J'ai failli m'étouffer en lisant le journal ce matin. On y lisait que le ministre libéral Sam Hamad avait fait une sortie virulente contre le Moulin à parole. Il en veut surtout, semble-t-il, à la lecture publique du Manifeste du Front de libération du Québec (FLQ). Selon lui le FLQ faisait l'apologie de la haine et du terrorisme. «Ils sont rendu loin de la poésie. Le FLQ, pour moi, le souvenir que j'en ai, ce sont les assassinats, les bombes.» Ouf!
Je suis désolé mais le Ministre est dans le champ. Premièrement, il faut être aveuglé idéologiquement, ou ne pas savoir de quoi on parle, pour assimiler le FLQ à un mouvement «haineux». On peut dire bien des affaires du FLQ mais pas qu'il était haineux. En tout cas, pas au sens où on l'entend habituellement (comme dans haine raciale ou religieuse). Si le FLQ avait de la haine c'est contre l'oppression et l'exploitation. Est-ce mal?
Deuxièmement, le Ministre est dans le champ lorsqu'il dit qu'on est loin de la poésie avec le Manifeste du FLQ. Il s'agit en effet de l'un des plus beau texte politique de l'histoire du Québec. C'est un texte puissant, dont la forme est extrêmement riche, un texte qui possède un rythme et une musicalité évidente. Tellement que plusieurs artistes en ont effectivement fait des chansons et des poèmes. Ce n'est pas pour rien que le Manifeste est constamment réédité et remis à l'étude.
Troisièmement, sur la question de la violence et du terrorisme. Le FLQ était un groupe de lutte armée, c'est indéniable. Par contre, ça n'a rien à voir avec ce que l'on entend habituellement par terrorisme. Il y a eu des bombes, il y a eu des morts mais rien à avoir ni avec le terrorisme islamique d'aujourd'hui ni avec le terrorisme nationaliste. Jamais le FLQ n'a utilisé de violence de masse contre la population civile. On chercherait en vain, par exemple, des attaques contre le métro d'une grande ville.
Ce qu'il ne faut jamais oublier c'est que les combattants de la liberté des uns sont toujours les terroristes des autres. Il ne fait aucune doute que les patriotes, les ancêtres politique du parti de M. le Ministre, étaient considéré comme de dangereux terroristes en leur temps. Après tout, n'ont-ils pas dirigés deux insurrections armées contre les pouvoirs établis?
La première lecture publique, surréaliste, du Manifeste du FLQ, sur les ondes de Radio-Canada en pleine crise d'octobre (l'intégral par ici).
Voir aussi le manifeste du FLQ revisité en 1997 par le groupe Guerrilla.
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