Le moins que l’on puisse dire, c’est que les réacs du comté de Charlevoix auront l’embarras du choix parmi les candidatEs de l’élection partielle du 24 septembre. Jugez-en par vous même.
Même si les libéraux de Jean Charest ne présentent pas de candidat, le couronnement de la nouvelle cheffe du PQ, Pauline Marois, est loin d’être acquis. En fait, les libéraux lui ont servi un cadeau empoisonné en ouvrant la porte à un affrontement direct avec le candidat de l’ADQ, Conrad Harvey. Les récentes révélations sur le train de vie princier de Marois (qui possède un « chalet » dans Charlevoix, mais qui habite à l’année dans un « château » sur l’Ile Bizard, dans la région de Montréal) ont permis de mieux cerner d’où vient celle qui aspire à diriger la province. Mais ces considérations sont secondaires face à son triste bilan lorsqu’elle était ministre. Dès 1996, elle participait à la vague de réformes néolibérales mises en place après l’adoption de l’objectif du « déficit zéro » : coupures en éducation, coupure en santé, alouette... L’ADQ n’aurait pas fait mieux !
Les autres « tiers-partis »
Outre les deux grosses pointures péquistes et adéquistes, 5 autres candidats se retrouveront sur les
bulletins de vote. Faisons la présentation de quelques-unes de ces figures peu connues qui profitent de l’élection partielle pour mousser des idées souvent nauséabondes.
Commençons par la droite masculiniste qui présente Daniel Laforest, le président de l’organisme « Fathers for Justice » depuis le mois de mai 2006. Fathers for Justice, vous connaissez? Vous savez, ces bons pères de famille déguisés en Batman qui escaladent les ponts pour crier leur haine des femmes et des féministes en particulier? Laforest a fait de la lutte contre les supposés « privilèges » de ce qu’il appelle « la caste des femmes » son principal cheval de bataille pour l’élection partielle. Son programme (qui tient sur moins d’une page) écorche également au passage les syndiquéEs du secteur public, responsables de détourner l’argent public au profit de leur caisse de retraite. Comme l’ADQ, Laforest pense qu’il faut mettre au pas les groupes de pression et les syndicats… Est-ce qu’il s’inclut, lui et son groupe, dans l’équation ?
Ce n’est pas la première fois que des masculinistes se présentent à des élections provinciales. Des membres du Parti de la Sagesse, une secte chrétienne fondamentaliste associé au groupe l’Après-Rupture, l’avait fait en 2002 dans au moins deux comtés. Mais dans le cas de « Fathers for Justice », il s’agit d’une première. Peut-être est-ce dû au fait que le Barreau du Québec intente des poursuites contre leur porte-parole Andy Srougy, accusé d’être un plaideur quérulent? Après tout, le cirque électoral permet à tous les clowns de se faire entendre!
Pour sa part, Paul Biron portera les couleurs du Parti Démocratie chrétienne du Québec. Surnommé « le frère de l’autre », ce vieux routier de l’extrême droite national-catholique et des milieux pro-vie est le frère de l’ex-chef de l’Union nationale et ministre péquiste Rodrigue Biron. On peut dire que Paul Biron a l’habitude des campagnes électorales. Au fil des ans, il s’est présenté à trois reprises sous la bannière du PDCQ dans divers comtés de la région de Québec, mais aussi comme candidat du PQ en 1970 et du Parti de la démocratie socialiste en 1998! Tu es mêlé ou tu l’es pas! Biron a toujours eu un faible pour le nationalisme ethnique. Il fait notamment partie des membres fondateurs du Mouvement de libération nationale du Québec (le MLNQ, dirigé par Raymond Villeneuve) et s’occupe aujourd’hui d’un petit groupe de patriotes revanchards basé à Québec, la Maison des patriotes. Biron, c’est le candidat du passé, complètement dépassé.
