Après un progrès pendant vingt ans, le partage équitable des tâches ménagères et des soins aux enfants est en régression au Québec depuis dix ans. Une petite nouvelle importante qui est passée dans le beurre cette semaine (on l'a traité légèrement à la fois dans le Journal de Québec et dans Le Soleil, ou elle a hérité de la page 47 de l'édition du dimanche...).
Concrètement, les hommes ont fait des pas de géant entre 1986 et 1998 et depuis, ça se gâte. En 1986, les hommes n'accomplissaient que 40% du boulot abattu par les femmes à la maison. Ensuite, ça a commencé à changer. En 1998, les hommes accomplissaient 70% du travail des femmes. Pas encore l'égalité mais on pouvait croire que la prochaine génération allait y arriver. Et bien non. On est redescendu à 60% en 2005.
D'après les chercheurs, c'est la faute au travail. Le temps qui n'est plus consacré aux tâches ménagères et aux enfants est consacré au boulot. Tout le monde travaille plus mais, toutes proportions gardées, ce sont les heures des hommes qui ont explosé. En effet, en incluant le temps de déplacement, les hommes consacrent maintenant 50h par semaine au travail (6h de plus qu'en 1998), 10h de plus que les femmes. Notez que les salaires n'ont pas suivi du tout. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que c'est tout sauf volontaire. C'est l'évolution du capitalisme qui nous amène là.
Parlant de capitalisme, un autre groupe de chercheur croît avoir mis le doigt sur le bobo concernant les inégalités de revenu entre les hommes et les femmes. C'est la maternité qui est en cause. Jusqu'à trente ans, il n'y a pas de différence majeure entre les carrières des unes et des autres. C'est après que ça se gâte. Plus de 40% des femmes décrochent du marché du travail pour deux ans en moyenne quand elles ont leurs enfants. Seulement les deux tiers de ces femmes réussissent ensuite à retourner au boulot et seulement 40% dans un emploi à temps plein. De retour sur le marché du travail, mesdames ont perdu 18% de leurs salaires comparativement à messieurs (le double si elles ont été absentes plus de 3 ans).
Voilà, c'est ce qu'on appelle une discrimination systémique. C'est le capitalisme patriarcal dans toute sa splendeur. Heureusement, il existe une porte de sortie, c'est le syndicalisme (l'écart de revenu le moins fort se trouve chez les femmes syndiquées). Qui a dit que le féminisme était dépassé?
2 commentaires:
Mais pourquoi les femmes perdent 18% de leurs revenus une fois retourné au boulot après leur grossesse?
Parce qu'elles ont perdu de l'ancienneté et parce qu'elles sont passées à côté de promotion.
C'est pas une statistique qui touche une femme en particulier, c'est une statistique qui touche le groupe femme globalement, versus le groupe homme.
Ce qui se passe c'est qu'en début de carrière et jusqu'à trente ans, il n'y a pas de différence de traitement entre les deux groupes. Mais, après la trentaine, il y a un écart qui se creuse entre les deux groupes.
L'inconnue pour l'instant c'est l'impact qu'aura le programme de congés parentaux sur cette réalité.
Enregistrer un commentaire