Anarchisme, insurrections et insurrectionnisme.
Un texte intéressant écrit en 1996 par notre camarade Andrew Flood du Workers Solidarity Movement et qui vient d'être traduit en français.
L'insurrection - le soulèvement armé du peuple - a toujours été proche du coeur de l'anarchisme. Les premiers documents programmatiques du mouvement anarchiste ont été rédigés par Bakounine et un groupe d'insurrectionnistes républicains de gauche européens lorsqu'ils se rapprochèrent de l'anarchisme en Italie dans les années 1860. Cette démarche ne marqua pas une rupture avec l'insurrectionnisme mais avec le républicanisme de gauche, peu après que Bakounine eut participé à une insurrection à Lyon, en 1870.
La politique révolutionnaire européenne des cent années précédentes avait été dominée par des insurrections depuis que le succès de la révolution française en 1789 avait déclenché le processus qui aboutit au renversement de l'ordre féodal dans tous les pays. La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, avait montré le pouvoir du peuple en armes, et ce moment insurrectionnel a changé l'histoire de l'Europe alors qu'il mobilisa sans doute seulement quelques milliers de personnes.
Insurrection et politique de classe
1789 a aussi inauguré un modèle politique selon lequel, même si les travailleurs représentaient la masse des insurgés, c'était la bourgeoisie qui en recueillait les fruits et réprimait ensuite les masses lorsqu'elle mettait en place sa domination de classe. Cette leçon ne fut pas perdue pour ceux qui considéraient que la libération devait entraîner la libération économique et sociale de tous, et ne pouvait être réduite au droit d'une nouvelle classe à exploiter « démocratiquement » les masses.
Au cours des insurrections républicaines qui éclatèrent en Europe durant le siècle qui suivit, et en particulier en 1848, le conflit entre les capitalistes républicains et la petite et moyenne bourgeoisie, d'un côté, les masses républicaines de l'autre, devint de plus en plus aigu. Vers les années 1860, ce conflit aboutit à l'émergence d'un mouvement spécifiquement socialiste ; celui-ci comprit que la bourgeoisie républicaine n'allait plus combattre pour la liberté en faveur de tous, mais contre elle, y compris aux côtés des partisans de l'ordre ancien, si nécessaire. C'est l'expérience de l'insurrection polonaise de 1863, à la suite de laquelle il devint clair que les bourgeois républicains craignaient davantage une insurrection paysanne que la domination tsariste, c'est cette expérience donc qui convainquit Bakounine. Désormais le combat pour la liberté allait devoir être mené sous un nouveau drapeau - un drapeau qui chercherait à organiser les masses travailleuses uniquement pour leurs intérêts propres.
Les premiers anarchistes adoptèrent les nouvelles formes d'organisation ouvrière qui étaient en train de naître, et en particulier l'Association internationale des travailleurs, autrement dit la Première Internationale. Mais même s'ils reconnaissaient le pouvoir de la classe ouvrière organisée en syndicats, contrairement à la majorité des marxistes ils ne considéraient pas que cela signifiait que le capitalisme pouvait être réformé. Les anarchistes insistaient sur le fait qu'il faudrait encore des insurrections pour renverser la vieille classe dominante
Pour lire la suite
(via le blogue La Commune)
2 commentaires:
Juste pour signaler que j'avais traduit son texte Civilisation, Primitivism and anarchism sur l'endehors : http://endehors.org/news/civilisation-primitivisme-et-anarchisme
Bonjour,
Je trouve votre blog très enrichissant, je vous rejoins sur bien des points, ca change de tout ce que l’on peut lire habituellement. Bonne continuation et merci.
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