mercredi 10 février 2010
Haro sur la Régie du logement !
Les deux principaux regroupements de défense du droit au logement, le FRAPRU et le RCLALQ, ont cognés coup sur coup sur la pôvre Régie du logement cette semaine.
La Régie du lentement
Hier, une vingtaine de militant-e-s menés par le Bureau d'animation information logement (le BAIL pour les intimes) rebaptisaient théâtralement le bureau de Québec de la Régie en Régie du lentement. Malgré leur sens de l'humour, les manifestant-e-s ont tout de même souligné que c'était on ne peut plus sérieux. Nicole Dionne, porte-parole du BAIL, explique que « le nouveau nom reflète la réalité de milliers de locataires en attente d’une audience. »
Les militant-e-s du BAIL en ont contre la lenteur des procédures à la Régie qui durent en moyenne 16 mois. « Quand les délais d'audience sont supérieurs à la durée d'un bail, cela équivaut à nier aux locataires le droit à un logement sécuritaire et en bon état » a expliqué Mme Dionne. Le BAIL revendique que toutes les causes urgentes, celles impliquant la santé et la sécurité, soient entendues dans un délai de 72 heures et que toutes les autres causes soient entendues sur la base du « premier arrivé, premier servi » et ce, à l'intérieur de 3 mois.
Mission impossible? Pas si le nombre de régisseurs est au rendez-vous. Les comités logement soulignent qu'il y a 10 ans la Régie entendait toutes les causes en dedans de 3 mois. Or, les coupures sont passées par là. C'est pourquoi le RCLALQ, le regroupement national du BAIL, revendique que le prochain budget du gouvernement du Québec prévoit des sommes pour embaucher un personnel suffisant pour que la Régie du lentement redevienne la Régie du logement.
L'action du BAIL s'inscrivait dans le cadre d’une journée d’actions régionales du RCLALQ. Des actions similaires se déroulaient simultanément dans cinq autres villes soit Hull, Montréal, Rimouski, Trois-Rivières et Valleyfield.
De plus en plus de cas de non-paiement de loyer
Aujourd'hui, c'est le FRAPRU qui se farcissait d'un second communiqué rageur prenant à partie la Régie du logement. Du côté des défenseurs de la veuve, de l'orphelin (...et du logement social) on «s’alarme de la hausse significative du nombre de causes de non-paiement de loyer à la Régie du logement». Et il y a de quoi!
Selon une compilation maison, basée sur les rapports annuels de la Régie, le nombre de causes relatives au non-paiement de loyer est passé de 39 942 en 2000-2001 à 46 818 en 2008-2009 à l’échelle du Québec, pour une augmentation de 17,2 %. [On a peut-être là une explication de l'allongement des délais!]
Dans toutes les régions du Québec, le nombre d'évictions augmente (parce que c'est là l'aboutissement logique de ce type de cause). C'est à Montréal que la hausse est la plus marquée, la métropole ne comptant que 40% des locataires de la province mais héritant de 48% des causes en non-paiement de loyer.
De ce côté, notre région s'en tire étonnamment « bien ». Selon le regroupement, le nombre de causes de non-paiement de loyer est demeuré à peu près le même qu’en 2006-2007 au bureau de Québec de la Régie. Le FRAPRU pense que la stabilité économique de la région y est pour beaucoup, en ajoutant que le nombre de causes y est tout de même de 4353.
Selon le FRAPRU, ce phénomène inquiétant n'est que la pointe de l'iceberg. François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, affirme que « le nombre croissant de causes de non-paiement de loyer est la pointe visible de l’aggravation d’un problème encore plus considérable, celui de l’incapacité de payer » : « Beaucoup d’autres locataires parviennent de peine et de misère à payer leur loyer, mais au détriment de leurs autres besoins essentiels, au premier chef, la nourriture.» À Québec, par exemple, 17 340 ménages locataires consacrent plus de la moitié de leur revenu au loyer selon les chiffres du dernier recensement (2006). Autrement dit, pour chaque locataire pauvre de Québec qui n'arrive plus à payer son loyer, et qui se retrouve à la Régie, il y en a 3 autres qui y arrivent malgré tout, souvent en se privant de l'essentiel.
C'est entre autre pour ça que le FRAPRU mène actuellement une campagne prébudgétaire sur le thème «c'est nous autres qui sommes dans le trou» dans le but d'éviter que le financement de nouveaux logements sociaux soit sacrifié sur l'autel de la lutte au déficit. Des manifestations simultanées seront organisées le mardi 23 février prochain, à 11 heures, devant les bureaux du premier ministre Charest à Sherbrooke, du ministre des Finances, Raymond Bachand, à Montréal et du ministre responsable de l’Habitation, Laurent Lessard, à Québec. À suivre...
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire