Le gouvernement consulte actuellement afin de réformer la Régie des rentes du Québec, mis à mal par les récents déboires boursiers et historiquement sous capitalisée. L'enjeu est d'assurer la pérennité du régime, ce qui impose notamment une nouvelle hausse de cotisation et une réduction des bénéfices. L'ennui c'est que le régime, bien que vital, est loin d'être équitable entre les générations et que les réformes proposées creuseraient encore plus les écarts.
Selon des calculs fait par la Confédération des syndicats nationaux (CSN), un homme ayant pris sa retraite en 2006 aura payé en moyenne 85% de la rente qui lui sera versée jusqu'à la fin de ses jours. L'ennui c'est que le jeune d'aujourd'hui, qui prendra sa retraite en 2046 aura, lui, payé 267% de la rente qui lui sera versée. Bref, les jeunes n'en ont pas pour leur argent et doivent non-seulement payer pour leur retraite mais également pour les erreurs du passé.
Le pire c'est que le gouvernement veut creuser le problème. «Avec la nouvelle formule proposée, les plus jeunes devront travailler plus longtemps, soit 40 ans au lieu de 35, pour avoir droit à leur pleine rente, ce qui arrivera bien plus tardivement que 60 ans», note le vice-président de la CSN, Louis Roy. En augmentant les cotisations et en réduisant les bénéfices, tel que proposé dans le document de consultation, le travailleur âgé de 28 ans cotisera environ 276 % la valeur de sa rente, contre 85 % pour un travailleur ayant pris sa retraite en 2006.
Pour favoriser une meilleure équité intergénérationnelle, la CSN propose une autre piste que la simple hausse des cotisations et la baisse des bénéfices. «Nous croyons qu’il faut aborder différemment le redressement du régime. À notre avis, l’utilisation du Fonds des générations comme outil de financement équitable apparaît comme une voie intéressante à explorer», d’expliquer Louis Roy. «Le fait de ne pas avoir financé adéquatement les bénéfices accordés par la RRQ représente actuellement une hypothèque pour les générations futures. Il serait donc tout à fait indiqué d’utiliser le Fonds des générations pour supporter adéquatement les paiements nécessaires au régime pour les années futures évitant ainsi de faire porter un fardeau encore plus lourd aux jeunes travailleuses et travailleurs». S’il faut procéder à une hausse des cotisations, la CSN croit qu’elle doit être temporaire et combinée à un financement additionnel provenant du Fonds des générations.
Une retraite pour tous et toutes
Depuis sa création en 1966, la Régie des rentes du Québec est un élément central du dispositif social assurant la retraite des salarié-e-s. En fait, pour plusieurs, et plus précisément pour les travailleurs et les travailleuses à faible revenu, cet outil collectif couvre près du quart des revenus disponibles à la retraite. C'est essentiel, surtout que c'est bien souvent la seule part de revenu stable et prévisible que les retraités ont.
Plutôt que de réfléchir à l’élargissement de la portée du Régime des rentes du Québec, la CSN propose de mettre en place des régimes complémentaires de retraite pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs du Québec. Pour la centrale syndicale, la RRQ ne doit pas suppléer aux régimes d’entreprise. «Nous sommes convaincus que le système à trois piliers, régimes publics, régimes d’entreprise et épargne personnelle, demeure un excellent outil pour assurer des revenus décents à la retraite. Il est grandement temps de réfléchir concrètement à un régime de retraite obligatoire en entreprise», de déclarer Louis Roy. La CSN demande au gouvernement d’innover et d’adopter une loi qui reconnaît le droit aux salarié-es d’être couverts par un régime de retraite et qui oblige chacun des employeurs à verser une cotisation minimale. «Près de 60 % des travailleurs au Québec ne sont pas couverts par un régime collectif de retraite. Il nous apparaît évident qu’il faut un changement majeur. Comme le Québec compte un nombre important de petits employeurs, nous croyons que les régimes interentreprise et les régimes sectoriels constituent des pistes intéressantes à explorer et à mettre en place rapidement», de conclure le vice-président de la CSN.
À l'heure où tous les régimes de retraites sont sous pression, voilà des propositions à méditer sérieusement. Notons que la FTQ, de son côté, plaide plutôt pour un élargissement de la couverture du régime public (jusqu'à 50% si ma mémoire est bonne) au nom de la justice sociale... et de la compétitivité des entreprises. Une position qui se défend mais qui a l'inconvénient de déresponsabiliser les patrons (ce qui n'est jamais une bonne idée!).
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5 commentaires:
S'ils défendaient vraiment les jeunes, ils exigeraient l'abolition de la RRQ et le remboursement des cotisations volées aux travailleurs.
Au lieu de ça, ils défendent les intérêts de la bourreaucrassie bouregoise en voulant perpétuer ce régime coûteux et inefficace.
Ah, c'est sur que c'est dans l'intérêt des jeunes d'abolir la Régie des rentes. Tout le monde sait bien qu'il est plus efficace d'économiser soit-même pour sa retraite (comme le démontre amplement les taux de cotisations aux REER!). Franchement...
Holà, vous m'avez mal compris. Il s'agit d'économiser de grosses sommes d'argent pour les redistribuer réellement aux moins nantis.
Ce n'est pas le rôle de l'État de stimuler le niveau de vie des gens à la retraite et des chômeurs. Mais attention, je n'ai jamais parlé de l'abolition totale et immédiate des programmes généraux de soutien au revenu, ça jamais! Tant qu'à se faire voler de l'argent par l'État, il faut bien que les gens puissent tous vivre décemment.
Pourquoi ne pas remplacer un paquet de mesures bourreaucratiquement coûteuses et liberticides par un revenu de citoyenneté appliqué à tous les adultes, comme Michel Chartrand, Michel Bernard et Milton Friedman (oui oui, par le biais de l'impôt négatif!), l'ont proposé?
Je suis bien étonné que cette position n'ait pas suscité plus de débats que cela à l'interne.
À l'interne de la CSN tu veux dire? Et quelle position au juste?
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