lundi 15 décembre 2008

Grèce: On n'avait pas besoin d'un autre martyr


Solidarité avec le mouvement anarchiste grec et avec les victimes de la répression; solidarité internationale avec toutes les luttes sociales, en Grèce et dans le reste de l'Europe!

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On n'avait pas besoin d'un autre martyr

Tandis que la Grèce se préparait à une journée de grève générale, le mercredi 10 décembre, contre le gouvernement Karamanlis et la crise économique, et avec la mobilisation qui germe de la base dans les écoles et les universités, contre les projets de réforme, Alexandros Grigoropolous, âgé de 16 ans seulement, a été désigné pour servir de victime, de bouc émissaire pour l'appareil policier, et fut tué de sang froid par les forces répressives de l'État.

La crise économique, déclenchée par le capitalisme international contre les exploitéEs du monde entier et gérée par les États à coups de mesures imposant l'appauvrissement général, affaiblit l'équilibre fragile entre les groupes de pouvoir et les partis, de droite comme de centre-gauche, nous permettant d'entrevoir la véritable vocation anti-démocratique subversive de l'État et de son système (in)sécuritaire : l'aliénation, la criminalisation et l'élimination de l'opposition populaire.

Ça s'est produit avec Carlo Giuliani, à Gênes, en 2001. Ça s'est produit à de nombreuses reprises, ces derniers temps, en des endroits comme la Palestine et Oaxaca, au Mexique. Samedi dernier, ça s'est produit en Grèce.

En ce moment, des milliers d'étudiantes et d'étudiants manifestent devant les quartiers généraux de la police, à Athènes, mais aussi dans bon nombre de villes et villages d'un bout à l'autre de la Grèce.

Les manifestations spontanées à travers le pays sont le résultat de la colère populaire contre le gouvernement Karamanlis et les agissements criminels de la police. Le gouvernement grec a d'abord armé et envoyé les flics assassins, puis a lancé une kyrielle pathétique d'excuses et de résignations, sans que personne n'ait été puni. En fait, il tente d'attirer l'attention sur la destruction de propriété publique et privée, tout en continuant de réprimer les manifestations, en attaquant le peuple avec des armes chimiques et en torturant les personnes arrêtées.

La révolte ne fait que commencer. Et la grève générale, cette grève syndicale et sociale, politique et de classe, peut transformer la rage du peuple en une force organisée pour la construction de l'alternative libertaire.

Dans tous les pays, la crise croissante du capitalisme refile la facture aux travailleuses, aux travailleurs et aux exploitéEs.

Nous devons répondre, dans chaque pays, en construisant ensemble l'opposition sociale, nécessaire à notre défense collective face à l'annihilation au nom du profit.

Solidarité avec le mouvement anarchiste grec et avec les victimes de la répression; solidarité internationale avec toutes les luttes sociales, en Grèce et dans le reste de l'Europe!


8 décembre 2008


Federazione dei Comunisti Anarchici (Italie)
Melbourne Anarchist Communist Group (Australie)
Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du Sud)
North-Eastern Federation of Anarchist Communists (États-Unis)
Union Communiste Libertaire (Canada)

(Traduit par Philou de l'UCL)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous signez un texte, c'est bien. Mais pourquoi vous ne relayez pas l'information qu'il y a un piquetage de solidarité devant le consulat grec de Montréal ? Il y a 2 appels, un par le collectif Hors d'Oeuvre et un autre fait par Montréal-Nord Républik.

C'est un peu trop facile de juste montrer des images sur un blogue et signer des textes sur le net...

Nicolas a dit…

Voix de faits n'est pas une poubelle à communiqués et annonces de manifs. Il n'y a nul besoin d'un autre clone du CMAQ. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, c'est un blogue local de Québec ici. Sauf exceptions, genre on sait qu'on va se déplacer, on ne publie pas d'annonces d'évènements se tenant dans d'autres villes. Par contre, on relaie avec plaisir toutes les annonces de trucs se passant localement, que l'on soit d'accord ou non avec les organisateurs.

Flunk_your_school a dit…

Je rajouterais que c'est vraiment difficile d'être au courant des tonnes d'événements qui se passent à Mtl. Même si HO l'a mis sur le CMAQ, Mtl c'est quand même plein d'événements et quand on est pas dans le réseau de militant-e-s de MTL et quand on passe pas sa vie sur le CMAQ pour suivre ce qui s'y passe, bin ça peut arriver qu'on en soit pas vraiment conscient-e-s...

J'encourage le Monde de Mtl à mieux communiquer leur événements (en dehors de Mtl). Ça va p-e libérer Voixdefaits du rôle social de "centralisation des informations radicales" comme tu semble vouloir le laisser croire par tes reproches.

Voix de faits est un organe de diffusion des idées communistes-libertaires et non une prétention à monopoliser le discours militants.

