Jeudi dernier, nos vaillantEs parlementaires ont votés à l'unanimité de laisser le crucifix là où il est, dans le salon bleu. La motion libérale se lit comme suit: «Que l'Assemblée nationale réitère sa volonté de promouvoir la langue, l'histoire, la culture et les valeurs de la nation québécoise, favorise l'intégration de chacun à notre nation dans un esprit d'ouverture et de réciprocité et témoigne de son attachement à notre patrimoine religieux et historique représenté par le crucifix de notre Salon bleu et nos armoiries ornant nos institutions.»
Voilà que le crucifix de l'assemblée nationale prend sa place dans notre «patrimoine religieux et historique». On pourrait penser que le crucifix est là depuis toujours, or, il n'en est rien. Les formations politiques traditionnelles du Québec, issues des rebellions patriotes, n'auraient jamais accroché un tel symbole en pleine contradiction avec leur idéal républicain. En fait, c'est Duplessis, lors de son premier mandat (en 1936) qui a accroché la chose.
L'ennui avec les traditions c'est qu'elles ne sont jamais neutres, elles sont toujours l'objet d'un choix politique. En choisissant de défendre le crucifix, les parlementaires choisissent dans notre histoire le courant réactionnaire et traditionaliste représenté par l'Union nationale. Ils auraient pu choisir autre chose, les patriotes, les rouges ou l'institut canadien par exemple (desquels, oh comble de l'ironie, les partis actuellement représentés descendent tous!), mais non.
L'histoire et la tradition sont des champs de batailles. Les élus ont choisi leur camp, le nier c'est nous prendre pour des imbéciles.
6 commentaires:
C'est ça la "laïcité ouverte" dont parle la Commission Bouchard-Taylor...?
Merci du commentaire clair!
Peut-être Pierre Curzy a-t-il dit la vérité. (Il était - volontairement- absent lors du vote). Il dit: chaque député ne voulait pas qu'un seul électeur vote contre lui lors de la prochaine élection parce qu'il aurait voté pour le retrait du crucifix. Le crucifix de l'Assemblée nationale n'est pas un objet/symbole historique ou patrimonial. Il est un objet politique.
Il y avait plus de gains à faire en termes de votes en confirmant la présence du crucifix qu'en le retirant. Ce crucifix est une business politique. Surtout dans une période où 3 partis se disputent la première place.
Jack
C'est le tout premier geste, la première réaction du gouvernement à la sorti de ce rapport. Ça commence bien...
Il y a également un crucifix dans la salle du conseil de ville de Québec. J'ai assisté à une séance du conseil où un citoyen a demandé à (l'ex) mairesse et aux conseillers municipaux de retirer l'objet en question. Évidemment, il n'en n'était pas question!
Par contre, il faut reconnaître que, lors de son premier mandat, le Rassemblement populaire avait réussi à éliminer la prière au début du conseil (elle a été remplacée par une minute de recueillement). C'est quand même un progrès...
(remarquez, la même chose a aussi été appliquée à l'Assemblée nationale et ça ne dispose pas de la question du crucifix)
Vraiment intéressant l'analyse de Nicolas et aussi le commentaire de Pierre Curzy.
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