Toutes ces fois ou j'ai corrigé les journalistes

Des préjugés tenaces collent à la peau des libertaires. Il faut rester vigilant et prendre son chapeau de pédagogue à chaque fois qu'il est nécessaire pour démystifier l'anarchisme. Les journalistes ne sont pas immunisés contre la tendance aux raccourcis intellectuels. Après tout, la plupart sont des agents de reproduction du statu quo. Par contre, ils sont ouverts à la critique et y répondent de bonne foi.

Puisque c'est instructif et ludique à la fois, je vous livre quelques exemplaires de correspondance que j'ai eut avec des journalistes depuis 2010.

1. Libertaire = libertarien

De: Francois
Date: jeu. 25/02/2010 12:40
À: Giroux, Raymond
Objet : Libertaire?

Bonjour M. Giroux,
je vous écrit pour vous signaler une erreur dans votre chronique.

"Libertaire extrême, pour ne pas dire extrémiste, opposé à toute intervention de l'État dans l'économie, ce qui en faisait un bizarre ministre de l'Industrie"

Le mot que vous employez devrait être libertarien, ce qui est très différent de libertaire.

Merci

De: Giroux, Raymond
à Francois
date 25 février 2010 13:32
objet RE : Libertaire?

vous avez raison, merci!

Raymond Giroux

2. Hooligans = anarchistes

De: Francois
Date: 21 juin 2011 08:48
À: François Bourque
Objet: Anars respectables

Bonjour M. Bourque,
"Les émeutiers de la Coupe Stanley à Vancouver n’étaient pas des anarchistes professionnels ou des agitateurs au profil criminel".


En mettant les anarchistes avec les criminels, vous contribuez à renforcer les préjugés qui accablent les anarchistes. Un anar n'est pas un casseur. Il y en a même qui sont très respectables.

Merci

De: Bourque, Francois
date 21 juin 2011 09:04
À: Francois
objet Re: Anars respectables

Bonjour Monsieur
Merci de la précision. Le mot «anarchiste» que vous lisez dans mon texte est celui utilité par le Globe and Mail dans le texte que je citais sur cette question.

Je conçois très bien qu'un anarchiste ne soit pas un criminel. À moins de commettre un acte criminel.

Bonne journée
François Bourque

3. Des trottoirs anarchistes

From: Francois
To: Baillargeon Stéphane
Sent: Mon, 18 Jul 2011 09:55:43 -0400
Subject: Courriel envoyé par Francois

Bonjour,
dans le titre de votre article "Anarchie sur les trottoirs", je crois que vous confondez anarchie et désordre.

Au contraire, selon Élisée Reclus, l'anarchie « c'est l'ordre sans le pouvoir », « la plus haute expression de l'ordre ».

En faisant l'amalgame, comme plusieurs journalistes d'ailleurs, entre anarchisme et désordre, vous contribuez aux préjugés qui collent à cette idée politique.

Merci

De: Stéphane Baillargeon
À: Francois
Date: 18 juillet 2011 17:19
Objet Re: Courriel envoyé par Francois

Monsieur,
d'abord, merci d'avoir pris le temps de m'écrire.
Ensuite, deux choses. Un. Ce n'est pas moi qui fait les titres, bien que celui-ci me va: il reprend une expression de la première citation décrivant le comportement anarchique des montréalais qui agissent en désordre sur la route.

Deux. Ce n'est pas moi seul qui donne le sens au mot, ni vous d'ailleurs. L'anarchie peut bien être définie comme «l'ordre sans le pouvoir» par les anarchistes, pour bien du monde et selon une des acceptations courantes, c'est bel et bien du désordre et même parfois le pouvoir du désordre, comme dans les attentats anarchistes de la fin du XIXe. Les communistes souhaitent une faveur semblable en ne voulant pas qu'on associe totalitarisme ou terreur à leur idéologie. Mais vous savez, il faut toujours se méfier des idéologies. Les bucherons se désignent comme des amis de la forêt et les chasseurs comme des compagnons des bêtes sauvages...

Les anarchistes disent maintenant: nous, c'est l'odre sans le pouvoir. Ha oui? ou ça? Pour le reste de la société, c'est aussi la terreur, le non respect des lois, le désordre (:-)

Merci encore,
SBaillargeon


(Coriace défense mais je ne suis pas d'accord ;)

4. C'est pas l'anarchie au jardin St-Roch

De : Francois
Date : Sun, 30 Oct 2011 12:17:37 -0400
À : "Bussières, Ian"
Objet : En réponse au texte "PAS L’ANARCHIE AU JARDIN SAINT-ROCH"

Ce n'est pas l'anarchie au jardin Saint-Roch? Encore une fois les médias confondent anarchie et désordre.

Le très respectable prof de l'UQAM Normand Baillargeon a pourtant écrit un bouquin d'introduction à l'anarchie intitulé "L’ordre moins le pouvoir", inspiré d'un mot de Proudhon. Le penseur Elysée Reclus a même dit que "L'anarchie est la plus haute expression de l'ordre."

L'anarchie se résume à être "le refus de toute autorité illégitime", ce qui correspond très bien au mouvement des indigné-e-s qui rejettent précisément le pouvoir des autorités financières sur leur vie. Les indigné-e-s adoptent aussi plusieurs pratiques qui sont promues par les anarchistes depuis toujours: l'autogestion, la démocratie directe, la prise de décision par consensus, le féminisme, l'absence de dirigeant-e-s, l'abolition de la propriété privée (tout est à tous) et j'en passe.

Plusieurs anarchistes participent au campement des indigné-e-s place Saint-Roch. Les anars sont toujours là ou des fissures se forment dans la carapace du statu quo et dans lesquelles ils peuvent créer des espaces de liberté. Plusieurs indigné-e-s ne sont pas anarchistes, mais adoptent quand même ses postulats de base.

En réalité il serait plus juste de dire que c'est, littérallement, l'anarchie au jardin Saint-Roch.

De: Ian Bussières
À: Francois
date 30 octobre 2011 13:10
objet Re: En réponse au texte "PAS L'ANARCHIE AU JARDIN SAINT-ROCH"

Vous avez tout à fait raison. J'aurais dû utiliser le mot désordre ou chaos au lieu d'anarchie.

Désolé.

Ian Bussières