samedi 1 mars 2008

Encore un petit effort camarades !

Hier, la page «devenir membre» de Presse toi à gauche est apparue dans mon «bloglines»(*). Périodiquement, ces camarades interpellent les libertaires sur «l'unité de la gauche» et nous proposent des collaborations plus ou moins poussées.

Presse toi à gauche! est un webzine de Québec. Il est produit par l'une des factions d'extrême-gauche de Québec solidaire. Grossièrement, on peut dire que c'est un projet des membres, des ancienNEs membres et des compagnons de route de Gauche socialiste. On peut y lire toutes sortes de nouvelles sur la gauche et les mouvements sociaux. Bref, nos alter ego chez les marxistes révolutionnaires.
Étant d'un naturel curieux, et comme je les ai autorisé à repiquer mes textes, je suis allé voir. La plate-forme de Presse toi à gauche!, à laquelle il faut adhérer pour devenir membre, est intéressante à bien des égards mais garanti en même temps que «la gauche en marche» s'arrête aux portes du mouvement libertaire.

Points de convergence

Le webzine veut «promouvoir la diffusion d’informations sociales, politiques et culturelles alternatives» et «offrir un espace de débats et de discussions pour la gauche en marche». À moins de refuser l'étiquette de «gauche», comme le font certainEs anarcons, personne ne peut être contre ça. Mieux, Presse toi à gauche! dit s'inscrire «dans une gauche plurielle et radicale, c’est-à-dire une gauche qui prend les problèmes d’ordre économique, social et culturel à la racine» et se revendique même de l'anticapitalisme.

Côté luttes sociales, les camarades s'inscrivent «dans les luttes du mouvement syndical et des mouvements sociaux: les luttes féministes, antiracistes, écologistes, étudiantes et autochtones qui dénoncent les formes de dominations et d’oppressions présentes dans nos sociétés». Presse toi à gauche! accorde même aux mouvements de luttes qu'ils «sont porteurs [«tout autant qu’un parti politique progressiste»] d’un projet de transformation sociale». Voilà qui est très proche de nos conceptions.

Points de divergence

L'ennui c'est que Presse toi à gauche! veut «faire de la politique autrement»... «loin de la politique spectacle» mais quand même «sur la scène électorale». Pour nous, il n'y a rien à aller chercher là. Et puis, les camarades se prennent les pieds dans les concepts fumeux d'une «démocratie participative qui favorise la reprise de pouvoirs individuels et collectifs et qui travaille, ici et maintenant, à un autre monde possible». Camarades! On veut pas participer, on veut décider! Démocratie directe et autogestion, donc.

Aussi, Presse toi à gauche! est vingt ans en retard sur la question nationale. Heureusement, la plate-forme propose de «rompre avec le projet nationaliste de droite défendu par l’actuelle direction du Parti québécois» mais déclare du même souffle que «au Québec, l’émancipation sociale va de paire avec l’émancipation nationale» et que «la lutte pour l’indépendance du Québec est essentielle». Nous avons déjà expliqué en détail pourquoi nous sommes en désaccord avec cette analyse (voir ici), disons simplement que malgré une volonté de «rupture» cela met quand même la gauche à la merci de tous les chantages nationalistes (sans parler du fait que l'indépendance n'est plus depuis longtemps urgente et nécessaire au point d'en faire un point de plate-forme). Et ça ne dit rien de la stratégie à employer pour combattre le nationalisme identitaire revanchard à la mode aujourd'hui.

Encore un petit effort camarades !

Électoralisme, parti, indépendantisme, autant de raison qui feront que pas un libertaire qui se respecte ne pourra adhérer à la plate-forme de Presse toi à gauche! Encore un petit effort camarades si vous voulez inclure la gauche libertaire dans votre «gauche en marche»...



(*) Bloglines est un agrégateur de contenu, très pratique pour suivre ce qui se dit sur des dizaines de blogues et de sites web sans avoir à les visiter.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

un anar qui refuse l'étiquette de gauche = un anarcon ??

J'veux bien entendre vos explications ça me semble tirer par les cheveux en tabarouette. Quant à moi, pour le dire simplement, c'est juste d'la marde la politique institutionelle et la gauche veut juste nous en bourrer les yeux, n'en déplaisent à toutes les ordres de sciences po.

Nicolas a dit…

J'ai hésité avant d'écrire ça, je sais bien que je ne me ferais pas d'amiEs, mais, oui, je le pense vraiment (au passage, note le "je", y'a pas de "on" ici).

Refuser de se situer sur l'axe gauche-droite, alors qu'il crève les yeux qu'on se situe à l'extrême-gauche, c'est imbécile et ça ressemble à de l'enfantillage. C'est du même ordre que refuser de se battre contre les coupures sous prétexte qu'on est contre l'État. Ça ne fait qu'ajouter à la confusion sur l'anarchisme et sur la politique en général. À la limite, ça joue le jeu de la politique institutionnelle qui prétend que cette distinction est dépassée et qu'on peut adopter indifféremment tantôt des mesures de droite, tantôt des mesures de gauche, selon le gros bon sens.

Ensuite, ça ouvre la porte à toute sorte d'amalgames et à la reconnaissance dans "la famille" de niaiseries bourgeoises comme l'anarchocapitalisme et l'anarchisme de droite.

Finalement, ça donne l'impression qu'on a le cul entre deux chaises. L'axe gauche-droite recouvre aussi une contradiction sociale fondamentale et se situer sur celui-ci indique qu'on a choisi un camp.

