Celui qui s'offusquait de se faire traiter de voyou, le millionaire libertarien Pierre-Karl Péladeau, vient de faire une grosse découverte. «Je suis très surpris par ces chiffres», a répondu le roublard après qu'on lui ait fait remarqué que l'entreprise Quebecor représente a elle seule 54% des jours de travail perdus en raison de lock-out au Québec depuis 10 ans.
PKP a témoigné hier devant une commission parlementaire qui vise la "modernisation des dispositions antibriseurs de grève prévues au Code du travail".
Le chefaillon se dit lésé par les syndicats qui l'empêchent de faire tout ce qu'il veut: Pouvoir mettre à pied ses employés à volonté, regrouper les salles de nouvelles, etc. On remarque la rhétorique libertarienne. "La liberté c'est faire ce qu'on veut" sans se soucier des conséquences dramatiques que cette attitude amène sur la liberté des autres. Et la liberté des employés, elle? La liberté revendiquée par les libertariens est la leur et celle de personne d'autre.
PKP ne fait aucun cas de ses engagements non plus. Il y a dix ans, il avait dit vouloir continuer à soutenir la Presse canadienne, adhérer au Conseil de presse et maintenir l'étanchéité des différentes salles de rédaction de l'empire. Trois promesses bafouées.
Péladeau, face à des politiciens nationalistes, n'a pas hésité à exploiter cette carte. Le bourgeois le fait avec la subtilité d'un bouledogue dans une garderie. Il s’est présenté comme un «entrepreneur fièrement québécois à la tête d’une entreprise fièrement québécoise». Tous les nationalistes savent pertinemment qu'un québécois pure laine est moins méchant qu'un maudit anglais.
Les gazouillis de PKP ne parviennent néanmoins pas à couvrir le boucan causé par la dramatique injustice du lock-out au Journal de Montréal. Le code du travail avait été conçu entre autre pour empêcher l'utilisation des scabs sur les lieux de travail. Quebecor contourne cette norme en engageant des scabs qui bossent à l'extérieur! L'esprit de la loi est complètement bafoué "Mais je n'ai rien fait d'illégal" assure le petit chef en bois.
PKP délire. Il se voit même comme un défenseur de la prospérité des Québécois. «Notre rôle comme agent économique consiste à bâtir des entreprises solides afin que nous puissions participer à l'enrichissement de nos concitoyens et non à leur appauvrissement», dit-il. Ce n'est certainement pas de l'enrichissement culturel dont il est question ici. Les médias dont il a la propriété s'acharnent avec une vigueur militante à rendre les gens plus cons.
L'intervention de PKP est au diapason avec le discours du Conseil du patronat et de l'Institut Économique de Montréal. Une modification du code du travail ne se fera sans doute pas sans concessions à ces représentants des riches et puissants.
Notez que l'odieuse concentration de la presse au Québec, l'une des plus forte au monde, est une conséquence normale du système capitaliste. Les gros poissons mangent les petits poissons. Au bout du compte, il y en a de moins en moins. Au bout du cycle, les poissons qui restent sont les plus cannibales, vicieux et obèses. Ce principe vient d'ailleurs montrer l'éclatante inanité des thèses libertariennes disant que le "libre-marché" est un modèle économique parfait. La situation actuelle entre Quebecor et Power Corp ressemble en effet à un oligopole ou à un cartel plutôt qu'à une situation de compétition.
Autrement dit, c'est bien beau tenter de retoucher le Code du travail, mais les inégalités structurelles du capitalisme restent.
2 commentaires:
Les syndicats rendent le Québec improductif et empêchent les investissements de capitaux étranger...
Syndicat sont responsable de l'inflation, de la dette, des taxes, des impôts, des embouteillages, des nid de poules, du chômage, des congestions dans les urgences, ...
À force de secoué l'épouvantail des syndicats et du "communisme/socialisme", le patronna deviens pathétique. Bouhou, bouhou, bouhou, les méchants syndicats sont trop fort, ils m'empêche d'exploité mes employés librement.
PKP n'est pas un libertarien. Un libertarien ne se fait pas subventionner son Câlissée.
N'essayez pas de parler de libre-marché quand vous ne savez pas ce c'est!
Ceci dit, je suis en faveur des travailleurs dans ce conflit, comme dans tout conflit avec le privé.
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