Anonyme a dit…

Ha ha ha!

HO joue les vierges offensés!
moi qui croyait que vous aviez quitté le "milieu"....

Anonyme a dit…

Comme "l'anonyme camarade de HO" ne semble pas avoir remarqué, c'est un communiqué international signé par plusieurs organisations. On va tout de même pas arrêter de participer à des initiatives de solidarité internationales parce que vous êtes incapable de mobiliser pour vos trucs. D'ailleurs l'appel international a entre autre été lancé parce que les camarades de la FdCA ont été attaqué par la presse mainstream de droite italienne sur ce communiqué.

Et l'exil? Ça vous réussis pas trop on dirait!

Philou a dit…

Même si tout porte à y croire, le monde d'HO ont une assez grande haine du "privétariat" pour ne pas se cacher sous l'anonymat (j'ose l'espérer). Z'ont généralement l'honnêteté de signer leurs critiques, aussi tordues puissent-elles parfois être (une récente, notamment, reprochait au collectif de Montréal d'avoir cinq amiEs facebook affirmant voter pour QS - j'me suis demandé, pour un instant, si Ousmane avait rejoint Anarkhia).

Bref, le commentaire ci-dessus, qui que soit son auteurE anonyme, est ridicule. 'nuff said.

Anonyme a dit…

Aujourd'hui mardi, des lycéens ont envahi la télé nationale grecque et sont passés à la télé
avec une banderole "Arrêtez de regarder la télé - Tout le monde dans les rues !", ceci
en plein discours en direct du groc porc de premier ministre :
http://www.youtube.com/watch?v=xeWKwQ4iHsE

Hier lundi, les émeutiers ont raffiné leurs techniques d'attaque :
http://www.youtube.com/watch?v=oZgTekSb-0I

Chronologie du soutien mondial :
http://www.non-fides.fr/spip.php?article132


Pour savoir DE L'INTERIEUR ce qu'il se passe en Grèce :
=>http://emeutes.wordpress.com/

=> A DUPLIQUER SUR VOS SITES ET A FAIRE TOURNER !!!:


Alignés au mur, fils de pute ! Nous sommes arrivés pour prendre ce qui nous appartient…

En ces jours de rage, le spectacle comme une relation de puissance, une relation qui imprime son souvenir sur les objets et les corps, est confronté à un diffus contre-pouvoir qui déterritorialise le vécu, lui permettant de s’éloigner de la tyrannie de l’image pour s’aventurer dans le domaine des sens. Les sens ont toujours été perçus comme antagonistes (ils réagissent toujours contre quelque chose), mais dans les conditions actuelles, ils se dirigent vers une polarisation de plus en plus aiguë et radicale.

Des caricatures soi-disant pacifiques des médias bourgeois ( “la violence est toujours inacceptable, partout dans le monde”), nous ne pouvons que nous gausser : leur loi, leur loi d’esprit obéissant et consentant, de dialogue et d’harmonie ne sont rien d’autre qu’un bestial plaisir bien calculé : un carnage garanti. Le régime démocratique sous son verni pacifique ne tue pas un Alex chaque jour, précisément parce qu’il tue des milliers de Ahmets, Fatimas, JorJes, Jin Tiaos et Benajirs: parce qu’il assassine systématiquement, structurellement et sans remords l’ensemble du tiers monde, qui est le prolétariat mondial. C’est de cette façon, à cause de ce quotidien massacre à froid, qu’est née l’idée de liberté : la liberté non pas comme un prétendu bienfait humain, ni comme un droit naturel pour tous, mais comme le cri de guerre des damnés, comme le principe de la guerre.

La classe bourgeoise et son histoire officielle nous lavent le cerveau avec la légende d’un progrès graduel et stable de l’humanité au sein duquel la violence n’est qu’une désolante exception découlant d’un sous-développement économique, culturel et émotionnel. Pourtant, nous tous qui avons été écrasés entre les pupitres d’école, derrière les bureaux, les usines, ne savons que trop bien que l’histoire n’est rien d’autre qu’une succession d’actes bestiaux reposant sur un système de règles mortifères. Les gardiens de la normalité déplorent que la loi ait été violée par la balle du revolver de Korkoneas le Porc (le flic tueur). Mais qui ne sait pas que la vigueur de la loi est simplement la force de la puissance ? Que c’est la loi elle-même qui permet le recours à la violence contre la violence? La loi est vide de bout en bout, elle n’a aucun sens, ni aucun autre but que celui de déguiser la force du pouvoir.

