jeudi 2 août 2007

L’ADQ s’attaque au droit de grève

C’est sans surprise que les deux principaux syndicats représentant des employés des sociétés de transport en commun ont rejeté le projet de loi adéquiste visant à imposer 80% du service en cas de grève dans ce secteur. Populiste, opportuniste, simpliste, bâclé, les syndicalistes n’ont pas eu de mots assez durs pour dénoncer la dernière initiative antisyndicale de Dumont et Cie.

Une attaque frontale

Pour la FTQ et la CSN, le projet de loi adéquiste est une attaque frontale, ni plus ni moins. «C’est un projet de loi bâclé, rédigé dans un objectif purement opportuniste et populiste et qui dénote une méconnaissance grave du dossier», a lancé Henri Massé, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

Claudette Carbonneau, la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), renchérit : «Le projet de loi adéquiste ouvre la porte à des dérives importantes. Si on pousse le raisonnement du chef de l’ADQ, chaque fois que la population subirait quelque inconvénient d’une grève, elle pourrait demander à ce que le droit de grève des travailleurs soit retiré ! Un régime de relations de travail digne d’une république de banane ! Ce faisant, le chef de l’ADQ tente d’exacerber un antisyndicalisme primaire et de se faire du capital politique sur le dos des travailleuses et des travailleurs. C’est totalement inacceptable.»

Pour les syndicats, le projet de loi adéquiste rompt l’équilibre en faveur des patrons. «Comment voulez-vous régler un conflit avec 80% du service rendu? Cette mesure ne ferait que prolonger les conflits de travail et pourrir les relations entre les parties. Il n’y aurait plus de pression sur personne! », s’exclame le président de la FTQ.

L’ironie du service essentiel

Il est tout de même ironique de voir les élus de l’Assemblée nationale se mêler d’intervenir dans les conflits touchant le transport en commun et prendre le parti des pauvres usagers. Après tout, en temps normal, ils s’en sacrent de ce service soit disant essentiel!

En effet, le gouvernement du Québec n’a eu de cesse depuis 15 ans de se désengager du financement du transport en commun. Soulignons que de 1991 à 2003 la contribution du gouvernement du Québec a diminué de moitié. Durant cette période, les municipalités ont presque dû doubler leur part de financement sans parler des hausses de tarifs refilées aux usagers. Si on avait appliqué la même logique à l’automobile, il y aurait aujourd’hui des postes à payage sur toutes les routes et tous les ponts !

Si jamais le gouvernement du Québec voulait revenir au niveau de financement de 1991, il faudrait qu’il injecte 500 M$ de plus par année en financement de base. Entre le désengagement gouvernemental et l’activisme syndical, on se demande bien ce qui perturbe le plus ce “service essentiel”.



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Publié pour la première fois dans Cause commune no 15 (été 2007)

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