dimanche 20 décembre 2009

Une décennie de lutte: l'année 2000

À ce temps ci de l'année, tous les journaux nous gavent de bilans et autres récapitulatifs. Voix de faits ne voulant pas être en reste, nous vous proposons un rappel de la décennie, année après année, en nous concentrant sur les évènements qui ont pu être importants pour la gauche libertaire de la capitale. Aujourd'hui, l'an 2000.

l'année 2000

22-23-24 Février: le Sommet du Québec et de la jeunesse


Dans la foulée de diverses autres grandes messes de la concertation, le gouvernement de Lucien Bouchard avait résolu de tenir dans la capitale un Sommet du Québec et de la jeunesse. L'enjeu était de forger un «consensus» autour d'un certain nombre de mesures néolibérales comme les «contrats de performance» avec les universités.

L'évènement fut un flop retentissant, notamment grâce à la mobilisation d'une improbable coalition hétéroclite d'organismes communautaires, de groupes politiques et de l'aile radicale du mouvement étudiant (MDE et cie). Environ 1500 personnes ont participé à la manifestation prévue pour coïncider avec l'ouverture du Sommet au Grand Théâtre de Québec. C'est peu pour une manifestation étudiante nationale mais les gens étaient particulièrement déterminés et ont forcé l'annulation de tout le programme de la soirée à force de turbulence, d'affrontement avec la police et d'agitation.

Le Sommet du Québec et de la jeunesse fut particulièrement important pour toute une frange radicalisée de la jeunesse. Cette manifestation a démontré que la détermination et l'usage de la force pouvait permettre à une minorité d'avoir un impact important (symboliquement, l'annulation de la cérémonie d'ouverture, ce n'est pas rien!). Après des années de débats stériles sur la question de la non-violence, cette manifestation a, dans la foulée de Seattle, réhabilité une certaine idée de l'action directe.

Ce fut aussi une manifestation où pour la première fois le rôle de l'extrême-gauche, au sens large, fut déterminant que ce soit dans la mobilisation ou dans l'action en tant que telle. Pour la petite histoire, on peut dire que c'est dans le mois précédent cette mobilisation que ce qui allait devenir le PCR a fait son apparition à Québec. Les maos avaient en effet édité un 4 pages tabloïd grand tirage (à 5 000 ex.) intitulé «Feu sur le sommet» et avaient même loué un appartement dans Saint-Sauveur pour servir de pied-à-terre aux révolutionnaires professionnels venus faire de l'agitation à Québec. C'est vraiment à partir de là qu'ils et elles ont commencés à s'implanter dans la jeunesse. Face à ça, plusieurs groupes libertaires --il y avait une réelle effervescence à l'époque-- se sont mobilisés en vitesse pour augmenter l'impact rouge et noir. Des affiches furent collées aux quatre coins de la ville, un tract fut tiré à 1 000 exemplaires et plusieurs bannières et drapeaux furent déployés sur place (sans oublier les groupes d'affinités qui sont passés à l'action sur le terrain en mode plus ou moins «black bloc»).

Finalement ce fut pour plusieurs le baptême du feu en ce qui concerne l'utilisation de gaz lacrymogènes! Comme un présage de ce qui allait suivre...

Pour en savoir plus:
==> Texte du tract diffusé par le Groupe anarchiste Émile-Henry (*)
==> Récit imagé des affrontements

(*) Le Groupe anarchiste Émile-Henry fut un groupe d'affinité anarcho-communiste de Québec, actif de 1998 à 2001. Ce fut l'un des groupes fondateurs de la NEFAC.


* * *

7-8-9 avril: Fondation de la NEFAC


Début avril 2000, une poignée d'anarchistes de Québec se rendent à Boston pour participer à la première partie du congrès de fondation de la Fédération des communistes libertaires du Nord-Est (mieux connus sous l'acronyme anglais NEFAC). Après un an de discussions virtuelles, c'est l'occasion pour deux poignées de libertaires de la grande région du Nord-est du continent de se rencontrer. Le congrès ne vient à bout que la moitié de son ordre du jour mais au moins une organisation plateformiste est fondée! Au début, peu de gens se montrent intéressés et les troupes sont faméliques (2 groupes seulement, dont l'un est à Boston et l'autre à Québec et quelques individus). Pourtant, jusqu'à la création de l'UCL huit ans plus tard, ce sera notre «maison commune».

==> Le communiqué de fondation

16 novembre: fondation de la CASA

Le 16 novembre 2000, deux collectifs libertaires de Québec, Émile-Henry et Le Maquis (*), unissent leurs forces à la toute nouvelle Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) pour une assemblée publique en basse-ville. L'objet de la réunion? Parler du Sommet des Amériques et «revenir à la base». C'est que les libertaires sont extrêmement déçu du travail de coalition entre organisations officielles où les appareils contrôlent tout. Plus de 120 personnes sont venues et 75 se sont montrées intéressées à construire «un groupe de base (composé d'individus et non d'organisations), democratique (avec une assemblée générale souveraine), anticapitaliste (et pas simplement reformiste) et respectant la diversité des tactiques (donc ne dénoncant pas les camarades qui choisissent d'autres moyens d'actions que nous)» [selon le texte de l'appel]. Ce groupe, ce sera le Comité d'accueil du Sommet des Amériques (la fameuse CASA).

==> Un nouveau groupe anticapitaliste voit le jour à Québec

(*) Le Maquis fut un collectif libertaire éphémère, apparu courant 2000 à Québec, qui a notamment publié au moins deux numéro d'un fanzine du même nom.

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