dimanche 16 janvier 2011

L’imposture libertarienne dénoncée par les libertaires p.1/4

Le texte qui suit fait partie d'un document sans prétention qui constituerait une modeste analyse de la droite populiste. Vous êtes fortement invités à le commenter dans la section prévue à cet effet. Vos commentaires pourront certainement avoir un impact sur la version finale. Il sera publié en plusieurs morceaux dans les jours qui viennent. Il ne représente que les opinions de l'auteur. 


L’imposture libertarienne dénoncée par les libertaires p.1/4
Table des matières
La droite
Un portrait
Leurs idées
Libarté, je crie ton nom partout!
Plus de liberté, vraiment?
Liberté d’expression
La liberté des anarchistes
La liberté des riches
Le pire ennemi: L’État ou le privé?
L’efficacité
La dette
Leurs modèles
Duplessis
La Bolivie
Le Chili
La Somalie
La défense de l’identité québécoise
Le féminisme c’est dépassé
Discours des classes aisées récupérée par la classe populaire
Sous-représentativité dans les médias
D’autres idées moins avouables
Un début d’extrême-droite?
Leurs buts
Pourquoi notre discours ne passe pas
Ça vas-tu aider un parti en particulier?
La réponse des libertaires
Dénoncer l’imposture
Réinvestir le débat
Conserver nos acquis
Revendiquer le terrain
Se radicaliser

La droite



Un vent de droite souffle sur le Québec. En moins de quelques mois, le Réseau Liberté Québec et Force Québec se sont imposés dans le paysage. L’institut Économique de Montréal continue en douce de passer sa propagande dans les médias traditionnels. L’équipe du journal de Montréal subit un lock-out d’une longueur historique. La droite domine au parlement. Aux élections, vous avez le choix entre la droite droite, la droite ou la moyenne droite. Visiblement, on s’en va droit dans le mur.

Un portrait

Ils sont politiciens élus ou non, chercheurs dans des think thanks, écrivains ratés, professeurs de cégep, soi-disant économistes. Leurs alliés sont le Journal de Montréal, le Journal de Québec, CHOI, le FM 93,3, Quebecor, TVA, V, l’Institut Fraser, le Manning Center, les frères Koch. Le profil type de leur auditoire est un homme dans la mi-trentaine, travailleur du privé, qui n’a jamais connu une expérience militante. Ils reconnaissent une certaine parenté avec le Tea Party étasunien.


À regarder l’ensemble de l’occident, on constate que les idées de droite sont dans le vent. On remarque même une certaine poussée de l’extrême-droite en Europe. Mais quelles sont les idées qui les motivent? Pourquoi est-ce que leur discours réussit à percer? N’est-ce pas un légitime sentiment de haine qui anime leurs acteurs? Pourquoi est-ce que la gauche plafonne? Quelles sont les réponses des libertaires? Ce sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre.

Leurs idées

Libarté, je crie ton nom partout!

La liberté est définitivement un thème phare des droitistes. Mais à force de crier liberté, on finit par perdre de vue une question fondamentale: Qu’est-ce que c’est exactement? Nous allons avoir des surprises en tentant de répondre. En effet, nous verrons que parfois, dans l’esprit tordu d’une personne de droite, la liberté peut rimer avec esclavage.

Plus de liberté, vraiment?

Les libertariens se disent les vigoureux défenseurs de la liberté individuelle. Sur toutes les tribunes, ils conspuent le pouvoir hégémonique d’un État qui réglemente et légifère tout en limitant les libertés. Dans un discours à l’Institut Économique de Montréal, Maxime Bernier a déclaré que si l’industrie de la construction était corrompue, c’était à cause des réglements: “Plus un gouvernement réglemente, plus il y a de la corruption” (La construction est trop réglementée, Le Soleil, 23 novembre 2010). Contre cet État tyrannique, les libertariens proposent de plutôt suivre les aléas du libre marché, de la main invisible, qui réglerait toutes les inégalités toute seule grâce aux lois de la concurrence.


