mardi 9 juin 2009

Matière à réflexion



L'éditorial du numéro de juin de Courant Alternatif, mensuel de l'OCL, est à méditer à mon avis...

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Militer dans le champ des possibles, c’est espérer vaillamment que le monde peut et doit changer, c’est espérer que nous construirons ensemble un monde de répartition égale des richesses où chacunE aura sa place quelle que soit son identité, sa culture, sa langue et sa manière de fonctionner avec « les autres ».

Militer dans le champ des possibles, c’est être capable de lutter dans des mouvements sans en attendre qu’ils soient ipso facto ce que nous voulons qu’ils soient. C’est être assuré que ce qui forme nos doutes comme nos certitudes permettra de renforcer les forces de la lutte de la même manière que ces forces transformeront inévitablement nos capacités à agir, à réfléchir et à nous positionner. Dans ce sens, ce n’est pas les militantEs qui font les mouvements, mais bien les mouvements qui font les militantEs.

Militer dans le champ des possibles, c’est être capable de tirer des bilans de ce que nous faisons, d’être capable de poser des critiques sur nous, même sur les actes des militantEs qui nous sont proches, avec qui nous faisons des choses, « encartées » dans des organisations ou pas. Cela non pas pour « donner des leçons », entretenir des rancœurs tribales ou favoriser le pessimisme, mais bien au contraire pour renforcer ce qui nous est cher : le combat pour un monde meilleur fait de justice et d’égalité. C’est pour cela que nous préférons la critique au nivellement et le débat à la pensée toute faite. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de rapports normalisés, conduits par une certaine habitude de l’ordre des choses qui n’est rien d’autre qu’une forme d’intégration dans le champ politicard et une forme de résignation de l’idée de révolution. Militer dans le champ des possibles, c’est abandonner la volonté de reproduire un des nombreux modèles révolutionnaires que notre histoire nous offre comme étant l’unique voie. Militer dans le champ des possibles, c’est ouvrir tous les axes et toutes les brèches qui mènent à partager une conscience de classe, à remettre en cause les postures sexuées et à détruire les conséquences des imaginaires coloniaux. Militer dans le champs des possibles, c’est savoir que tout commence quand des « non » transpercent la foule, quand des envies de mener des batailles collectives prennent forme, quand on parle de politique plus que de raison, quand l’envie se mélange à la colère et quand la hargne rejoint le plaisir.

Enfin militer dans le champ des possibles, c’est aussi se faire à l’idée que la révolution que nous voulons partager ne connaîtrait pas de fin. Il y a aura toujours des champs des possibles qui s’ouvriront afin d’aller plus loin dans une meilleure gestion des rapports de production et une meilleure connaissance de nous même : de nos folies et de nos envies. Nous aurons à gérer l’équilibre de notre environnement naturel, nous aurons besoin de découvrir des connaissances dont nous avons réellement besoin, nous aurons la nécessité de déformer l’ordre moral pour entreprendre l’exploration de nos agréments et nous aurons à réapprendre que les autres sont des compléments et non des concurrents. Pour tout cela, nous n’avons pas besoin de modèle préétabli, nous avons besoin de luttes, de bilans, de critiques, de débats et d’audace.

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