Depuis 150 ans la gauche s'est confondue avec le mouvement ouvrier et socialiste et la droite avec la réaction. L'anarchisme est issu du mouvement ouvrier et socialiste, il est donc à gauche.

Je connais très bien l'argumentaire qui en vient à refuser de se dire à gauche. À la limite, je peux comprendre la portion inspirée de l'ultragauche. L'ennui c'est que ce n'est pas utile dans la vraie vie. En fait, ça nous nuit.

Anonyme a dit…

Je me considère davantage comme partie prenante d'un mouvement social (anarchiste) pour le changement social et la révolution sociale que pour un représentant de parti ou de ligne politique quelconque. Je ne me vois pas du tout comme un représentant de l'anarchisme mais plutôt simplement comme un anars même si celà n'est pas sans alimenter des confusions. Je crois qu'il y a une différence à voir et oui, l'opinion publique n'y est probablement pas habituée mais, faut y travailler.

Je crois qu'il est nécessaire de se débarasser de ces expressions qui permettent si aisément de se faire récupérer par la politique institutionelle à chaque élection (pour le commun des non-militantEs) et de s'affirmer différemment.

Aussi, cette position me semble totalement différente d'un refus "de se battre contre les coupures sous prétexte qu'on est contre l'État" mais, je sais bien que cette question est souvent revenu ici.

Anonyme a dit…

Nicolas, en quoi l'Ultragauche peut-elle être une nuisance pour l'extrême gauche? (Si c'est bien ce que tu voulais dire)
Alex

Nicolas a dit…

Euuu... La représentation, on y échappe difficilement. C'est un schémas mental très ancré. Toi-même tu y succombait dans ton premier commentaire en parlant de *nos* explications alors que le texte était signé. M'enfin.

Pour revenir au coeur du sujet, je ne parle pas de l'opinion publique. Je m'adresse très rarement à l'opinion publique, disons que c'est plutôt abstrait. Je parlais d'êtres en chair et en os: ma mère, le gars au club vidéo, la militante du FRAPRU croisée dans une assemblée, le syndicaliste a qui j'ai donné un journal, etc. Mon expérience à moi c'est que ça ajoute à la confusion.

Pour moi, il n'y a pas (encore?) de mouvement anarchiste. Une mouvance, une scène, oui, surement, mais un mouvement? Concrètement, j'ai l'impression de m'inscrire, comme anarchiste, dans une mouvance beaucoup plus large de luttes sociales (les mouvements sociaux). Pour moi c'est ça "la gauche". C'est large et diversifié et globalement ça s'inscrit dans un mouvement de justice et d'égalité sociale.

Bon, maintenant, on va pas s'ostiner de midi à quatorze heures! Si la gauche se limite à la gauche politicienne, alors, non, je n'en fait pas partie.

* * *

J'ai utilisé anarcon mais j'aurais peut-être du utiliser anarchie-iste comme certainEs ont commencé à le faire. La vérité c'est qu'une partie significative du "mouvemement" anarchiste --la fraction "plus-radical-que-moi- tu-meurt qui m'a franchement l'air pogné sur l'acide par moment-- me tape de plus en plus sur les nerfs. Et une des positions que tiennent ces gens là est justement celle sur le fait qu'on est pas de gauche. D'où le cheap shot.

* * *

Je n'ai pas dit que l'ultragauche était une nuisance pour l'extrême-gauche. J'ai dit que refuser de se dire de gauche nuisant, nuance. L'ultragauche, dépendant du moment, est globalement un empêcheur de tourner en rond qui provoque des réflexions salutaires et/ou un poids mort. Par contre, c'est clair que certains éléments hallucinés sont clairement des nuisances (faut-il te faire un dessin?). Tout comme certaines factions "anarchistes" sont des nuisances. Maintenant, faut faire avec. Pas le choix...

Nicolas a dit…

Bon, en faisant de l'affichage ce soir un camarade me faisait remarquer que l'utilisation du terme anarcon n'était peut-être pas des plus appropriés étant donné que c'est le MLNQ qui utilise ça d'habitude. D'accord, je ne l'utiliserais plus. En faisant un brainstorm sur le balcon, une autre camarade est sortie avec un meilleur terme: anarchiant. Je pense que je vais l'adopter.

Anonyme a dit…

Euh, dans ton dernier message, Nicolas, tu parle à deux personnes en même temps. Je signe toujours au bas de mes messages. Évitons la confusion.
Par rapport à ma quetion sur l'ultra-gauche, qu'est-ce que c'est être "halluciné"? Veux-tu parler des pro-situ (que je n'ai pas vraiment lu, j'ai surtout lu les situationnistes) qui, probablement, parlent de révolutionner la vie quotidienne?
(fais-moi un dessin)

Alex

Nicolas a dit…

Euh, j'avais compris que je m'adressais à deux personnes différentes.

Pour ce qui est des éléments hallucinés, je pensais spécifiquement à un individu qui sévit à Mtl et qui signe Gnome communiste (une nouvelle incarnation de Calvaire01). Si tu n'es pas québécois, tu ne comprendra pas. Mais tu peux toujours aller voir son blogue: ). C'est vraiment le plus beau spécimen. Il y en a aussi quelques autres qui sont quelque chose mais jamais aussi pire.

Anonyme a dit…

Ouais! C'est pas seulement halluciné, c'est hallucinant! Complètement ridicule... Faut pas s'en occuper, tout simplement. (je vis à Québec, donc, je comprend qu'il n'y a rien à comprendre)
Alex