lundi 17 mars 2008

Le coût de la vie

« La vie d’un jeune travailleur victime de la négligence criminelle de son employeur ne vaut pas cher » – Michel Arsenault, président de la FTQ


110 000$. C'est le coût de la vie selon la justice bourgeoise. Plus précisément, c'est le montant auquel a été condamné une compagnie, suite à la mort d'un de ses jeunes travailleurs.

Steve L'Écuyer, 23 ans, est mort le 11 octobre 2005, écrasé par une pince à pavé dans les locaux de son employeur, Transpavé Inc., de Saint-Eustache. Une enquête a clairement démontré que son décès avait été causé par une machine industrielle dont le système de protection de l’aire de travail avait été sciemment et volontairement débranché. De plus, les constats de la CSST s'accumulent contre la compagnie.

Le syndicat, affilié à la FTQ, décide de mettre toute la gomme, dans le cadre d'une campagne fédérale contre les décès au travail. En septembre 2006, des accusations de négligence criminelle ayant causé la mort sont déposées contre l’employeur. C'est une première au Québec. Malgré les représentations syndicales, c'est la compagnie et non les patrons personnellement qui est visée.

Après plus de deux années d’enquêtes, de procédures et de reports de toutes sortes, l’entreprise enregistrait finalement un plaidoyer de culpabilité le 7 décembre 2007. Transpavé Inc. devenait ainsi la première entreprise au Québec à être déclarée coupable de cette infraction depuis les modifications au Code criminel relativement à la responsabilité pénale des organisations.

La FTQ furieuse

Aujourd'hui, la FTQ est furieuse. En effet, la compagnie n'a été condamné qu'à 110 000$, ce qui fait dire au président de la centrale que «La vie d’un jeune travailleur ne vaut pas cher». «Le procureur de la couronne a bâclé son travail dans le dossier Transpavé en décrivant la compagnie comme exemplaire en matière de santé et sécurité alors que les constats de la CSST se multipliaient. Justice éclairée n’a certainement pas été rendue face à ce tragique incident qui aurait pu être évité», a déclaré ce matin Michel Arsenault, président de la FTQ, en réaction à la sentence imposée à l’employeur.

La centrale maintient que des accusations criminelles devraient être portées personnellement contre les dirigeants de Transpavé et non pas seulement contre l’entité corporative. «Ce sont des individus qui ont décidé de désactiver le mécanisme qui aurait permis de sauver la vie du jeune Steve L’Écuyer et non pas un numéro de compagnie», a illustré Michel Arsenault.

Le travail tue

En 2005, l'année du décès de Steve L'Écuyer, 223 prolétaires sont morts au travail au Québec, un record. Ici comme ailleurs, le travail tue, littéralement. C'est pas mêlant, il y a plus de morts au boulot que de meurtres (taux de 6,43 morts par tranche de 100 000 salariés contre un taux d’homicide de 2,16 par tranche de 100 000 de population). On aura beau dire, enlevez l'impératif de profit et donner le contrôle du plancher aux travailleurs et aux travailleuses et le nombre de décès risque de chuter radicalement.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est sans rapport avec cet article mais je cherche comment accéder à la dernière émission radiophonique de Voix de Faits. où dois-je cliquer?
merci

Anonyme a dit…

Malheureusement, le camarade qui nous enregistrait et fournissait en format MP3 l'émission, de façon à ce qu'on puisse la mettre sur le blogue, est parti en Amérique du Sud. Il faut donc nous écouter en direct le mercredi soir à 20h ou le jeudi en rediffusion à 15h, au 88,3 fm à Québec ou sur internet, sur le site de CKIA http://www.meduse.org/ckiafm/