Dico anti-étatiste : « Le fédéralisme »
L’État moderne est une construction historique qui émerge progressivement avec la monopolisation par un pouvoir central de certaines fonctions (armée, police, justice, fiscalité, monnaie…). Au cours des époques médiévale et moderne, les seigneurs locaux perdent peu à peu ces prérogatives au profit du pouvoir royal. Ce phénomène de centralisation du pouvoir s’accompagne de la mise en place d’une administration de plus en plus développée, nécessaire pour affirmer le pouvoir hiérarchique central sur les régions périphériques. L’État peut donc être défini comme une forme d’organisation politique centralisée et hiérarchisée.
À cela, les anarchistes ont opposé un autre mode d’organisation du politique, le fédéralisme, dont Proudhon proposa une théorisation dans Du Principe fédératif (1863). Le fédéralisme libertaire doit être soigneusement distingué du fédéralisme tel qu’il existe dans un certain nombre d’États actuellement. Le fédéralisme, tel que le définissent les juristes, suppose que l’État central garde toujours plus de pouvoir que les régions. Or le fédéralisme libertaire correspond à la notion juridique de confédération (à noter qu’en réalité la Suisse au sens strict n’est pas une confédération malgré son nom, mais une fédération). Dans la confédération, l’échelon le plus local garde toujours plus de pouvoir que le niveau supérieur. Ainsi le fédéralisme libertaire constitue-t-il une forme d’organisation de bas en haut qui partant du quartier, irait jusqu’à une fédération mondiale. Il implique des formes de démocratie directe au niveau des quartiers qui élisent des délégués, qui, à la différence des représentants de la démocratie représentative, respectent un mandat impératif ou semi-impératif, articulé à des formes de contrôle régulier de leur action qui peut aboutir à leur révocation.
Le fédéralisme libertaire a pour fonction d’établir un équilibre entre plusieurs principes opposés. Il s’agit en effet de penser l’articulation entre l’autonomie de l’échelon le plus local et la solidarité. Ainsi, le fédéralisme libertaire est-il censé permettre d’éviter par exemple d’aplatir les spécificités culturelles régionales dans un internationalisme unificateur tout en s’opposant aux replis identitaires. De même, le fédéralisme proudhonien du point de vue politique a un pendant économique qui est le mutualisme. Il s’agit donc de penser l’autonomie de décision de l’échelon local tout en affirmant la solidarité économique des diverses régions entre elles. Ceci distingue le fédéralisme libertaire de nombre de revendications régionales d’autonomie émanant de régions riches actuellement (Flandre, Catalogne, Italie du Nord…) qui constituent un moyen de s’exonérer de toute forme de péréquation économique avec les régions plus pauvres.
Irène (AL Paris-Nord Est)
Extrait du numéro de mars du mensuel Alternative libertaire.
3 commentaires:
En effet, vous n'êtes pas fédéraliste au sens où on l'utilise d'habitude. Même si personnellement, je considère que la forme d'organisation la plus légitime est constituée de consensus à la plus petite échelle possible.
Mais trouvez-vous moins pire le fédéralisme canadian qu'un Québec séparé?
Bonnet blanc et blanc bonnet.
Donc le Canada indépendant est bonnet blanc et blanc bonnet face à son annexion avec les USA?
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