Dans le même temps, la dialectique de la gauche tente de codifier le conflit, la bataille et la guerre, avec la logique de la synthèse des contraires. De cette manière, il construit un ordre, un état pacifié au sein duquel tout a sa propre petite place. Pourtant, le destin du conflit n’est pas la synthèse - comme le destin de la guerre n’est pas la paix. L’insurrection sociale contient la condensation et l’explosion de milliers de négations, pourtant elle ne contient en aucune de ses sous-parties, ni en aucun de ses moments, sa propre négation, sa propre fin. C’est toujours avec une certitude lourde et sombre qu’arrivent les institutions de médiation et de normalisation, de la gauche promettant le droit de vote dès 16 ans, le désarmement mais le maintien des porcs, l’État-providence, etc. En d’autres termes, en voilà qui souhaitent tirer un gain politique de nos blessures. La douceur de leur compromis suinte le sang.

Ceux qui sont contre la violence sociale ne peuvent pas être tenus pour responsables de ce qu’ils n’assument pas: ils sont destructeurs de bout en bout. Si les luttes contemporaines ont quelque chose à nous apprendre, ce n’est pas leur triste consensus sur un objet (la classe, le parti, le groupe), mais leur processus systématiquement anti-dialectique: pour eux, l’acte de destruction ne contient pas nécessairement une partie créative. En d’autres termes, la destruction de l’ancien monde et la création d’un nouveau monde sont pour eux deux processus discrets mais continus. Pour nous, la question est plutôt quelles méthodes de destruction de l’existant peuvent être développées en différents lieux et moments de l’insurrection ?

Quelles méthodes peuvent non seulement maintenir le niveau et l’ampleur de l’insurrection, mais contribuer à son amélioration qualitative ? Les attaques de commissariats, les affrontements et les barrages routiers, les barricades et les batailles de rue, sont maintenant un phénomène social quotidien dans les villes et au-delà. Et ils ont contribué à une déréglementation partielle du cycle de production et de consommation. Et pourtant, ils ne sont qu’une attaque partielle de l’ennemi; il est évident que nous restons piégés dans une seule et unique dimension de l’attaque contre les relations sociales dominantes. Car le processus de production et de circulation des marchandises en lui-même, autrement dit le capital comme relation, n’est qu’indirectement touché par les mobilisations. Un spectre plane sur la ville embrasée : celui de la grève générale sauvage à durée indéterminée.

La crise capitaliste mondiale a ôté aux patrons leur réponse la plus énergique et la plus mensongère à l’insurrection: «Nous vous offrons tout et pour toujours, alors que tout ce qu’eux peuvent vous offrir n’est qu’un présent incertain”. Avec ses entreprises qui s’effondrent les unes après les autres, le capitalisme et son Etat ne sont plus en mesure d’offrir quoi que ce soit d’autre qu’un lendemain pire de jour en jour, une situation financière asphyxiante, des licenciements, la suspension des pensions de retraite, des coupes dans les budgets sociaux, la fin de la gratuité de l’enseignement. Au contraire, en seulement sept jours, les insurgés ont prouvé par la pratique ce qu’ils peuvent faire: transformer la ville en un champ de bataille, créer des enclaves de communes dans l’ensemble du tissu urbain, abandonner l’individualité et sa sécurité pathétique, rechercher la formation de leur force collective et la destruction totale de ce système meurtrier.

À ce moment historique de la crise, moment de rage et de rejet des institutions auquel nous sommes finalement parvenus, la seule chose qui peut transformer le système de déréglementation en une révolution sociale est le rejet total du travail. Quand les combats se dérouleront dans des rues assombries par la grève de la compagnie d’électricité, lorsque les affrontements auront lieu au milieu de tonnes de déchets non collectés, lorsque les tramways seront abandonnés au milieu des rues, bloquant les flics, lorsque l’enseignant en grève allumera le cocktail molotov de son élève révolté, nous serons enfin en mesure de dire: Camarade, “les jours de cette société sont comptés ; ses raisons et ses mérites ont été pesés, et trouvés légers”. Aujourd’hui, cela n’est plus un simple fantasme, mais une possibilité réelle dans la main de chacun : la possibilité d’agir concrètement sur le concret. La possibilité d’apercevoir les cieux.

Si tout cela, à savoir l’extension du conflit dans la sphère de la production-distribution, avec ses sabotages et ses grèves sauvages, semble prématuré, ce ne serait que parce que nous n’avons pas réalisé à quelle vitesse le pouvoir se décompose, à quelle vitesse les méthodes de confrontation et les formes de contre-povoir se diffusent socialement : des lycéens qui caillassent les commissariats aux employés municipaux et aux voisins qui occupent les mairies. La révolution ne se fait pas par la croyance et la foi en des conditions historiques à venir. Elle se fait en saisissant n’importe quelle occasion d’insurrection dans chaque aspect de la vie sociale, en transformant notre animosité envers les flics en une grève définitive aux pieds de ce système.

Dehors les porcs!
14 décembre 2008 - Initiative du Comité d’Occupation de l’Ecole Athénienne d’Economie et d’Affaires

http://emeutes.wordpress.com/