N'ayant vraisemblablement pas peur de se couvrir de ridicule, la passionaria de la droite ajoute que «les centrales syndicales devraient se recentrer sur leur mandat, qui est de défendre leurs membres, et non de faire du lobbying auprès du gouvernement Charest». «L'argent des cotisations, c'est pour défendre les membres, a-t-elle avancé au scribe du Soleil. Ce n'est pas pour faire des pressions sur le gouvernement pour lui dire comment dépenser l'argent des contribuables québécois.» Voilà qui dénote une ignorance crasse du fonctionnement syndical de la part de celle qui fait pourtant métier de pourfendre le syndicalisme!
N'importe qui le moindrement au fait de l'histoire syndicale nord-américaine sait que les instances syndicales géographiques, par opposition aux structures industrielles ou de métiers, ont précisément été fondées pour faire des représentations auprès des paliers de gouvernement correspondant. Les centrales québécoises ont été justement été mises sur pied par des syndicats locaux et internationaux pour faire pression sur le gouvernement québécois. C'est là leur raison d'être. Pour en savoir plus, on peut se référer aux différents ouvrages de Jacques Rouillard parus chez Boréal ou VLB.
Par ailleurs, si les libertariens veulent parler de l'utilisation des cotisations syndicales, pas de problèmes. Mais alors il faut tout mettre sur la table. On pourrait parler, par exemple, du statut «d'oeuvre de charité» de l'Institut économique de Montréal et des reçus d'impôts qu'il peut fournir aux patrons qui le financent. Ça me semble au moins aussi indécent.
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Illustration: Le Manifeste au Peuple du Québec adopté au congrès de Joliette de la Fédération des unions industrielles du Québec (un ancêtre de la FTQ) en 1955. C'est pas d'hier que les centrales utilisent les cotisations des membres pour faire de la politique!
1 commentaire:
Madame Marcotte n'a aucune idée à quel point cette initiative fait largement consensus auprès de tous les syndicats CSN. On entend des gens de la base dire que la confédération est timide, qu'elle n'en fait pas assez pour contrer la droite. D'autres saluent l'initiative y voient le début d'un mouvement encore plus vaste. Combien souhaiteraient que les centrales et le mouvement social d'opposition au budget Bachand puisse s'unir ? Ils sont nombreux à le dire dans les instances appropriées.
Ces travailleurs syndiqués qui gagnent de bons salaire, mais pas assez pour en mettre dans les abris fiscaux, sont ceux qui assument la majeure partie du financement de nos services publics par leurs impots et leurs taxes. Évidemment en ce sens il est logique et vrai que plusieurs membres des centrales syndicales souhaitent que l'État soit rigoureux dans la façon de gérer les services publics. Cela aussi se fait entendre dans les lieux ou cela est utile de le faire. Mais après 7 ans de gouvernement Charest, qui s'est fait élire la première sur un programme très à droite, qui peut prétendre que la gauche a le monopole des erreurs de gestion ?
Je n'ai toutefois jamais entendu prétendre sérieusement qu'utiliser ses cotisations pour défendre l'assurance-maladie universelle ou une éducation publique de qualité dont eux et leurs familles bénéficient grandement, comme tous les citoyens, était une hérésie. Ni évidemment à contrer leurs volontés de briser les syndicats.
Madame Marcotte demande aux centrales de se limiter à défendre les intérêts de leurs membres.
Premièrement c'est ironique venant d'elle qui clame toujours que les syndicats se foutent de l'intérêt public et ne pensent qu'à la poche des salarié-es.
Deuxièmement les centrales et les assos étudiantes représentent pas loin de 3 000 000 de québécois parce qu'il faut compter aussi leur famille. A eux s'ajoutent une très grande partie des citoyens qui ne sont pas dupes des jeux de mots de la nouvelle vieille droite et qui tiennent à leurs services publics.
Ça commence à faire pas mal de monde pour une clique de privilégiés.
Enfin, cette droite y va à fond la caisse, et ce depuis plusieurs années, en lobbying agressifs, financé par les sources «neutres» de la très grande entreprise, en particulier par celles qui ont objectivement intérêt à saboter l'État, par exemple les pétrolières qui veulent opérer leur oligopole en toute liberté, les minières qui veulent pas se faire chier avec les enquêteurs, le génie-conseil qui veut moins de fonctionnaires pour regarder son dossier, les grands cabinets d'avocat qui préfèrent profiter des trous, les firmes comptables, les compagnies de tabac, le secteur sécuritaire et militaire, les communications, les assurances privées, les pharmaceutiques.
L'IEDM est en cette matière effectivement délirant.
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