Les libertariens ont une conception qu’on peut donc expliquer comme ceci: L’entreprise privée doit faire ce qu’elle veut sans contrainte. L’État ne doit se résumer qu’à faire appliquer les lois de base, si État il y a. Mais qu’arrive-t-il lorsque cette liberté empiète sur celle des autres, brimant leur liberté? Mystère et boule de gommes. Vous vous réveillez au petit matin avec une pompe à gaz de shale dans votre cour? Déménagez voyons, vous nuisez à la compétitivité. Autre question. En quoi est-ce que la tyrannie du pouvoir de l’entreprise privée serait-elle préférable à celle du gouvernement? La aussi, silence radio. En quoi est-ce que les contrats abusifs contraignant pendant plusieurs années les détenteurs de téléphones cellulaires seraient mieux qu’un équivalent public?


Les libertariens ont une conception de la liberté qui les conduits ultimement à cautionner l’esclavage. Normand Baillargeon, dans son livre L’anarchie moins le pouvoir, dit ceci “La liberté des anarcho-capitalistes (autre nom pour les libertariens) est la liberté individuelle qui consiste dans le fait de n’être pas entravé: c’est la liberté dite négative, conçue d’une manière purement individuelle [...]. Or cette liberté, qui ignore tout des circonstances de son exercice, est d’une confondante pauvreté. Le salarié contraint de se vendre y est présumé libre. La liberté des anarcho-capitalistes est celle du renard libre dans le poulailler libre [...]. C’est la liberté qui s'accroît avec l’esclavage d’autrui”.


Cela tient de la différence entre la liberté positive et négative. La liberté négative, ou libérale, est définie par la suppression des interdictions. L’individu n’a pas à subir aucune sorte d’ingérence. En contrepartie, la liberté positive reconnaît que des ingérences existent, tend vers leur disparition mais préserve celles qui empêchent de subir de la domination. Ça explique pourquoi les libertariens préfèrent une liberté négative: Pour eux, la société n’existe pas. Nous sommes tous des individus seuls et égoïstes. Pourquoi alors se préoccuper d’empiéter sur la liberté des autres?


Cette liberté est celle des privilégiés qui peuvent se permettre des choses que les autres ne peuvent pas se payer: l’école privée, la clinique privée, la police privée etc. Petit à petit, la liberté en vient à désigner la possibilité de dicter ses volontés aux autres. C’est la liberté des riches.

En bref, la notion de liberté défendue par les droitistes est frauduleuse.

6 commentaires:

David Gendron a dit…

C'est très bien, mais l'usage du terme "libertarien", sauf pour le paragraphe citant Baillargeon (ou je suis d'accord avec lui), est démagogiquement abusif, et devrait être remplacé par "droite".

De plus, il n'y a pas de droite-droite, mais un parti de drouate, deux partis de centre-drouate et un parti de gau-gauche.

Un vrai libertarien est contre la méthode actuelle d'exploitation du gaz de shit ou de shale. Lisez ceci avant de dire n'importe quoi...

http://www.leblogueduql.org/2010/12/gaz-de-schiste-oui-a-un-moratoire.html

David Gendron a dit…

"Dans un discours à l’Institut Économique de Montréal, Maxime Bernier a déclaré que si l’industrie de la construction était corrompue, c’était à cause des réglements: “Plus un gouvernement réglemente, plus il y a de la corruption” "

Sur ce point, Bernier a tout à fait raison. J'ose croire que des anarchistes ne pensent pas le contraire...

Anonyme a dit…

Alors enlevons les feux rouges comme cela plus personne ne les brulerons.

Francois a dit…

Enlever tous les feux? Bel exemple de liberté négative. On y revient dans la partie 2.

Francois a dit…

En fait non, après vérification la conception de liberté négative est expliquée dans cette partie.

Anonyme a dit…

Ça tombe à point ton texte, j'avais justement ouvert mon ordi dans le but de faire une petite recherche là dessus. Merci!

Alex