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Le mouvement  syndical est né dans l’illégalité, il a grandi dans  l’illégalité et il  devra continuer de vivre en marge de la légalité qui  favorise une  minorité au détriment d’une majorité »
- Michel Chartrand, 1972
C'est   en 1972 que le syndicaliste Michel Chartrand fait cette déclaration   alors que le gouvernement tente de mettre fin à la grève du Front commun   des employé-e-s de la fonction publique québécoise par une loi  spéciale  forçant leur retour au boulot. Heureusement, cette loi  spéciale fut  défiée par les syndiqué-e-s, les chefs syndicaux furent  emprisonnés et  le résultat fut le déclenchement de la plus grande grève  générale de  l'histoire du Québec durant laquelle des villes entières  telles que  Sept-Îles et Joliette furent mises sous contrôle ouvrier.
Aujourd'hui,   devant l'ampleur du mouvement étudiant, le gouvernement, ses sbires et   son aile jeunesse réunie au sein du Mouvement des étudiants (sic)   socialement responsables du Québec (MESRQ) tentent actuellement la même   stratégie de judiciarisation de la grève étudiante à grand coup   d'injonctions visant à rendre la grève illégale. Les étudiantes et   étudiants du Cégep d'Alma, de l'Université Laval et de l'Université du   Québec à Montréal (UQAM) sont déjà sous le coup d'injonctions et la   menace plane pour plusieurs autres institutions. Au sein du mouvement   ouvrier, ces pratiques sont déjà très fréquentes et il fut possible de   voir les employé-e-s d'Aveos à Montréal et de Rio Tinto Alcan à Alma en   être les victimes.
Depuis le début de la grève étudiante, la   stratégie du gouvernement est d'envoyer sa police sur les manifestations   et lignes de piquetage. Le matraquage, les arrestations et la   judiciarisation des grévistes n'ont cependant pas réussi à ébranler le   mouvement étudiant. L'État a donc décidé de s'en remettre au système   judiciaire et de laisser des individus attaquer devant les tribunaux des   décisions prises collectivement et démocratiquement (certainement   beaucoup plus que les élections qui ont permis à Jean Charest de prendre   le pouvoir) par un mouvement de lutte.
L'Union Communiste   Libertaire (UCL) tient à rappeler que les tribunaux et la « justice »   dans une société capitaliste comme le Québec sont tout sauf neutres. Ils   ne visent qu'à faire appliquer les lois qui, elles, sont votées par  les  membres du parlement. Les tribunaux et la police ne sont, en fait,  que  les chiens de gardes des intérêts de la classe dominante qui les   contrôle politiquement. L'UCL croit donc qu'il est primordial pour les   étudiantes et étudiants ainsi que les travailleurs et travailleuses de   ne pas tomber dans le piège juridique que nous tend l'État et de   demeurer sur le terrain politique de la rue, là où il est possible de   bâtir un réel rapport de force face au gouvernement et aux patrons.
Par   conséquent, l'UCL appelle les étudiantes et les étudiants à défier ces   injonctions et à continuer la grève. Il apparaît clair que si on veut   être assuré-e-s de perdre à un jeu, il suffit de jouer avec celui qui   choisit les règles. L'UCL appelle également les travailleurs et   travailleuses en lutte à défier les tribunaux et à faire front commun   avec le mouvement étudiant. C'est en bâtissant une réelle solidarité au   sein de l'ensemble de la classe ouvrière qu'il sera possible d'arracher   des gains face au patronat et à leurs pantins que sont les politiciens   et politiciennes. Il est important de rappeler que chaque gain, chaque  «  droit » qu'a acquis la classe ouvrière fut d'abord et avant tout   arraché en faisant fi de la loi et en cherchant à construire un rapport   de force dans la rue.
Après plusieurs semaines de grève, la  seule compensation que le  gouvernement a donné au mouvement est une  maigre bonification, si on  peut la qualifier ainsi, au régime de prêts  étudiants. L'UCL soutient  que pour une victoire totale, il est  primordial que la lutte soit  étendue à l'extérieur du simple cadre  étudiant et que les travailleuses,  travailleurs, chômeurs, chômeuses,  sans-emplois, retraité-e-s s'y  joignent en solidarité. Bref, il est  temps de parler de grève sociale au  Québec, car il est important de ne  pas oublier que nous formons,  ensemble, une seule et même classe  d'opprimé-e-s et que c'est l'ensemble  de cette classe qui doit réagir  quand une attaque est portée contre  elle.
L'
union communiste libertaire