Voici un texte qui nous a été envoyé par un camarade actuellement en Bolivie. N'hésitez jamais à nous faire parvenir vos textes, communiqués et infos à nefacquebec[arobas]yahoo.ca.
Ceux qui croyaient que l’ère des complots en coulisse de la CIA en Amérique du sud était terminée, détrompez vous. La semaine dernière, une histoire troublante a été rapportée par ABC news. On y révèle que l’ambassade des Etats-Unis en Bolivie a été accusée d’espionnage. En effet, l’ambassade aurait recommandé à des volontaires des Peace Corps (sorte d’ONG d’aide) et à des étudiants de surveiller les agissements des immigrants Vénézueliens et Cubains.
C’est John Alexander van Schaick, un étudiant basé à La Paz, qui a révélé les détails de l’affaire. Plusieurs dizaines d’autres étudiants et volontaires des Peace Corps avaient aussi été informés par un officiel de l’ambassade de la nécessité de surveiller les agissements des Vénézueliens et des Cubains. Ces jeunes étaient incités à noter leur nom, leur adresse et leurs agissements. Le Département d’État des Etats-Unis a admis que ce comportement était en violation avec la politique d’utilisation des travailleurs étrangers.
Il est bon de rappeler que la Bolivie, aux yeux du gouvernement des Etats-Unis, forme une sorte d’axe du mal socialiste avec le Vénézuela et Cuba. Evo Morales, premier président autochtone en Bolivie, a en effet promis de nationaliser les hydrocarbures. Il a aussi lutté contre la privatisation de l’eau par des compagnies étrangères. Ces questions avaient provoqués la démission de l’ex-président Gonzalo Sánchez de Lozada ainsi que deux « guerres de l’eau ».
Ce n’est pas la première fois que Philip Goldberg, ambassadeur des Etats-Unis, se met les pieds dans les plats. L’année dernière, un proche du conseiller militaire de l’ambassade a été interpellé à l’aéroport de La Paz avec 500 balles de pistolet .45. Ces munitions étaient destinées à l’usage exclusif du personnel de la très diplomatique ambassade.
Cela fait suite a des accusations du gouvernement Bolivien que les Etats-Unis utilisent une ONG, Usaid, pour financer des opposants politiques. Cette accusation a été réfutée par M. Goldberg. Quoi qu’il en soit, l’événement risque fort de miner la crédibilité des travailleurs étrangers en Bolivie. Ceux-ci dépendent en effet beaucoup de la confiance des communautés pour faire leur travail.
A travers un communiqué officiel, l’Ambassade des Etats-Unis a informé que les responsables de cette bourde seront convoqués par le Département d’État pour répondre de leurs actes. Les coupables devront répondre des ‘erreurs’ commises dans la distribution d’information aux étudiants et aux Peace Corps. Le communiqué évite l’utilisation du mot ‘espionnage’.
Les relations restent à couteaux tirés entre les Etats-Unis et la Bolivie. Sans disposer de preuves, Evo Morales a même accusé les Etats-Unis de tenter de l’assassiner. En regard au passé d’ingérence des Etats-Unis dans les affaires des pays du sud, l’accusation n’a rien de farfelue. De plus, la Bolivie a un notoire réputation d’instabilité politique et gère actuellement une crise interne. Plusieurs régions ont en effet déjà déclarées leurs autonomies et menacent l’unité du pays. Espérons que les manœuvres maladroites des États-Unis ne causent plus de peur que de mal.
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