Québec à l'avantage de toujours posséder une presse populaire qui nous donne à lire autre chose que les niaiseries habituelles de la politique spectaculaire. On vous a déjà parlé de l'Infobourg, qui proposait la semaine dernière un dossier costaud sur les élections municipales, mais voilà que Droit de parole se met de la partie. Un texte en particulier, signé du vétéran des luttes urbaines Marc Boutin, se démarque par la réflexion plus poussée qu'il soulève. Le voici (vous pourrez lire le dossier au complet dans la copie papier du journal qui se trouve un peu partout en ville). Je vous laisse deviner de quel côté l'équipe de Voix de faits penche... ;-)
La politique et le politique
Dans la ville que nous voulons
Jean Bousquet, professeur de foresterie, Winnie Frohn, ex-conseillère, Véronique Laflamme et Réjean Lemoine ont répondu à l’invitation du groupe La ville que nous voulons pour un débat sur les élections municipales, tenu à l’ÉNAP devant une centaine de labeaumophobes (sic), mais en l’absence — remarquée — des deux quotidiens de Québec. Le public a eu droit ce soir-là à un échange digne d’être rapporté entre
l’ex-journaliste de Radio-Canada Réjean Lemoine et la militante du Comité populaire St-Jean-Baptiste Véronique Laflamme.
Par Marc Boutin
Seuls les politiciens peuvent agir
Pour Réjean Lemoine, si on ne fait pas le saut dans l’arène de LA politique, là où on peut espérer un jour exercer le pouvoir - dans le cas qui nous occupe, au Conseil de Ville de Québec - on risque, en tant que société de rater le bateau du changement. C’est de là qu’on peut agir sur son milieu de vie. Le message à peine voilé de Lemoine : la gauche têteuse et l’amicale des mécontents ont beau se plaindre, gémir et critiquer, si elles choisissent de gueuler à partir des gradins, elles laissent la glace à d’autres. Leurs efforts, si louables soit-ils, auront comme effet de laisser à la droite tout le loisir de changer les choses à sa guise.
Rien à espérer des politiciens
Pour Véronique Laflamme, ex-animatrice au Comité populaire St-Jean-Baptiste, il n’y a rien à espérer des politiciens, et c’est LE politique qui doit encadrer nos efforts militants. Par LE politique, elle entend la prise en charge de son milieu de vie, sur la base d’une démocratie directe exercée dans le cadre d’un groupe populaire autonome.
Même si, en agissant en dehors des cadres de l’État, on n’a pas directement accès aux leviers du pouvoir, l’histoire nous enseigne qu’aucun politicien ou parti au pouvoir ne peut résister à la pression d’un groupe assez nombreux de citoyens éclairés qui savent ce qu’ils veulent.
Une autoroute à la place de l’ÉNAP
Pour illustrer son propos, Réjean Lemoine donne l’exemple de l’auditorium de l’ÉNAP: «Ici même où nous sommes assis, rappelait-il, si Winnie et moi n’avions pas siégé au Conseil de Ville en 1990, à la place de cette grande salle publique et de l’Université du Québec, on aurait une autoroute à six voies, quelques gratte-ciel et un centre commercial quelconque».
Pour Véronique Laflamme, ce sont les citoyens de la rue St-Gabriel et ceux qui occuperont bientôt l’Îlot Berthelot qui donnent l’exemple à suivre. Les premiers ont réussi à conserver toutes les maisons de leur rue malgré la volonté «politique» de la Ville de les remplacer par une autoroute. Les seconds ont réussi à créer une coop d’habitation (L’Escalier) sur le terrain le plus convoité en ville à partir de leur propre initiative et par une action qui se situait en dehors de tout parti politique.
Et la dialectique dans tout ça!
Bien sûr, la vraie réalité se situe quelque part entre ces deux pôles. Le rapport entre le politique et la politique ne serait-il pas, comme toute chose, dialectique? Si le Comité des citoyens de l’Aire-10 (St-Roch) n’avait pas d’abord mis la table en luttant, maison par maison, pendant plus de dix ans contre la destruction du quartier chinois de St-Roch, l’autoroute de la Falaise aurait ravagé le coeur du quartier longtemps avant que Réjean Lemoine ou Winnie Frohn aient eu la chance de voter sur le sujet au Conseil de Ville. En revanche, sans l’achat de l’Îlot Berthelot par la Ville de Québec au prix de 1 million $, achat décidé à l’exécutif et au Conseil de Ville sur recommandation et avec l’appui du Conseil de quartier St-Jean-Baptiste, la réalisation de la coop L’Escalier n’aurait jamais été possible. On pourrait dire que ce soir là, à l’ÉNAP, les deux invités avaient raison, mais qu’ils présentaient chacun la réalité par le petit bout de leur lorgnette.
Définitions
Le politique : L’art de se mêler directement des affaires de la cité dans le cadre de la société civile et sur la base de sa libre citoyenneté, en dehors des rivalités électorales et des joutes parlementaires.
La politique : L’art d’exercer le pouvoir dans le cadre de la société d’État et sur la base de la démocratie représentative, en participant aux rivalités électorales et aux joutes parlementaires.
1 commentaire:
Bonjour chers collègues,
je suis aussi animateur et producteur à Ckia et comme je ne trouvais pas votre courriel, j'ai pensé vous écrire sur votre blogue.
J'aimerais vous proposer une petite chronique ponctuel sur un sujet contreversé, le Spice.
vous pouvez m'écrire à
leguerriermoderne88.3fm@gmail.com
Merci
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