Le rapport de force des syndiquéEs est actuellement à son zénith. Des failles ont déjà commencé à apparaître du côté patronal. Ainsi, afin d’éviter la première grève de 24h du plan d’action syndical, la direction du Centre Sheraton –où travaillent 400 personnes—a signé une entente de principe aux petites heures du matin du 8 juillet. La grève a quand même paralysé 17 autres hôtels de Montréal et Laval et permis une manifestation de 1000 grévistes.
La négociation regroupée, qui permet de contourner l’isolement et la faiblesse propre à l’industrie du service, a été mis sur pied en 1990 par la Fédération du commerce de la CSN. Concrètement, chaque syndicat demeure autonome mais soumet des demandes locales et des revendications communes à tous les autres syndicats (une quarantaine au total). Cette plate-forme commune de dix revendications a été adoptée par les déléguéEs de tous les hôtels les 27, 28 et 29 septembre dernier. Avant de faire une contre-proposition à son employeur sur une demande de la plate-forme commune, le syndicat concerné consulte les autres. Avant le début de la négociation, chaque syndicat a adopté le protocole de coordination en assemblée générale.
Les revendications de cette sixième négociation regroupée visent essentiellement un meilleur partage des richesses dans cette industrie qui fait des affaires d’or. Les syndiquéEs revendiquent notamment une amélioration du régime de retraite (et la possibilité de réduire la semaine de travail après l’âge de 50 ans), une protection contre la sous-traitance, une baisse de leur part dans les primes d’assurance collective, et des augmentations de salaire de 5% par année sur trois ans. Autre enjeu majeur, les syndicats veulent que les conventions collectives de toute la province arrivent à échéance en même temps.
La tactique employée par la CSN —qui reprend essentiellement une des plus vieille leçon du syndicalisme— a fait ses preuves et a permis d’améliorer sensiblement les conditions de vie des travailleurs et des travailleuses des hôtels. Malheureusement, elle ne semble pas faire tache d’huile ailleurs au Québec, si ce n’est de façon très locale ou alors seulement face au même employeur. Pourtant, il y aurait sans doute là de quoi réussir à mettre en mouvement bien des employéEs du privé pour qui le syndicalisme n’a actuellement pas grand chose à offrir. S’unir pour lutter classe contre classe, l’idée n’est pourtant pas neuve...
(Publié pour la première fois dans le numéro 7 de Cause commune, été 2005)
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