mardi 4 janvier 2011

Québec : ville polarisée

Page couverture choc du Soleil ce matin : «Québec n'est pas la capitale de la droite». Euuu, de cossé?

Cet hiver, montée de la droite oblige, les médias ont commandés beaucoup de sondages pour savoir où se situaient les québécois-es. Les résultats furent pour le moins ambiguës. Selon Le Devoir, les québécois-es ont le coeur à gauche mais le porte-feuille à droite. Le quotidien indépendant concluait que la population était divisée à peu près équitablement sur l'axe gauche-droite mais que c'était les priorités de la droite qui l'emportait. Pour ne pas être en reste, le Journal de Québec avait commandé un sondage similaire qui avait plutôt conclu que «le Québec porte à gauche».

Et là, voilà que Le Soleil se met de la partie et repose aux gens de Québec les mêmes questions que Le Devoir avait posé à la grandeur de la province. Grande révélation, les habitant-e-s de la région ne sont pas beaucoup plus à droite que le reste de la province. Par contre, les opinions sont ici un peu plus tranchée.

Selon le dossier publié, 20 % des gens de la capitale se considèrent comme à gauche, contre 14 % pour l'ensemble du Québec, tandis qu'à l'autre bout du spectre, 17 % se situent à droite, contre 9 % dans la province, alors que 64 % se placent au centre, une proportion qui atteint 78 % dans le sondage panquébécois.

En posant des questions sur des enjeux précis, on arrive à un portrait encore plus polarisé. Toujours selon le dossier du Soleil, concernant la stratégie à adopter pour améliorer la situation au Québec, 37 % des répondants pensent qu'il faut «chercher le meilleur équilibre possible entre la répartition de la richesse par l'État et la création de la richesse par les entreprises», 31 % préfèrent «renforcer les programmes sociaux pour réduire l'écart entre les riches et les pauvres», alors que 30 % pensent qu'on devrait «donner plus de liberté aux entreprises privées pour qu'elles puissent créer plus de richesse».

Bref, y'en a pas de consensus! Pas plus, d'ailleurs, que sur la question de l'intervention de l'État et des impôts (46 % des répondants pensent qu'on devrait «maintenir le rôle de l'État et les impôts à leur niveau actuel», 44 % estiment qu'il faudrait plutôt «diminuer à la fois le rôle de l'État et les impôts» et seulement 7 % pensent qu'on devrait «renforcer le rôle actuel de l'État quitte à augmenter les impôts»).

(source)

Bien sur, ce n'est qu'un sondage. Mais ça montre que la situation est peut-être moins désespérée qu'on pourrait le penser. Reste à savoir si ces résultats sont le reflet d'une certaine résilience des idées de gauche, au sens large, ou alors simplement un instantané pris pendant l'inexorable montée de la droite.

Une chose est sure cependant, si les positions de centre et de droite sont bien représentées dans la région [on peut penser respectivement au couple Soleil-Radio-Canada d'un bord et aux radios poubelles et au Journal de Québec de l'autre], il en est tout autrement des positions de gauche ce qui rends l'écho qu'elles encore plus surprenant.

La droite s'organise, on l'a vu. Pour faire face, il faudra aussi que la gauche se déniaise et passe à l'offensive. En ce sens, la création toute récente d'une large coalition regroupant l'essentiel des forces sociales le moindrement combative --incluant notre collectif-- est une très bonne nouvelle. Parce que si on ne peut pas compter sur les médias mainstream, il va falloir faire jouer la force du nombre et de l'organisation. Comme d'hab...

4 commentaires:

David Gendron a dit…

C'est normal, à Culbec City, il y a plus de fonctionnaires à gau-gauche, donc plus de gens qui haïssent les fonctionnaires à drouate.

Anonyme a dit…

Deux gros bémols viennent toutefois invalider ces chiffres, et conséquemment toute interprétation qu'on peut en tirer :

1) Les études ont été réalisées par deux firmes marketing distinctes (Léger pour la 1ère, Segma pour la 2ième) qui n'ont manifestement pas utilisé la même méthodologie, sauf pour semble-t-il 2 ou 3 questions. Pour comparer les questions, on peut lire le questionnaire de Léger Marketing en ligne ; pour Segma, rien n'est en ligne, alors on déduit à partir des articles de journaux :).

2) Ensuite, l'auto-identification est très subjective et vient biaiser les résultats. Un autre sondage réalisé hier illustre bien cette réalité : 38% des répondant-e-s situent Labeaume au centre, et 14% à gauche!

Enfin, un dernier bémol irréductible - mais qu'on oublie bien trop souvent par prétention - est celui de la marge d'erreur. Non seulement est-elle élevée (4,7%), mais en plus il y a toujours une chance sur vingt que ces résultats soient complètement faux (le fameux 19 fois sur 20, c'est ça que ça veut dire : on se trompe 1 fois sur 20).

- Thomas

Anonyme a dit…

Et il ne faudrait pas oublier un autre bémol : le nombre important de personnes qui «ne savent pas» et qui ont «refusé de répondre». Ça dépasse quand même le 40% (pour Léger marketing). 40% sur 425 personnes interviewées, ça fait beaucoup de monde!

Anonyme a dit…

Il faut aussi tenir compte du fait que la plupart de ceux qui répondent à ces questions, même s'ils se disent à droite ou à gauche, ne savent pas ce que c'est que la droite ou la gauche...