Ce qui nous amène au candidat du Parti République du Québec, l’ex-trésorier du Parti conservateur du Québec, François Robert Lemire. Le PRQ est un parti nationaliste fondé il y a environ un an par des souverainistes déçus du Parti Québécois. Le programme, plutôt confus, laisse une large place au débat sur l’immigration, un sujet chaud dans Charlevoix... Il faut dire que d’après Statistique Canada, la région compte 0,66% d’immigrants pour la plupart originaires de pays aussi exotiques que la France ou l’Italie! Le candidat du PRQ propose « d’interdire l’accès à l’aide sociale et aux soins de santé aux immigrants qui n’ont pas travaillé 5 ans à temps plein » de manière à favoriser leur intégration. Selon Lemire. « Le Québec en a assez des immigrants qui profitent des largesses de notre système santé universel gratuit. Le Québec en a assez des immigrants qui après 10 ans n’ont pas appris trois mots de français ou même d’anglais à la limite et qui semble être ici que pour pomper notre argent pour mieux vivre en pacha dans leur pays d’origine ». Ouf… Le PRQ propose finalement « de donner pendant 5 ans une formation en français, en histoire, en géographie, en culture québécoise et de vérifier par le biais d’un examen de compatibilité que les immigrants veulent s’intégrer au Québec. Si l’immigrant échoue l’examen non écrit (pour éviter les questionnaires appris par cœur) ça veut dire qu’il n’est pas intéressé à vivre parmi nous et bien qu’il retourne chez-lui à ses frais svp ». Et l’incompatibilité avec les racistes comme Lemire, qu’est ce qu’on en fait ?
Devant un tel choix, pas étonnant que de plus en plus de personnes décident de ne pas voter, même pas pour le moins pire.
5 commentaires:
J'aimerais bien savoir si vous trouvez que l'accueil et l'encadrement des immigrants sont bien faits à votre avis. Car, loin de moi l'idée de défendre François Robert Lemire, mais je crois qu'il y aurait un début de réponse dans ce que le PRQ propose, en étant bien sûr beaucoup plus logique, empathique et modéré. À défaut d'être d'accord avec leurs moyens, je crois qu'ils ont raison de soulever le problème, même s'il concerne plus Montréal que Charlevoix.
Il y a un problème avec l'accueil et l'intégration, c'est évident. Déjà, si on commençait par reconnaître leurs diplômes, ce serait un début. Dans le même ordre d'idée, réinvestir dans la francisation est également essentiel. Ceci dit, non, vraiment, il n'y a rien qui me sourit dans ce que propose le PRQ. C'est juste coercitif et ça part du principe que tous les immigrants sont des fraudeurs (d'ailleurs, plusieurs de ces infos sont juste fausse... ex. : c'est pas vrai qu'on a accès facilement à l'aide sociale et aux soins de santé quand on est immigrant. Pour y avoir accès, comme les autres programmes sociaux, il faut être citoyen... ce qui est long. D'ailleurs, quand tu paraîne un immigrant, tu dois t'engager à rembourser son B.S. si jamais il en prend). Aussi, soyons honnête, c'est ridicule de faire passer un test aux immigrants que la majorité des cégépiens ne passeraient pas...
Merci pour cette réponse.
Pauline s'est donc fait élire, malgré plus de 40% d'abstention. À noter, les scores ridicules de nos énergumènes d'extrême droite...
Marois, Pauline (P.Q.)
11 380
59,16 %
4 255
Harvey, Conrad (A.D.Q./É.M.D.)
7 125
37,04 %
Turcotte, David (P.V.Q./G.P.Q.)
403
2,10 %
Biron, Paul (P.D.C.Q.)
135
0,70 %
Gagnon, Claude (IND)
77
0,40 %
Laforest, Daniel (IND)
64
0,33 %
Lemire, François Robert (P.R.Q.)
52
0,27 %
En surfant par hasard sur les blogs politiques je suis tombé sur le vôtre et j'ai remarqué que le seul à ne pas avoir été écorché est le candidat Vert. Est-ce pour une raison en particulier?
Enregistrer un commentaire