vendredi 22 août 2008

À signaler: un point de vue sur le racisme ordinaire

Aujourd'hui, Patrick Lagacé reproduit sur son blogue une lettre d'une expatriée de Montréal-Nord. Elle parle de la montée du racisme dans le quartier, quand elle était flo. Ça fait écho à l'expérience de plein de gens (dont la mienne comme jeune montréalais quelques années plus tard). Ça vaut le détour. Extrait:

Je le connais à fond, ce quartier-là, monsieur Lagacé. Fin des années 70, les Haïtiens sont arrivés. Bébé Doc était insupportable. Ils se sont installés de l’autre bord de Rolland, dans les blocs appartements. C’est là que j’ai découvert le racisme. Tous les bien-pensants, les petits-bourgeois, les anciens immigrants italiens bien installés dans leurs maisons en rangées des rues Corbeil et Ernest-Robitaille, les blancs plus blancs que blancs. Ils ont regardé les Noirs arriver. Ils ont inventé -ou constaté, j’ai jamais su- des histoires de jardins sur 12 pouces de terre qui poussaient sur le plancher des troisièmes étages, de smalas de 15-20 personnes qui s’entassaient dans des 3 et demi. J’écoutais, je comprenais rien. C’était qui, ces gens-là, qui suscitaient autant de méfiance et de haine?

Dans ce temps-là, je payais mes études en étant caissière dans une caisse pop au coin de Saint-Vital et Fleury. C’était la naissance des guichets automatiques. Les Haïtiens venaient ouvrir des comptes, fallait ben. Vous auriez dû entendre les commentaires des caissières devant leur incompréhension du système. Pas même poli, franchement méprisant, en pleine face des clients qui roulaient de grands yeux perdus. Je leur disais : voyons les filles, ces gens-là arrivent de l’enfer et vous leur demandez de comprendre pourquoi vous gelez leur chèque 10 jours. Attendez de voir leurs enfants dans quelques années, ils vont vous en remontrer! Rien à faire. J’ai travaillé 10 ans dans cette caisse. Après les Haïtiens, ça a été les Libanais qui fuyaient la guerre et leurs femmes voilées, déjà. C’est à Montréal-Nord que j’ai vu les premiers chauffeurs de taxi avec un doctorat en littérature persane qui vous récitent des poèmes en conduisant. Et toujours le racisme brut, sans nuances, sans curiosité devant l’inconnu, un mur impossible à percer, pour moi qui étais du bon bord. Imaginez les Autres.

La caisse pop, c’est une mosquée aujourd’hui. J’ai jamais tant ri que quand je l’ai appris.


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11 commentaires:

Anonyme a dit…

bien sur le racisme anti-blanc n'existe pas..
le mots white guilt vous dit quelque chose?

Anonyme a dit…

Tu as sans doute raison... On sait bien qu'au Québec, les premières victimes du racisme, ce sont les blancs... Aux États-Unis aussi, tout comme en Europe ou ailleurs dans le monde. Vraiment, on se sent victime de discrimination quand on est blanc. C'est fou les préjugés! Quand on est blanc, on est souvent montré du doigt, on a plus de misère à se trouver du boulot ou un logement. C'est bien connu!

ciao,
Nestor

Marquis de Méricourt a dit…

L'histoire a ça de positif qu'on peut en apprendre quelque chose. Heureusement!

Parce que sinon, hein, on aurait pu ne jamais se douter que les sauvages ont essayé de nous empêcher de débarquer ici pour étendre notre exploitation.

Parce que sinon, hein, on aurait pu ne jamais se douter que les nègres ont osé chiâler quand on est allé les chercher en Afrique pour en faire des esclaves (fallait ben, on avait tué les sauvages).

Parce que sinon, hein, on aurait presque pu penser que le racisme a été inventé pour remplacer l'esclavage comme façon d'assurer le maintien des privilèges blancs.

Sans elle, on serait encore condamné-e-s à vivre sous le poids écrasant du terrible racisme anti-blanc. Merci, l'histoire!

Anonyme a dit…

vous verrez bien dans 15-20 ans..
vous avez une vision a court terme les changements s'effectuent progressivement et celui-ci est sournois !

il y a pas ci longtemps quelques un on shaké dans leur culottes quand ils se sont aperçue que le lobbyisme arabes étaient entrain de travailler en arrière scène afin d'appliquer la charia en ontario et ce n'est qu'un début

BlackBloc a dit…

Le Raid, ca marche tu contre les infestations de réacs?

Nicolas a dit…

À propos du lobbyisme arabe... Deux réflexions.

Premièrement, ce n'est pas un lobby "national", c'est un lobby religieux. La plupart des "arabes" --des maghrébins en fait-- que je connais sont radicalement contre ce type de pression. Ils ont par rapport à la religion le même type d'attitude que les québécois (un vague attachement culturel). En ce sens, il faudrait parler du lobby islamiste.

Deuxièmement, le lobby en question ne voulait pas imposer la charia en Ontario. Ça c'est une grossière exagération. Il voulait que la charia serve de base pour un service d'arbitrage / conciliation communautaire comme les juifs en ont pour les questions conjugales. Bref, ils voulaient que la charia puisse s'appliquer aux musulmanEs qui le veulent bien dans un contexte de dispute conjugale. Pas de quoi fouetter un chat.

Ceci dit, je suis contre. Tout comme je suis contre les droits acquis de la communauté juive dans ce cas là. J'ai pas de problème avec l'arbitrage et la conciliation mais pas sur une base religieuse qui consacre l'inégalité de la femme. La loi doit être la même pour tous. De plus, je conteste le caractère volontaire de la mesure... J'ai comme un doute.

Ce que je trouve curieux, par contre, c'est qu'en général les gens qui s'énervent avec ça sont souvent les mêmes qui en ont contre le mouvement des femmes, le financement de ressources spécifique comme des maison de femmes battues, des centres de crises, etc.

Anonyme a dit…

Ce sont les blancs qui sont les pires racistes en ce moment.

La-dessus, vous avez mon appui

Anonyme a dit…

Nicolas le tout commence par vouloir un arbitrage sur des bases religieuses et ca fini par des demandes de construction de minarets.

c'est la même chose pour les juifs et leurs écoles dédiés. les problème c'est qu'en accordant certaines accommodements cela ouvre des brèches pour d'autres demandes qui à la longue auront des répercussions partout dans notre système .

Anonyme a dit…

anarchopragmatisme prend toi quelques dollars durement gagner a laver des pare-brise sur les coins de rues et va faire une tite visite dans certain états du sud des USA près des frontières latino-américaine dans les cartier chaud de LA tu m'en redonnera des nouvelle,
ou va faire un petit voyage recréatif à haiti tu verra que le racisme n'est pas uniquement blanc

Nicolas a dit…

Le problème c'est qu'on ne vit ni à LA, ni en Haïti, mais au Québec (au cas ou tu l'aurais oublié). Et ici, s'il peut y avoir des sentiments "anti-blanc", l'écrasante majorité des victimes de racisme sont des personnes de couleur.

Anonyme a dit…
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