Le silence de la gauche et du mouvement féministe depuis le début du «débat» sur les accommodements raisonnables est assourdissant. À part quelques (rares) dénonciations des dérives xénophobes, c'est l'omerta. Normal, deux valeurs progressistes clés sont en conflit: l'antiracisme et l'égalité homme/femme. Ce silence, en tout cas, devient une arme entre les mains de certains populistes qui s'en servent pour nous attaquer. Par exemple, combien de fois n'avons-nous pas entendu «où sont les féministes?» avant une longue tirade xénophobe... Le temps des interrogations hypocrites touche toutefois peut-être à sa fin. En effet, les «féministes d'État» viennent de déposer un avis et des recommandations sur la question.
Tout n'est pas relatif
La position du Conseil du statut de la femmes a le mérite d'être claire: «l'égalité entre les femmes et les hommes ne peut souffrir d'aucun accommodement». Le Conseil affirme que «l'égalité entre les femmes et les hommes, la séparation de l'État et de la religion et la primauté du fait français sont devenues des valeurs communes» et, qu'en conséquence, «en cas de conflit entre la liberté de religion et l'égalité entre les sexes, il devrait être possible de limiter la liberté de religion au nom de la valeur collective d'égalité entre les femmes et les hommes».
Dans ces recommandations, le Conseil va plus loin et revendique, entre autre, un approfondissement de la laïcisation du Québec. «Nous demandons au gouvernement du Québec d'affirmer haut et fort que la valeur d'égalité entre les femmes et les hommes est une valeur fondamentale et structurante, précise la présidente du Conseil, Christiane Pelchat. Pour ce faire, nous lui demandons entre autres d'amender la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, d'adopter une politique québécoise de gestion de la diversité religieuse dans les institutions de l'État et d'affirmer la neutralité de l'État en interdisant au personnel de la fonction publique québécoise d'arborer des signes religieux ostentatoires dans l'exercice de leur fonction.»
Contre toutes les religions
Dans le contexte actuel, il nous semble que c'est une position très... raisonnable. Comme la plupart des gens, le retour en force de la revendication religieuse dans l'espace public nous dérange. L'ennui avec le «débat» actuel c'est que de nombreux populistes s'en servent pour attiser la xénophobie et/ou pour tenter de renforcer l'ordre moral catholique le plus traditionnel. Les réactionnaires qui s'énervent le pon-pon avec les pratiques religieuses de certains immigrant-es ont l'indignation sélective. Un imam qui dit des conneries sexistes c'est ben énervant mais on ne dit rien quand un évêque dit le même genre de stupidités. Nous sommes bien d'accord pour traquer la bêtise, à condition de traquer toute les bêtises. La seule manière d'intervenir de façon progressiste sur le «problème» est de revendiquer une accélération et une radicalisation de la laïcisation inachevée de notre coin de planète. Quant aux anarchistes, une relance du front de lutte contre l'opium du peuple ne serait peut-être pas de trop.
1 commentaire:
Pour ceux qui se demandent ce qui advenu au Saguenay suite au dépos du fameux mémoire par le maire Jean Tremblay(ayant couté 10 000$ aux gens de la ville et étant ouvertement contre l'avortement), le maire ne réussit pas garder le calme lors du Conseil municipal de Lundi passé. 25 personnes ont pu parlé avant que le maire ferme le Conseil sous la pression grandissante des cris et des huées qui réclamaient le vote des gens réunis (près de 200) pour que les conseillers du maire qui appuyaient réellement le mémoire se lève publiquement. Les policiers ont alors sorti un citoyen qui voulait s'exprimer sur la question. Un appel avait été lancé préalablement et pas mal de personnes s'y sont rendu, pour constater comment le maire pouvait bien se foutre des gens de sa ville. Belle occasion également pour remarquer quels intérêts(idéologiques et $$) le maire sert réellement. Ça a été pas mal médiatisé la semaine dernière et tout a été diffusé en entier à la télé et à la radio.
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