lundi 6 août 2007

Dommage collatéral local

La bêtise patriote

Ce que « les gens » peuvent être cons des fois ! À Québec, il y avait un restaurant qui s’appelait Le Kaboul. Je dis bien s’appelait parce que, selon Le Soleil, le propriétaire a changé le nom il y a une dizaine de jours. Ahmad Nasranee était écoeuré de la bêtise de certains habitants de la capitale…

Imaginez, à chaque fois qu’un soldat canadien se faisait descendre en Afghanistan, il y avait des clients qui annulaient leur réservation au seul resto afghan de la capitale! Des imbéciles heureux venaient même se stationner devant la terrasse du chemin Sainte-Foy, en Haute-ville, pour écoeurer les employés en les traitant de terroristes...

« Les réservations, ce n’est pas trop grave. Mais quand j’avais des clients assis sur la terrasse et qu’il y a un malade qui passait devant et qui disait “Crissez le camp, quittez le Québec, c’est pas votre place, maudits terroristes !”, je me sentais vraiment mal », a dit le proprio au Soleil.

Voilà, Le Kaboul s’appelle maintenant le Shahi Masala, nom d’un mélange d’épices. Et tout ça se passe dans la très belle ville de Québec (en 2007!). Bordel, je le crois pas.

3 commentaires:

Camarade Antho a dit…

C'est ben laid sérieux. Ça montre encore une fois le caractère réactionnaire de la vieille droite fatiguée d'avant la révolution tranquille dans la ville de Québec.

Collectif anarchiste La Nuit (UCL-Québec) a dit…

C'est une erreur d'assimiler la droite qui monte en ce moment à Québec à la "vieille droite fatiguée d'avant la révolution tranquille". Il y a quelque chose de nouveau qu'il faut être en mesure d'analyser si l'on veut pouvoir mieux la combattre.

* * *

Voici comment on analysait la droite de Québec récemment dans une conférence avec les camarades de No Pasaran:

(...)Pendant ce temps-là, la droite « militante » a repris du poil de la bête. D’abord associée, dans la région de Québec, à la station de radio CHOI FM, un courant d’inspiration libertarienne n’a cessé de faire des adeptes. Contrairement au discours conservateur traditionnel, celui-ci s’est drapé dans des valeurs typiquement individualistes, agrémenté d’un appui inconditionnel à l’impérialisme américain, alimentant la colère à l’endroit de « l’establishment péquiste et syndical ». Son fond de commerce idéologique prône la liberté à tout crin (d’entreprendre, de travailler, de faire ce qu’on veut, comme on veut, quand on veut) au détriment de toute forme de solidarité sociale (dont plusieurs auditeurs de la station se sentent d’ailleurs exclus). Un des éléments centraux du discours de la droite populiste est l'anti-syndicalisme. Apprêté à la même sauce que le libertarisme anti-étatique/programme sociaux. Une des clefs du discours est d'associer le syndicalisme au système et les directions syndicales aux élites sociales-traites.
(…)
Le discours adéquiste, celui du Parti conservateur et celui véhiculé par des animateurs comme Jeff Fillion ont un point en commun : le populisme. Ils s’adressent directement « au peuple » (principalement les salariés et les retraités) et à ses problèmes : son endettement, ses lourdes charges sociales, ses difficultés d’accès au système (de santé, d’éducation, de services de garde, etc.). Les solutions proposées sont peut-être simplistes, mais elles semblent convaincre un nombre grandissant de personnes : vous êtes déjà surtaxés pour des services que vous ne recevez pas. On va alléger votre fardeau à l’aide de crédit d’impôts et de baisse de taxes pour vous permettre de faire vous-mêmes vos propres choix en fonction de vos besoins. Vous gagnez votre pain à la sueur de votre front, la moindre des choses est que vous puissiez en profiter et prendre la décision de mettre cet argent là où vous voulez.

Ce discours ultra-libéral s’accompagne d’un programme prônant la loi et l’ordre, appuyant le militarisme dans la défense de l’Occident contre la « menace » islamiste. Au Québec, le débat sur les « accomodements raisonnables » voit resurgir à une grande échelle la xénophobie, la peur de voir l’autre imposer sa différence au détriment de supposées « valeurs communes ». Plusieurs dirigeants (pensons au Cardinal Marc Ouellet, à Andrée Boucher, à Mario Dumont, à plusieurs ministres libéraux et divers leaders d’opinion) se portent à la défense de la religion catholique comme ciment de cette identité québécoise. Et à travers ça, on entend maintenant s’exprimer avec une consternante banalité le racisme le plus virulent. Il y a quelques années, il n’y avait que des clowns comme Villeneuve du MLNQ et quelques identitaires ici et là pour dénoncer « l’immigration-invasion » du Québec. Maintenant, ils sont de plus en plus nombreux à promouvoir sur la place publique la fermeture des frontières et dénoncer « les excès du multiculturalisme ».

Collectif anarchiste La Nuit (UCL-Québec) a dit…

En passant, camarade antho, merci de nous avoir mis dans le blogroll de RW...