dimanche 20 septembre 2009
Pendant ce temps en Bolivie...
Bolivie: Mujeres Creando, un féminisme de luttes concrètes
Traduction reprise du site de l'OCL
Cet article a été partiellement traduit et publié dans Courrier International n° 981 d’août 2009. Nous vous en présentons ici une traduction intégrale.
C’est en parcourant les rues de La Paz, la capitale de la Bolivie, que l’on comprend le mieux l’histoire de Mujeres Creando [Femmes en train de créer], ce mouvement féministe anarchiste qui utilise la créativité et les graffitis comme instruments de lutte et a fait de la rue la scène principale de son action.
“La femme qui s’organise ne repasse plus de chemises”
“Parce qu’Evo ne sait pas agir comme un père, il ne comprend pas ce que c’est que d’être une mère”… sont quelques uns de leurs graffitis [1].
Elles ne se considèrent pas comme des artistes, mais comme des « agitatrices de rue ». Depuis plus de quinze ans, le groupe est un référent social en Bolivie, un modèle de rébellion et de dénonciation du système patriarcal et de la violence sous toutes ses formes.
Ses membres ont accusé les gouvernements néolibéraux d’avoir plongé la population dans la pauvreté et le chômage, et d’avoir, par le fait même, encouragé l’émigration massive vers l’Argentine et l’Espagne – en particulier celle des femmes, les « exilées du néolibéralisme », comme les appelle María Galindo, membre fondateur du mouvement.
Elles dénoncent et mettent en question aujourd’hui les femmes qui se disaient féministes mais qui ont été absorbées par le nouvel appareil de l’Etat pour se transformer en technocrates des questions de genre et en “eugénistes” qui ont profité de la pauvreté et ont coopté des femmes de différents secteurs afin d’en faire de dociles bénéficiaires. « Le néolibéralisme se déguise maintenant en femmes avides de pouvoir », écrivent-elles sur les murs.
Elles accusent aussi le gouvernement d’Evo Morales d’avoir laissé passer toutes les chances d’un véritable changement social en Bolivie. L’assemblée constituante a été une conquête de la révolte populaire d’octobre 2003. Cependant la nouvelle constitution politique de l’Etat, dictée depuis le Palais du gouvernement, a annihilé les espoirs.
Le patriarcat, représenté par des institutions comme l’Eglise ou l’armée, reste intact. Car, en dépit des propositions faites par Mujeres Creando à l’Assemblée constituante, les femmes n’ont toujours pas obtenu le droit de disposer de leur corps ni n’ont récupéré le contrôle de leur maternité. Elles ont donc écrit sur les murs : « Eve ne sortira pas de la côte d’Evo ».[2]
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