Une contribution militante au débat (N.B. : il n'y a pas de position officielle de la NEFAC là-dessus)
Le «débat» sur les accommodements raisonnables est en fait un débat sur l'immigration. Plus précisément sur l’intégration des immigrantEs. Il est clair qu’une certaine xénophobie, pour ne pas dire une xénophobie certaine, s'exprime au grand jour dans ce dossier. Il faut dénoncer la xénophobie et l'instrumentalisation du «débat» par les forces réactionnaires qui l’ont abondamment utilisé pour marquer des points.
Cependant, on ne peut pas juste faire ça. Le silence de la gauche (au sens large) sur l'autre versant du débat --la place de la religion et la question de l'égalité homme-femme-- a été très dommageable. La gauche a été piégée par les réactionnaires. Au nom de l'antiracisme (et d'un certain droit à la nuance, ce qui n'est pas une mauvaise chose), la gauche a manqué le bateau et a fermé les yeux sur certaines choses. Ce silence, en tout cas, devient une arme entre les mains de certains populistes qui s'en servent pour nous attaquer. Par exemple, combien de fois n'avons-nous pas entendu «où sont les féministes?» avant une longue tirade xénophobe...
En plus de la question de l'immigration, le «débat» exprime aussi une irritation face au retour du religieux dans l'espace public et à une crainte face au prosélytisme religieux, en particulier le prosélytisme des intégristes de tous bord. La plupart des gens sont très heureux que la religion ait été grosso-modo reléguée au domaine privé et que la société se soit graduellement laïcisée et ils ont peur que ça change (et ça peux changer, regardez nos voisins!).
La faille du point de vue réactionnaire c'est que, tout en soulignant à gros traits les demandes religieuses de (certains) immigrantEs, il est hypocrite en ce qui concerne le catholicisme. C'est la religion «des autres» qui les dérange, pas la religion en soit. En fait, certains --pas tous-- veulent même un retour en force du catholicisme et le maintien de ses privilèges comme en témoigne, par exemple, la manifestation récente d’un millier de parents catholiques demandant le maintien de l’enseignement de la doctrine catholique à l’école publique.
À mon humble avis, la seule manière progressiste d'intervenir sur la question (et il faut le faire!) c'est de souligner cette contradiction et de proposer un achèvement de la laïcisation. Personnellement, je suis d'accord avec les positions développées par le Conseil du statut de la femme et la CSN.
C'est-à-dire d'affirmer la prépondérance de l'égalité homme-femme sur la liberté de croyance («l'égalité entre les femmes et les hommes ne peut souffrir d'aucun accommodement»), d'achever la laïcisation de l'État et des services publics (entre autre en virant *tous* les symboles religieux et en demandant aux employéEs d'afficher une complète neutralité religieuse), d'assurer un espace public neutre où on ne peut pas nier impunément l'égalité, et, finalement, d'adopter une sorte de loi 101 de la laïcité.
Depuis que ces positions ont été affirmées publiquement, le débat a reviré de bord. Il y a eu un contre-poids au discours réactionnaire, qui a été mis face à ces contradictions et qui est maintenant sur la défensive. Maintenant, la ligne de démarcation n'est plus pour ou contre les immigrantEs et les accommodements mais pour ou contre la laïcité.
Par ailleurs, je continue de penser que l'anarchisme est nécessairement matérialiste athée et qu'il faut relancer la lutte contre l'opium du peuple mais, ça, c'est très périphérique au débat.
Un camarade de Québec
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