justifié de nous écarter "tout en douceur" d'une activité politique et sociale? Il faut rappeler que les libertaires sont nombreux et nombreuses à Québec et qu'ils s'impliquent activement dans différentes luttes sociales - droit au logement, lock-out des concessionnaires, lutte anti-raciste et anti-fasciste, etc. Bref, nous sommes de tous les fronts en ce qui concerne la justice sociale. Qui plus est, nous n'avons jamais fermé l'espace politique aux militants et militantes progressistes de la région lors des activités que nous avons organisées. À de nombreuses reprises, ces activités ont été organisées conjointement avec d'autres groupes progressistes. Le Sommet des Amériques en est un bel exemple. Pourtant, on nous reproche souvent d'être sectaires. À l'heure actuelle, on se demande qui l'est vraiment?

Votez bien, votez rien!


Collectif anarchiste La Nuit (NEFAC-Québec)

(Publié pour la première fois le 24 mars 2003, diffusé essentiellement sur le web)

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