mercredi 2 décembre 2009

Dico anticapitaliste : Qu’est-ce que la socialisation des moyens de production ?

René Dumont, un des pères de l’écologie politique, affirmait en 1974 : « C’est un seul et même système qui organise l’exploitation des travailleurs et la dégradation des conditions de vie et qui met en péril la terre entière. La croissance aveugle ne tient compte ni du bien-être, ni de l’environnement. »

En disant cela, Dumont a logiquement posé la question environnementale en complète interaction avec la question sociale. Parce que la propriété privée des moyens de production soumet toute l’économie à l’impératif d’enrichissement de la classe capitaliste. Et que cela ne peut se faire qu’en organisant l’injustice sociale et la destruction de la planète.

Ceux et celles qui n’osent pas remettre en cause la propriété privée des moyens de production se condamnent à n’aménager le capitalisme qu’à la marge sans supprimer ses effets dévastateurs.

Les pays dits « communistes » ont jadis étatisé les moyens de production – usines, terres agricoles… –. L’organisation de la production, de ce qu’il faut produire et de la répartition de cette production était simplement passé de la classe capitaliste à une nouvelle classe sociale parasitaire : la bureaucratie.

La socialisation des moyens de production, c’est une logique totalement différente de l’étatisation ou de la privatisation.

Le service public englobera toutes les productions et services vitaux pour la population : habitat, éducation, santé, eau, énergie, moyens de communication, transports… Si les objectifs de production seront décidés par les organes démocratiques que se donnera la société, l’organisation du travail au sein de ces services publics appartiendra aux premières et aux premiers concernés : les travailleurs. Personne ne pourra prétendre tirer quelque profit que ce soit de ces activités, mais toutes et tous en bénéficieront à égalité.

Concernant le reste de l’économie – l’économie non « vitale » –, les entreprises seront réquisitionnées et autogérées par ceux et celles qui y travaillent. Les travailleurs décideront tous ensemble, tant de l’organisation du travail que de la répartition des richesses créées.

Quant à celles et ceux qui travaillent seuls – petits paysans, commerçant et artisans –, si la société les incitera à s’organiser collectivement pour bénéficier de moyens de production plus efficaces, mais ils et elles feront comme bon leur semblera… du moment qu’ils ne salarient personne. Dans une économie socialisée, nul ne doit pouvoir tirer profit du travail de quelqu’un d’autre.

La socialisation des moyens de production fera disparaître la classe capitaliste. Ce n’est qu’alors que la démocratie, jusqu’ici bafouée par les diktats du marché et de la finance, pourra prendre un sens. La société aura alors le pouvoir sur les questions essentielles, l’organisation rationnelle de la production pour satisfaire les besoins de l’humanité tout en préservant la planète.

Un texte de Jacques Dubart paru dans le numéro de novembre 2009 du mensuel Alternative libertaire.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est quoi l'économie "non vitale"?

J'ai un peu de misère avec ce texte là. Je le trouve, pour certains passages, mal écrit, et il me donne l'impression qu'une société communiste libertaire serait, pour l'auteur, la fin des fins, un monde industriel qui "fonctionne bien" et pour toujours... Pour ma part, je pense que l'autogestion des moyens industriels n'est qu'une première étape et qu'ensuite une révolution dans la révolution serait nécéssaire. Je conçois qu'on puisse vouloir conserver des acquis techniques comme l'eau courante, l'électricité dans des endroits vitaux comme les hopitaux (encore que tout ça peut changer si notre rapport à la vie, à la maladie et à la mort change) mais j'espère qu'on cessera carrément de produire industriellement tous ces gadjets inutiles qui encombrent notre vie mentale.

Alex

Anonyme a dit…

"l'électricité dans des endroits vitaux comme les hopitaux". Tu veux dire, pas dans les maisons? Difficile d'envisager un monde sans électricité, non? Explique-moi un peu comment tu vois ça!

Anonyme a dit…

Vite de même, je peux pas te l'expliquer. Je ne pense pas qu'après une révolution on couperait l'électricité d'un coup! Mais peut-être que les gens choisiraient eux même, individuellement ou collectivement (démocratiquement) de vivre autrement. Tu sais, sur 15000ans de civilisation, y a environ 15000ans sans électricité. L'évolution de la technologie ne se confond pas avec l'évolution de l'humanité (s'il y a une évolution, ce dont je doute crissement).
Alex

Anonyme a dit…

Autrement comment? On ne peut pas revenir en arrière sur le plan technologique, à mon avis. On peut aller plus loin, dépasser ce qu'on connaît aujourd'hui. Mais les moyens hérités du passé sont, me semble-t-il, impraticables aujourd'hui à une grande échelle sans qu'il y ait des conséquences très graves au plan social ou écologiques.

Mathieu

Anonyme a dit…

Je peux pas te faire un plan précis de ce que serait le nivau de technologie idéal. Ce sont les gens débarrassés du capitalisme et des hiérarchies qui en décideront en temps et lieux, collectivement ou individuellement... Mais il y a beaucoup de camelotte technologique qui encombre notre univer sensible et qui réduisent ses possibilitées.
Une technologie c'est un savoir et il y a des savoirs qui peuvent se perdent au fil du temps, dépendament des circonstances historiques. Et ce n'est pas toujours malheureux ce genre de perte. Je ne serais pas mécontent qu'on perde les plans de la bombe atomique par exemple.
Pour donner un exemple plus concret, si l'économie, à cause de sa gestion libertaire, ralentissait et devenait beaucoup plus locale, on aurait peut-être moins besoin de se rendre rapidement sur un autre continent. Je pense que les boeings et autre trucs supersonics n'aurait plus leur raison d'être. Et alors on pourrait revenir à un moyen de transport aérien plus lent et plus poétique comme le dirigeable (j'aime bien imaginer ça).
Pour ce qui est des "retours en arrière" plus radicaux , j'en ai aucune idée. Mais il y a bien des technologie que je trouve totalement aliénantes et que je souhaite voir disparaître.
Je pense qu'une recette d'autogestion, c'est ben correct à moyen terme, mais il faut s'attendre à ce qu'un changement aussi radicale que la fin du capitalisme et des hiérarchies créé des conditions de vie tellement différentes qu'on ne puisse même pas prévoir aujourd'hui quelle transformation des modes de vie il en découlerait à long terme.

Alex