l'année 2001
Avril 2001: Le Sommet des Amériques
En avril 2001, 34 chefs d'État s'étaient donné rendez-vous à Québec pour discuter d'un nouvel accord de libre-échange continental (la fameuse ZLÉA). Le mouvement antimondialisation était alors à son plus fort et il allait de soi qu'il y aurait des manifestations monstres. Et il y en eut! Les syndicats et les ONG ont ainsi mobilisé quelque 50 000 personnes en marge du «Sommet des peuples».
L'originalité de cette mobilisation réside toutefois dans l'apparition d'un pôle radical autonome, à très forte coloration libertaire, organisé autour de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC, à Montréal) et du Comité d'accueil du Sommet des Amériques (CASA, à Québec) et du principe de «diversité des tactiques». Cela ne se fit pas sans heurt mais un espace de radicalité fut ouvert.
Pendant plusieurs jours, Québec fut assiégé par des milliers de flics et des dizaines de milliers de manifestantEs. On a peine à l'imaginer aujourd'hui mais la ville fut littéralement coupée en deux par une immense clôture de sécurité. Le climat était littéralement explosif. Dans ce contexte, le choix de mettre la protestation radicale sous le signe du Carnaval de résistance fut judicieux. Pour une rare fois, il y eu jonction entre la population et les protestataires. Pendant trois jours, on a goûté à une politisation radicale de masse.
Le Sommet des Amériques fut sans doute *le* moment clef de la décennie pour les libertaires. Il y a très clairement un avant et un après Sommet. Avant le Sommet, la gauche libertaire était un micro-phénomène ultra minoritaire et tout à fait marginal, après le Sommet elle est devenue une composante centrale de la gauche de la capitale et l'un de ces éléments les plus dynamiques. Le Sommet des Amériques a décuplé le nombre de libertaires au sens large, leur a donné confiance en leur propres moyens et leur a apporté une certaine maturité politique et organisationnelle. Depuis lors, la gauche libertaire n'hésite plus à s'organiser sur ses propres bases et à prendre des initiatives autonomes.
==> Le Sommet comme si vous y étiez! (compte-rendu à chaud de la journée du 20 avril)
==> Sommet des Amériques : tract de la NEFAC (diffusé à 10 000 exemplaires!)
==> Québec: dans l'oeil du cyclone (une réflexion de militantEs de Québec pour le numéro post-sommet du journal Rebelles typique de l'état d'esprit du moment)
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Gênes: dernière grande mobilisation altermondialiste
En juillet 2001, Gênes a été le théâtre de la plus grande mobilisation de masse du mouvement antimondialisation. Entre 200 et 250 000 personnes mobilisées contre le G8! La radicalité des affrontements fut à son comble et c'est soldé par un mort: Carlo Guiliani. La colère fut palpable aux quatre coins du monde et de nombreuses marches de protestation furent organisées (même à Québec et Montréal, à l'appel de la NEFAC). Après Gênes, toutefois, rien ne fut plus pareil...
==> G8 Assassins! Entre 100 et 200 personnes manifestent à Québec
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11 septembre
Difficile de dire quels impacts ont eu les attentats du 11 septembre 2001 sur la gauche de Québec. En retrospective, on peut dire qu'ils ont provoqués un changement radical dans l'air du temps et que les mouvements anticapitalistes qui étaient en pointe du mouvement antimondialisation se sont retrouvé en rade. Les guerres en Afghanistan et en Irak ont complètement changé la donne. Peu de chance en effet, malgré de très grande mobilisations anti-guerre dans les années qui ont suivi, de retrouver à nouveau un graffiti comme le célèbre «We are winning» de Seattle. Peut-être parce qu'on était plutôt en train de perdre face à la puissante contre-offensive bourgeoise?
==> Nous refusons vos guerres sanglantes (déclaration de la NEFAC suite au 11 septembre)
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Nouvelles publications
à l'automne 2001, le Groupe anarchiste Émile-Henry cède la place à l'«Union locale de Québec». Ces changements marquaient aussi des changements au niveau de la composition du groupe de la NEFAC à Québec. En effet, le Sommet des Amériques avait rebrassé les cartes militantes: il y avait des nouveaux et quelques départs aussi. C'est aussi cet automne là que sont apparues deux nouvelles publications anarchistes dans la capitale: La Nuit un bulletin gratuit et Ruptures, une revue d'analyse et de théorie produite par la NEFAC.
5 commentaires:
Con ! Con ! Con !
Continuons le combat !
Avril 2011 - Là ce sera 10 années et il faudra célébrer, parce que c'était vraiment historique. Entre temps, nous avons le G8/G20 à Toronto cet été et le budget du Québec comme néolibéralisme en pleine gueule maintenant.
En passant, 34 groupes variés qui travaillent intensivement ensemble pendant une année dans la Coalition Opération Québec Printemps 2001, c'est assez incroyable et nouveau, comme on peut le voir maintenant où on se referme sur nos groupes d'appartenance. Juste le Comité communications d'OQP2001, nous étions 10 à 15 à réfléchir avec passion et à créer le Manifeste d'OQP2001 et à articuler des revendications pour expliquer que le Non à la ZLÉA implique que nous refusons « l'hécatombe » (sic) des politiques actuelles.
On ne naît pas avec les mots libertaires, anarchistes ou anticapitalistes en tête. Tous ces gens dans OQP2001 sont des gens qui pourraient être libertaires et le sont peut-être sans le savoir (sans compter que je juge selon les actions, pas selon les beaux chapeaux).
Le but est d'aller vers une société libertaire et je vais continuer à refuser tous les sectarismes qui bloquent cet objectif. Je ne suis pas, mais vraiment aucunement, naïf (lire: être humaniste, ça ne veut pas dire qu'on ne voit pas la stupidité et la violence des êtres humains). On créé le monde, au lieu de juste le subir (donc on créé la culture libertaire avec les progressistes au-delà de la résistance ponctuelle).
Complément à mon commentaire ci-dessus pour être bien compris:
Je ne dis pas qu'il faille s'unir au sens propre.
Je dis que les anarchistes parleront uniquement des groupes qui leur ressemblent; les syndicalistes feront de même et les socialistes risquent peut-être de faire de même. C'est moche.
Certain-es d'OQP2001 pourraient «oublier» la CASA: quoique, à date, nous n'avons jamais ignoré la CASA dans nos récits même entre nous.
Ne pas parler de la centaine de personnes qui ont lutté au sein d'OQP2001, avec ces plus de 100 formations données pour mobiliser vers l'action, ce n'est pas un oubli, c'est une occultation idéologique de mauvais goût.
Actuellement, les progressistes reviennent de plus en plus à un discours anticapitalistes et, avec chacun-e nos propres groupes et identités, j'espère nous voir ensemble contre le G8/G20 et célébrer en avril 2011.
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