mercredi 28 novembre 2007

Des crucifix tâchés de sang

Quand on entend parler de travailleurs et de travailleuses exploités dans des ateliers de misère, on pense habituellement aux compagnies habituelles, telles que Gap, Nike, ect. Eh bien, il faut maintenant ajouter à cette triste liste...des églises.

Dans un rapport intitulé Today Workers Bear the Cross, le 20 novembre dernier, le National Labor Committee (organisme américain voué à la défense des droits des travailleurs et travailleuses à travers le monde), a mis au jour le cas de travailleuses qui sont exploitées (à l’usine Junxingyeen en Chine) pour confectionner des crucifix, pour le compte de deux églises de New York (la Trinity Church et la Saint-Patrick's Cathedral) et aussi pour l'Association for Christian Retail.

Ces travailleuses travaillent dans des conditions exécrables et révoltantes. Elles sont forcées de travailler 15 heures et demie par jour, de 8h00 à 23h00, et ce sept jours par semaine, sans aucun congé (même pas pour cause de maternité). Ce qui totalise plus de 100 heures de travail par semaine. Elles gagnent un salaire de 2,12 $ par jour (10,61 $ par semaine). Ce qui est bien en deçà du seuil du salaire minimum en Chine. Si l’on enlève ce qu’elles doivent payer pour leur nourriture et leur logement (les piètres dortoirs fournis par la compagnie), leur salaire s’élève à 9 cents de l’heure.

Lorsque les crucifix doivent être expédiés aux États-Unis, elles doivent faire des heures supplémentaire, de l’ordre de 22 heures ½ à 25 heures (de 8h00 jusqu’à 6h30 ou 9h00 le lendemain matin).

À ces horreurs s’ajoutent leurs conditions d’hébergement qui ne sont guère plus reluisantes. Elles dorment sur dans des dortoirs où les inconfortables lits de métal côtoient les toiles d’araignées. Les salles de bain sont dégoûtantes, due à la mousse présente sur le plancher. Elles sont également sous-alimentées. La nourriture est décrite comme étant «terrible»; la soupe n’est que de l’eau, avec quelques légumes et de l’huile. Et dans le supposé «plat de viande», les morceaux sont tellement petits qu’elles ne sont pas capables de les prendre avec leurs baguettes.

Les travailleuses craignent également les effets nocifs des produits chimiques qu’elles utilisent pour confectionner les crucifix. Ceux-ci leur causent des irritations aux yeux et à la peau. Et ces dernières ne sont pas autorisées à savoir la nature des produits qu’elles utilisent.

Suite à la publication de ce rapport, les deux églises concernées ont retirés les crucifix confectionnés par les travailleuses exploitées et elles feront enquête. Mais si ce rapport n’aurait pas vu le jour, je suis certaine que cette exploitation aurait continuée. Encore. Et encore….

Je laisse le mot de la fin à la déclaration d’une travailleuse, après avoir travaillé pendant 19 heures :
“Jesus, take pity on me! I’m going to die of exhaustion.”
Pour lire le rapport du National Labor Committee (en anglais, avec photos avec l'appui): http://www.nlcnet.org/article.php?id=479.

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