La manif de Québec (Photo : Voix de faits) |
La Manif de Montréal (Photo: André Querry) |
Plus de 30 000 personnes ont pris la rue dans des manifestations familiales à Montréal, Québec, Alma et Sherbrooke (entre autre) pour appuyer la grève étudiante en cours. La CLASSE, principal regroupement de grévistes, avait demandé l'appui des profs, des parents, des syndicalistes et du monde du communautaire... et ça a marché. En fait, c'est même historique.Une partie de la foule à Montréal. L'estimation de la police, 5000 personnes, reprise par plusieurs médias est ridicule. Photo : André Querry. |
Une mobilisation historique
Le mouvement étudiant québécois, surtout en temps de grève, a réussi à de multiples reprises à mettre des dizaines de milliers d'étudiant-e-s dans les rues. De même, la cause étudiante a souvent eu un soutien populaire important (les sondages en 2005, par exemple). Toutefois, c'est la première fois de toute son histoire que le mouvement étudiant réussi à traduire cet appui par une importante manifestation de rue. Nous avions souligné la présence de milliers de personnes pas étudiantes mais solidaires le 10 novembre dernier. Cette fois c'est différent, selon Cyberpresse, «les jeunes d'âge universitaire sont en minorité dans la foule. Les poussettes sont légion.» (c'était aussi le cas à Québec). Ça, c'est du jamais vu! La lutte de la CLASSE est en train de se transformer en... lutte de classe.
Désinformation
Face à cette mobilisation historique, une bonne partie des médias sombre dans la désinformation. Radio-Canada, par exemple, tente de minimiser l'ampleur de la manifestation. À Montréal, ils parlent de 5000, à Québec de 400. Comme on peut le voir avec la photo ci-haut, c'est complètement ridicule de parler de 5000 à Montréal et, comme on peut le voir avec la vidéo ci-bas, c'est ridicule de parler de 400 à Québec.
Une solidarité d'un nouveau genre
Environ 1 500 personnes ont pris part à la manifestation à Québec. Pour une manifestation locale marquée à gauche, c'est gros. Dans une région où la grève n'a pas (encore?) levée dans les cégeps, c'est même énorme. Qu'est-ce qui c'est passé? On dirait bien que c'est toute la gauche sociale de la ville qui a décidé de prendre la rue en appui aux étudiant-e-s. Bien sur, les groupes populaires et les syndicats ont mobilisé et le patient travail de coalition des deux dernières années a payé mais ce n'est pas l'élément déterminant même si c'est important. En effet, le principal moteur de la contestation à Québec, la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics n'a encore jamais été capable de mettre plus de 500 personnes dans la rue.
La grosse différence avec les dernières grandes mobilisations c'est que cette fois les gens se sentent personnellement concernés. Le monde ne venait pas faire «acte de présence», tout le monde sentait que c'était important d'être là. Sauf exception, les gens n'étaient pas là «en groupe» mais plutôt «en famille», avec des pancartes artisanales sans logo d'organisation. Pour retrouver le même état d'esprit dans la région, ce n'est pas vers les luttes sociales qu'il faut regarder mais vers les mobilisations contre la guerre en Irak.
Le même phénomène se vit aussi au niveau national. Pour le meilleur et pour le pire, les gens sentent qu'un appui passif, via leurs organisations de masse, est insuffisant parce que déconsidéré d'emblé par les médias et les politiciens. Par exemple, l'appui des syndicats de profs est connu depuis longtemps. Mais ça n'a rien changé au rapport de force des étudiant-e-s. C'est la création de réseaux de «profs contre la hausse» dans toutes les régions, basés sur la signature individuelle de manifestes, qui a changé la donne. Là, tout d'un coup, ce n'était plus banal et convenu, ça devenait un vrai appui personnel que les profs donnaient aux étudiant-e-s. Cette initiative qui fait boule de neige (parents contre la hausse, juristes contre la hausse, etc.) est en train de réinventer l'action collective et de lui redonner sens.
Pourquoi appuyer les étudiant-e-s?
Photo: Phébus |
Nous sommes pour que les individus soient libres et égaux. Or, dans le système capitaliste, c'est un secret de polichinel que certains sont plus égaux que d'autres. Pour corriger ça, il n'y a que la justice sociale et l'accès à l'éducation en est un élément clef.
L'éducation n'est pas une marchandise. L'éducation est un outil d'émancipation et d'épanouissement individuel. C'est non seulement un droit mais un acquis de civilisation. La seule façon de le préserver c'est de garantir l'accessibilité. La gratuité scolaire, c'est un pas dans la bonne direction.
Remercions la CLASSE de nous rappeler qu'on est pas obligé de s'écraser et de prendre notre trou, que l'on peut encore se battre contre les pourris qui nous gouvernenent.
4 commentaires:
À la manif du COBP y'avait entre 4000 et 5000 manifestants dans les rues de Montréal selon le SPVM et selon les CCRPP environ 2000-3000. C'était la première fois que la police selon moi gonflait le nombre de la foule pour surement mieux se donner la légitimité de nous taper la gueule. Bien entendu, cela n'avait rien d'idéologique ou de stratégique. Bande de connards!
É.d.V.
Jamais vu une telle disparité en terme de proportion entre l'évaluation de foule des organisateurs et celle de la police.
Commande du gouvernement Charest?
Sans être une commande directe, cela me semble un réflexe psychologique des tenants de l'ordre futile pour minimiser le pouvoir de changement social et manipuler l'imaginaire du peuple. Dévaluer pour mieux gouverner. D'un coup que ça déborde l'honnête-homme que sont les Bock-Côté de ce monde.
É.d.V.
Bonjour
Les indignés du Québec vous soutiennent dans votre lutte. Etudiants, travailleurs, boomers et aînés tous unis pour une vraie démocratie au Québec. Nous vaincrons car nous sommes les 99% !
http://indignesduquebec.e-monsite.com/
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