mardi 8 septembre 2009

[Luttes urbaines] Le centre-ville de Québec dans la mire des promoteurs


Un texte du numéro 25 du journal Cause commune

Depuis son arrivée au pouvoir, le maire de Québec, Régis Labeaume, n’a qu’une idée en tête : assurer coûte que coûte le développement économique de «sa» ville. Et tant pis pour le reste! Quand les résidants et les résidantes d’un secteur décident de se regrouper pour s’opposer à la destruction d’un boisé ou la tenue d’un événement touristique particulièrement dérangeant, Labeaume sort ses crocs. Avec lui, les promoteurs en tout genre ont trouvé un allié précieux, capable d’écraser l’opposition populaire quitte à s’allier aux radios poubelles pour s’assurer la victoire.

Rêvant de transformer la ville de Québec en un nouveau Chicago, le maire Labeaume s’est mis en tête de multiplier les gratte-ciel, y compris dans Saint-Jean-Baptiste, le dernier quartier populaire de la Haute-ville. Depuis maintenant plus de 40 ans, les résidants et les résidantes de Saint-Jean-Baptiste se battent contre la destruction de leur milieu de vie. La mise sur pied en 1976 d’un comité de citoyens et de citoyennes combatif (1) a permis de regrouper les forces vives du quartier et de mieux coordonner la riposte. Malgré la pression constante des élites politiques et économiques, plusieurs victoires importantes ont permis d’éviter le pire. Encore récemment, une nouvelle coop d’habitation est apparue là où devaient se construire des condos de luxe, grâce à une bataille de longue haleine (2).

La prochaine manche de cette lutte à finir entre les intérêts des promoteurs immobiliers et la population du quartier s’est amorcée le printemps dernier avec le lancement d’un vaste programme de développement du secteur de la colline Parlementaire. Une vingtaine de sites sont sous la loupe des responsables municipaux. À terme, ce Programme particulier d’urbanisme (PPU) influencera de façon déterminante les rapports de pouvoir au centre-ville entre les classes populaires et la classe dirigeante de Québec, laquelle s’emploie à servir du mieux qu’elle peut les intérêts des multinationales du tourisme et de l’immobilier.

Les enjeux derrière le PPU sont majeurs. Sous prétexte de «densifier» le centre-ville, on souhaite construire plus gros et plus haut, sans se soucier des impacts sur la population environnante. On oublie évidemment de dire que le secteur est déjà le plus densément peuplé de Québec! Construira-t-on des bureaux et des hôtels ou des logements sociaux sur les rares espaces encore disponibles? Quelles seront les mesures prises pour réduire efficacement l’omniprésence de l’automobile, dont la population résidante connaît bien les effets négatifs sur la qualité de vie (pollution, bruit, circulation de transit)?

Pendant que l’administration municipale tente de calmer le jeu en proposant toute une série de consultations publiques pour canaliser l’opposition, le maire Labeaume multiplie les annonces et donne le feu vert à des projets de construction et de démolition. Raison de plus pour se mobiliser dès maintenant, dans la rue, sans attendre le résultat de ces consultations qui ne semblent être là que pour donner un semblant de légitimité à des décisions déjà prises en haut lieu.

La population de Saint-Jean-Baptiste n’a pas dit son dernier mot. Grâce à sa trame urbaine, Saint-Jean-Baptiste reste un quartier à dimension humaine où vivent 9000 personnes, à 83% locataires. M. Labeaume, notre quartier n’est pas à vendre : tenez-vous le pour dit!

Notes:

(1) Le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste.
(2) Voir à ce sujet le dossier sur la Coopérative l’Escalier sur le site : www.compop.net

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