Au Canada, les salariés n'ont pas la liberté de parole dès qu'il s'agit de critiquer publiquement leur employeur. En 2008, même un officier syndical peut faire l'objet de mesures disciplinaires s'il s'ouvre un peu trop la trappe.
Ainsi, Wojtek Gwiazda a été suspendu 3 jours sans salaires parce qu'il a osé critiquer publiquement l'orientation poursuivie par ses patrons. Il s'est fait dire qu’en cas de récidive, il pourrait faire face à des mesures plus sévères.
M. Gwiazda ne travaille pourtant pas pour une grande multinationale. Il est à l'emploi d'une société publique, plus précisément au service de Radio-Canada International (RCI). Quel tord a-t-il pu faire à Radio-Canada pour mériter une telle sanction? Il s'est tout bonnement adressé au comité parlementaire du patrimoine qui examine le mandat du diffuseur public.
C'est que le Comité d'action de RCI, un organisme intersyndical dont il est le porte-parole, juge que le mandat de RCI est détourné. En effet, alors qu'elle est traditionnellement la « Voix du Canada à l’étranger », l’an dernier, RCI a subi un changement radical, pour devenir un service orienté vers les nouveaux immigrants.
Suite à l'intervention du syndicaliste, les parlementaires ont questionné le président de Radio-Canada, M. Robert Rabinovitch et le vice-président des services français M. Sylvain Lafrance. La haute gomme de la société d'État n'a vraiment pas aimé ça. C’est à la suite des questions des députés que M. Gwiazda a été convoqué en entretien disciplinaire.
Le syndicat de M. Gwiazda est outré, « en agissant de la sorte, non seulement Radio-Canada s’est immiscé dans les affaires internes du syndicat, mais le diffuseur public tente aussi de le museler. C’est inacceptable », a déclaré Alex Levasseur, le président du Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC-CSN). « Comme syndicat, nous ne défendons pas seulement les droits et les salaires de nos membres. Nous tenons aussi à préserver et défendre le mandat de diffuseur public que détient Radio-Canada, » explique-t-il.
La démocratie est le moins pire des systèmes clament régulièrement les éditorialistes aux ordres. C'est peut-être vrai. Mais ils oublient en général de dire que la démocratie s'arrête à la porte des milieux de travail. Là bas, même dans les milieux syndiqués, c'est la tyrannie qui règne en maitre.
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