mardi 6 novembre 2007

Cinéma: 4 mois, 3 semaines et 2 jours

Ce film du cinéaste roumain Cristian Mungiu aborde un sujet fort délicat: celui des avortements clandestins. Sous la dictature communiste de Nicolae Ceaucescu, l'avortement et l'usage de moyens de contraception, de 1966 jusqu'à la chute du régime en 1989, étaient interdits. Cette mesure avait été instaurée par Ceaucescu afin d'augmenter la main-d'oeuvre.

Celle-ci augmenta, mais le coût humain fut tout simplement horrible: 500 000 femmes sont mortes, suite à des complications causées par des avortements clandestins. Et de nombreux enfants furent abandonnés par leurs familles, car celles-ci étaient incapables de subvenir à leurs besoins. Ils se sont retrouvés dans des orphelinats d'État où beaucoup d'entre eux sont morts, à cause d'un manque chronique de soins et de médicaments.

Ce film raconte l'histoire de deux jeunes femmes partageant une chambre en résidence universitaire (Ottila et Gabita). Gabita est enceinte et elle doit se faire avorter. Le hic, c'est qu'elle risque la prison si elle se fait prendre. Et il est impossible pour elle de subir cette intervention dans un pays voisin, à cause de la fermeture des frontières. Les deux femmes feront donc appel à un avorteur clandestin nommé Monsieur Bébé, un profiteur de la pire espèce. Celui-ci exigera une forte somme et un paiement en nature pour procéder à l'opération. Il est même dit dans ce film, par ce personnage, qu'un avorteur clandestin risquait 15 ans de prison pour avoir aidé une femme à avorter.

Même si le réalisateur a affirmé que son film n'en était pas un en faveur du droit à l'avortement, le visionnement de ce film nous pousse à croire que c'est le cas, surtout lorsqu'on sait que cet acte en était un de rébellion et de résistance contre le régime dictatorial. Que nous soyons pour ou contre le droit à l'avortement, une chose est sûre: il ne laisse personne indifférent.

Quelques semaines après une manifestation pro-vie (et aussi une contre-manifestation pro-choix) à Québec, le visionnement de ce film est encore plus pertinent, pour voir les conséquences désastreuses que peut avoir une interdiction de ce droit, pourtant fondamental, sur la vie des femmes. Je vous rappelle le chiffre qui m'a carrément laissé sans voix: 500 000. Elles furent 500 000 à en mourir...


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