Tous les médias en ont parlé: l'écart entre les riches et les pauvres augmente encore. Depuis 1980, le revenu des pauvres a chuté de 20% pendant que celui des riches a augmenté de 16%. Pour ce qui est de la «classe moyenne», ce qu'on appelait autrefois la classe ouvrière, son revenu a augmenté de 0,1%. Pourtant, pendant ce temps le PIB a augmenté en moyenne de 2,3% par année et la productivité de 1,2%. Comme l'explique l'historien du syndicalisme Jacques Rouillard (ici) ceux qui nous disent qu'il faut d'abord créer la richesse avant de la distribuer nous mentent en pleine face.
Le néolibéralisme et la mondialisation sont en cause. Évidemment. Mais il y a plus. Actuellement les syndiquéEs de la Ville sont en négociation. Ils et elles se font cracher dessus par la populace qui les trouve trop bien payés. Il y a deux ans c'était les syndiquéEs de la fonction publique québécoise. Même scénario. Avant ça, il y avait eu les employéEs de la SAQ. Idem. Entre les deux, on a presque lynché les chauffeurEs d'autobus du RTC et les employéEs de garage de la STM. Et on ne parlera pas du sort réservé aux employéEs d'Olymel qui avaient eu le culot de refuser par trois fois une baisse de salaire net de 30%. Si on remonte plus loin, le bon peuple avait pesté contre les moyens de pression holé-holé des technicienNEs de Vidéotron en lock-out tout comme il avait réservé des doigts d'honneur aux mécanos des garages des concessionnaires automobiles, eux aussi en lock-out. D'aussi loin que je me souvienne, il n'y a eu que deux conflits de travail où les syndiquéEs ont eu la faveur populaire: les infirmières contre lulu en 1996 et les lockoutéEs du Journal de Québec cette année (et peut-être aussi les éducatrices de garderie). Deux ou trois conflits en 12 ans!
On pourrait penser que c'est idéologique. Après tout, tous les fabricants d'opinion sont systématiquement contre toutes les batailles syndicales en particulier. Mais ce n'est pas nouveau. Les médias ont toujours été contre le syndicalisme! Ce qui est nouveau c'est que le petit peuple a embarqué! Les syndicats ont leur tords, c'est clair. À force de vendre des actions du Fonds de solidarité au lieu de faire de l'éducation, à force de faire de la concertation au lieu d'entretenir leur vie associative, à force de traiter leurs membres comme des clientEs, ils n'ont pas aider leur cause. Mais nous, nous qu'est-ce qu'on fait?
Ceux et celles qui doivent travailler pour vivre doivent comprendre que «charité bien ordonné commence par soit-même». À chaque fois qu'un groupe de travailleurs et de travailleuses mangent une volée, c'est tout le monde qui écope. Parce que c'est l'accumulation des défaites syndicales qui explique qu'en 25 ans le salaire annuel moyen n'a augmenté que de 53$. Il faut savoir se tenir. Il faut remettre la solidarité à la mode. La solidarité, par définition, c'est inconditionnel, ça ne se négocie pas. La décence et le bon sens commande qu'on laisse chaque groupe de salariéEs déterminer pour lui-même quelles seront ses revendications et sa stratégie. Sauf que quand il y a une lutte, une bataille syndicale, il faut la soutenir. En parole et en acte. On niaise pas quelqu'un qui est sur le trottoir avec une pancarte, on le soutien sans condition.
Les riches sont riches parce que nous sommes pauvres. Ne l'oublions jamais. Ils nous font la guerre? Répliquons classe contre classe. C'est tous ensemble qu'on va se sortir de ce merdier. Il n'y a pas de solution individuelle.
3 commentaires:
Bonne analyse sur les responsabilités des syndicats dans leurs défaites.
Je me demande qu'est-ce que vous avez à défendre les syndiqués qui, malgré tout, sont les travailleurs avec les meilleures conditions de travail. Les vrais crève la faim dans tout ça sont les travailleurs autonomes, les femmes monoparentales qui bossent à l'épicerie etc. Certainement pas les cols bleus de la ville!
Il y a une marge énorme entre le public et le privé. Tout ce que je connais du travail, c'est des emplois minables sous-payés et précaire. J'échangerais ma place n'importe quand contre celle de n'importe quel syndiqué.
Premièrement, on ne fait pas que défendre les syndiquéEs! Nous sommes aussi très impliquéEs dans le mouvement populaire (plus que dans les syndicats, en fait). Donc, oui, on s'intéresse aussi au bas de l'échelle et le gros de notre travail se fait là.
Mais pourquoi défendre les syndiquéEs? À cause de notre analyse de classe. Concrètement, si ceux qui sont le plus équipés pour se défendre mangent une claque, alors les petits vont passer dans le tordeur. Et c'est effectivement ce qui se vit. Ensuite, parce qu'on se solidarise avec ceux qui se battent. Et dans le monde du travail, les seuls qui se battent, pour une raison évidente, sont les syndiqués.
Par contre, il faut voir que tous les syndiqués ne sont pas des gras dur. C'est une espèce en voie de disparition! Les travailleurs syndiqués ce sont aussi les femmes de chambres du Hilton (actuellement en négociation), les employés des épiceries et les caissières des caisses populaires. Pas juste des gros salaires, donc.
Il faut avoir aussi que le public ce n'est pas nécessairement la joie. Si on compare des oranges avec oranges, les syndiqués du public gagnent aujourd'hui moins que dans le privé pour des jobs équivalentes. La différence c'est la sécurité d'emploi (pour ceux qui l'ont, soit autour de 50% des effectifs). Je ne suis pas certains que tu serais très heureux avec une job dans le secteur de la santé, par exemple.
L'ennemi ce ne sont pas les syndiquéEs. Ce ne sont pas eux les vrais gras dur. L'ennemi ce sont les patrons, propriétaires d'entreprises, actionnaires, cadres et gestionnaires. L'ennemi ce n'est pas la classe moyenne qui se bat pour défendre son niveau de vie et ses avantages. L'ennemi ce sont les riches qui ont réussi à augmenter leurs revenus de 16% alors que ceux des pauvres chutaient de 20% et que ceux de la classe moyenne stagnaient.
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