mardi 28 août 2007

L'anarchie de A à Z

«O» comme Organisation



La question de l’organisation est loin de faire consensus dans le mouvement libertaire. Certains voient dans toute organisation une bureaucratie en puissance et un frein à la liberté si chère aux anarchistes. D’autres, sans être contre l’organisation en soi, ne voient pas la nécessité de l’organisation politique et considèrent que les mouvements sociaux se suffisent à eux-mêmes. Pour notre part, nous sommes partisans de l’organisation politique des communistes libertaires.

Dans les luttes, les gens se radicalisent et veulent parfois aller plus loin. Souvent, les militantEs vont regarder autour d’eux et elles pour voir qui est là et ce que les différents courants ont à proposer. Il y a dix ans, personne n’aurait parié sur une résurrection du maoisme ou de la gauche électoraliste. Et pourtant, ça c’est produit. Pourquoi? En partie, à cause des carences du mouvement anarchiste et de son incapacité à offrir des perspectives politiques.

Comme la plupart des libertaires, nous militons au sein des mouvements sociaux. Nous militons pour faire progresser nos luttes et les gagner. Mais nous sommes aussi des militantEs politiséEs, avec une perspective propre que nous souhaitons faire partager. Le problème, c’est que nous ne sommes pas les seuls!

Dans les luttes, il y a aussi (quelques) rouges et (beaucoup) de réformistes. Il y a une bataille des idées qui fait rage sur la direction que doivent prendre les mouvements sociaux. IsoléEs et désuniEs, nous ne faisons pas toujours le poids face à des partis (relativement) bien organisés et coordonnés. L’organisation est nécessaire pour partager des ressources, rompre avec le localisme et maximiser l’impact des pratiques libertaires.

Beaucoup d’anarchistes sont organiséEs, entre autre, pour faire de la propagande. Que ce soit pour éditer un journal, tenir un site web, produire une émission de radio, animer une librairie. C’est vital --si les anarchistes ne font pas la promotion de leurs idées, personne ne le fera!-- mais c’est insuffisant. Faire la propagande de l’idéal, c’est une chose, mais ça en est une autre de tenter de changer le monde. Pour cela, il ne suffit pas de proclamer ad nauseam la nécessité de la révolution, il faut convaincre et regrouper des gens autour d’une perspective de changement. Ça, ça ne se fait pas dans l’abstrait, ça se fait dans la société et les luttes réellement existantes. Voilà à quoi doit servir l’organisation : faire exister politiquement un courant libertaire dans la ville. Donner un visage public à l’anarchisme et rassembler un pôle libertaire dans les luttes.

D’autres anarchistes sont organiséEs, entre autre, pour faire de l’action directe. Il existe plusieurs regroupements d’action directe sur des questions comme la mondialisation, la guerre, le travail, l’immigration ou la lutte anti-raciste. Encore là, il est vital de chercher à agir sur la conjoncture et d’ouvrir des perspectives radicales de lutte, mais les luttes sectorielles, même radicales, sont insuffisantes. L’organisation doit servir à développer une perspective politique libertaire globale, ancrée dans le quotidien et fédérant tous les fronts.

L’organisation politique ne remplace pas les groupes de propagande et les groupes d’action directe, elle est complémentaire. C’est une organisation permanente, large et ouverte, qui fait tantôt de la propagande, tantôt de l’action. C’est une organisation, surtout, qui est présente dans les luttes et les quartiers. Une organisation qui milite pour des mouvements sociaux combatifs et l’émergence d’une gauche libertaire large et ouverte. Une organisation cohérente politiquement.

L’organisation telle que nous la concevons n’est pas une avant-garde de révolutionnaires professionnelLEs appeléEs à diriger les luttes et les gens. C’est plutôt une minorité agissante de militantEs communistes libertaires, un regroupement de camarades sur la même longueur d’ondes qui coordonnent leurs activités politiques. Ce n’est pas un groupe secret, un club privé ou un groupe d’affinité mais une organisation publique dont on peut devenir membre si on est d’accord avec ses positions. Bref, un peu comme ce que nous tentons de faire avec la NEFAC…



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À paraître dans le numéro 16 de Cause commune, le journal de la NEFAC

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