Je n'ai pas de fonds de retraite et je ne suis pas syndiqué, je paie des taxes et je mets des sous dans un REER. Bref, le bon citoyen lambda. Si j'en crois François Bourque et une panoplie de chroniqueurs, j'ai le profil type pour embarquer dans la croisade du maire contre les syndicats de la Ville. Imaginez-vous donc que les gens comme moi sont «doublement pénalisés»... En effet, en plus de voir nos REER perdre de la valeur (crise financière oblige), on risque une hausse de taxe pour renflouer le fonds de retraite des employéEs municipaux. Paraît que si je n'étais pas à côté de mes pompes, j'écrirais des lettres aux journaux et je m'inscrirais aux cols rouges.
«C'pas juste»
Seule une minorité de salariéEs, autour de 25%, ont un fonds de pension à prestation déterminé. Évidemment, l'immense majorité de ces gens sont des syndiquéEs, dont un bon nombre dans la fonction publique. Le reste des travailleurs et des travailleuses doivent se concocter une retraite tout seul, à l'aide de REER et autres «produits financier». La majorité n'y arrive d'ailleurs pas et devra se contenter des programmes gouvernementaux. Les chroniqueurs ont raison, ce n'est pas juste.
Face à cette situation, il y a deux possibilité. On peut choisir de frapper sur les «gras durs» (c'est-à-dire les salauds de syndiqués qui se ont négocié des conditions de retraite à peu près décentes). C'est la voie de la facilité. On peut aussi voir un peu plus loin et ouvrir l'ensemble de la question de la retraite.
Historiquement, ce sont les syndicats qui ont introduit l'idée même de fonds de retraite et de pension. Les premiers gains à ce chapitre ont été réalisés dans les grandes compagnies, à coup de grèves et d'occupations. Puis, comme pour presque tous les autres programmes sociaux, les syndicats ont obtenus que les gouvernements mettent sur pied un programme universel. C'était au début des trente glorieuses. À l'époque, les plans gouvernementaux venaient compléter ce que les syndicats avaient obtenus dans l'industrie et réchapper les salariés non couverts. Il était alors réaliste de penser que la majorité des gens pourraient se syndiquer et obtenir de bonnes conditions, incluant un régime de retraite.
Le problème c'est que depuis ce temps la situation de l'emploi s'est grandement détériorée. La précarité s'est installés et les avantages sociaux de type régime de retraite ne font plus autant sens qu'avant. Avec le temps, la question des retraites s'est individualisée avec des trucs comme les REER. Pourtant, on voit bien aujourd'hui que ça ne marche pas et qu'il est suicidaire de confier la retraite des gens à la bourse...
Les solutions d'hier et d'avant hier ne sont plus adaptées à la situation, c'est clair. On peut niveler par le bas et accroître les inégalités ou bien réformer le système au complet. Les syndicats, encore eux!, proposent par exemple de cesser de voir les régimes gouvernementaux comme «complémentaires» et de comprendre que c'est la base pour la majorité des gens. En conséquence, la pension devrait passer de 50% à 70% du salaire.
Trop de gens se retrouvent à la retraite avec le strict minimum (soit environ 12 000$ par an). C'est ça qui n'est pas juste. En fait, c'est même carrément honteux.
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