D'après le Devoir, ça grogne du côté du Commissaire au lobbyiste du Québec pour que les syndicats complètent leur étiquette officielle de lobbyiste en chef. Même l'AQRP, l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic, attaque les syndicats pour qu'ils s'inscrivent officiellement lors de leur négocation! On savait que l'AQRP a quelques relations nébuleuses avec les grandes centrales syndicales. Rappelons surtout le dossier des retraites où elle plaide pour être à la table de négociation, craignant que ses membres - les retraitéEs- qui ne sont plus membres des centrales syndicales ne soient pas représentéEs. Mais là! Tant qu'à moi ça vole bas: pousser pour que les syndicats achoppent leur (dernier!) petit pouvoir de mobilisation et de contestation auprès du gouvernement!
Il est vrai que dans les faits, c'est peut-être seulement un titre de plus, voire une question d'image, puisque les grandes centrales agissent déjà comme des groupes de pression à saveur lobbyiste (d'ailleurs les chef.fes syndicaux sont pour la plupart déjà inscritEs). Mais sur le long terme, cette entourloupette légaliste ne servira pas la cause des travailleurs et des travailleuses.
Surtout qu'idéologiquement, on entérine 1) que le gouvernement, en tant que patron, use de son pouvoir législatif pour baîllonner le combat syndical: d'où l'idée que les syndicats doivent inscrire leur négociation dans le registre des lobbyiste puisque la négociation du contrat de travail en lui-même ne requiert pas d'inscription au registre, seulement ce qui est encadré par la loi (les retraites par exemple). 2) que les syndicats sont un parti-pris comme un autre, au même titre qu'une entreprise privée ou qu'une branche d'industrie (le pétrole par exemple?); contrecarrant leur pouvoir de justice sociale pour tous et toutes et leur lutte pour l'amélioration des conditions de vie universelle, les faisant retomber au niveau d'une défense de droit lobbyiste du "plus pour soi, je m'en fiche des autres!".
Même s'il faut admettre que les grandes centrales syndicales négocient souvent lobbyistement, cherchant à protéger les acquis de LEURS travailleurs et travailleuses plutôt qu'à abolir le rapport capital-travail et à travailler pour l'ensemble des travailleurs et travailleuses exploitées, il n'en reste pas moins qu'ils sont un levier important pour la défense de la justice sociale. À ce point tel important que le gouvernement et le patronat ont compris depuis longtemps qu'il valait mieux encadrer leur puissance de frappe avant qu'elle ne porte le coup final.
La négociation des retraites risque d'être un sujet de plus où, sans démonstration collective de l'importance de la liberté syndicale, le dossier risque d'être clos avant même d'avoir instaurer un débat démocratique dans les instances syndicales. Toujours au profit des mêmes; toujours sur le dos de notre liberté à nous et de notre autonomie organisationnelle.
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