l'année 2004
La déportation de Mohamed Cherfi
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Alors que les autorités respectent habituellement la pratique du «sanctuaire», le 5 mars la police profitera d'un tour de passe-passe légal et bureaucratique pour le violer tout en prétendant l'avoir respecter. Concrètement, c'est la police de Québec qui exécutera un mandat d'arrêt dans une autre cause --liée à une action pacifique dans le cadre de la lutte pour la régularisation des sans-statu-- avant de le remettre aux autorités fédérales qui s'empresseront de le déporter aux États-Unis.
Il est clair que dans ce cas précis, le gouvernement se venge sur un militant. En effet, suite à la lutte du CASS, un programme de régularisation avait été mis en place. 90% des cas soumis ont été acceptés. Reste 10% des cas qui ont été refusé pour «défaut d'intégration». Mohamed Cherfi faisait parti du lot. En effet, le porte-parole de la lutte s'était complètement identifiée à elle et avait omis de se trouver un emploi rémunéré (seule réelle preuve d'intégration aux yeux des fonctionnaires).
La lutte pour soutenir Cherfi, puis le rapatrier, a occupé pendant un bon moment toute une frange de la gauche libertaire. Cette lutte, l'une des rares autour des questions d'immigration dans la région, fut importante à cause de l'impact social et politique qu'elle a eu. De plus, elle touchait au coeur du dispositif néolibéral qui, tout en favorisant la libre circulation des marchandises, refuse celle des humains.
Après des années de lutte, Mohamed Cherfi a obtenu le statu de réfugié aux États-Unis. Ensuite, il a finalement pu émigrer à Montréal, en 2009. Autant il faut saluer la détermination de cet homme, autant la stupidité des autorités et tout le mal qu'elles ont pu causer est impardonnable.
Plus tôt cet automne les camarades de l'émission Ainsi squattent-elles ont réalisé une entrevue avec Mohamed Cherfi durant laquelle il revient sur son expérience (cliquez pour télécharger le fichier MP3 de cette émission).
==> Immigration Canada se venge sur un militant (texte paru à l'époque, dans le premier numéro de Cause commune)
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Des mouvement sociaux en effervescence...
En rétrospective, on peut dire que 2004 a été une année d'effervescence des mouvements sociaux. Tous les secteurs étaient dopés par le mouvement «anti-Charest», débuté en 2003, et cela a donné lieu à une cascade d'actions qui se sont poursuivi pas mal toute l'année 2004. Ça coïncidait aussi à une volonté de beaucoup de libertaires d'intervenir dans les mouvements et d'amener une contribution autonome. Ainsi, par exemple, pour souligner le premier anniversaire de l'élection des libéraux, le 14 avril, des manifs étaient prévues un peu partout et un appel large à participer avait été lancé par plusieurs organisations libertaires. Idem dans le Camp des mal-logés, en octobre, lors duquel on avait même pu voir un cortège rouge & noir dans une manif communautaire. Et ainsi de suite dans une foule d'actions et de grèves. Malheureusement, tout cela est retombé un peu abruptement et les libertaires se sont retrouvés épuisés... et le bec à l'eau.
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Naissance de Cause commune
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C'est aussi en 2004 que la NEFAC sort le premier numéro de son journal Cause commune. L'occasion était la manif pour le premier anniversaire de l'invasion de l'Irak (voir la Déclaration contre la guerre en Irak publiée en une). Cause commune, c'était certes une volonté de produire une presse d'agitation accessible, gratuite et à grand tirage (3 000 ex.) mais c'est aussi le fruit d'un échec, soit le projet de fusion entre la NEFAC et le journal Le Trouble. Comme quoi, il y a des limites à la volonté d'unité...
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Manifestation des «X»
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