mardi 1 avril 2008

L'anarchie de A à Z, «R» comme Révolution


Notre projet politique, l’égalité et la liberté intégrale pour toutes et tous dans toutes les sphère de la vie, est impossible à réaliser dans le cadre social et politique que nous connaissons.

D’abord, certainEs profitent de l’injustice institutionalisée et ne céderont pas librement leurs privilèges. Ensuite, la logique interne des systèmes d’oppression et d’exploitation –capitalisme, État, patriarcat—rend toute réforme en profondeur impossible.

Un capitalisme qui n’exploite plus les salariéEs pour accumuler du capital, ce n’est plus le capitalisme. Un État qui ne détient plus le monopole de la violence et qui n’est plus une autorité séparée à laquelle la société doit se soumettre, ce n’est plus l’État. Un patriarcat qui ne hiérarchise plus les genres et qui n’exploite plus les femmes, ce n’est plus le patriarcat. On peut certes faire des gains et arracher des victoires qui rendent le monde un peu plus supportable, mais on ne peut pas éradiquer l’injustice sans changer en profondeur la société. L’émancipation complète exige rien de moins qu’une révolution.

On entend généralement par révolution un changement brusque et radical d’un ordre social et politique. Historiquement, et encore aujourd’hui, la plupart des révolutions ont d’abord été des révolutions politiques et se sont plus ou moins limitées à des changements au niveau de l’État. Comme le changement proposé par les anarchistes va beaucoup plus loin, on parle de révolution sociale.

Nous ne croyons pas au « lendemain du Grand Soir » et nous sommes conscientEs que le changement social est un processus long qui prend racine dans les luttes au jour le jour, ici et maintenant. Ceci dit, cela n’évacue pas la question de la révolution qui est un aboutissement possible des luttes sociales. La révolution, c’est quand le rapport de force bascule dans le camp du peuple et permet le renversement des anciennes structures de domination et leur remplacement par l’autogestion généralisée.

Il y a un fossé entre la situation actuelle et une situation révolutionnaire. Un fossé tellement grand que plusieurs croient qu’une révolution est impossible. Il est évident qu’elle n’est pas à l’ordre du jour dans l’immédiat et qu’elle ne semble pas prète à le devenir dans un avenir prévisible. Là n’est pas la question.

L’enjeu est de savoir comment augmenter notre rapport de force et faire le pont entre le présent et une situation révolutionnaire. Pour notre part, nous proposons une stratégie de radicalisation des luttes et la création de contre-pouvoirs. Il s’agit de favoriser le développement de la conscience et de l’autonomie des mouvements sociaux. Construire les rapports de force pour pouvoir éventuellement passer à l’offensive. Développer l’autogestion et la démocratie directe dans les luttes. Favoriser les alternatives sociales sans se faire d’illusion.

La révolution est une option stratégique, c’est notre horizon politique. Il ne s’agit ni d’un acte de pure volonté, ni d’une formule incantatoire. C’est une perspective politique. Personne ne contrôle le climat social. Souvent, par le passé, alors que la situation semblait irrémédiablement bloquée, le temps s’est accéléré et la révolution est apparue là où personne ne l’attendait. Si ça cela reproduit, serons-nous prêtEs?

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Extrait du numéro 19 du journal Cause commune

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