Moi aussi j'aime les américains...

Le sinistre Mathieu Bock-Côté pond aujourd'hui un bien curieux texte pour un nationaliste : «Si les ricains n'étaient pas là...» Il y fait une apologie, de droite évidemment, de «l'empire bienveillant» américain. Selon lui, la gauche est nécessairement anti-américaine. Or, c'est faux. Anti-impérialiste, la gauche, certainement! Mais surement pas anti-américaine. Moi, en tout cas, je l'aime bien l'Amérique. En fait, comme Bock-Côté, j'en aime certains cotés, c'est juste pas les mêmes que lui, ni pour les mêmes raisons...



J'aime l'Amérique parce que, contrairement au Canada, elle a fait sa révolution quand c'était le temps. Non seulement cela mais elle reconnait à son peuple le droit à l'insurrection.

J'aime l'Amérique de la démocratie directe et des «town hall meetings»,

J'aime l'Amérique parce qu'elle est allée jusqu'à la guerre civile sur une question de principe : l'abolition de l'esclavage. Bon, ok, il n'y avait pas que ça en jeu mais, tout de même.

J'aime l'Amérique parce qu'elle a su développer un socialisme indigène. J'aime l'Amérique parce qu'elle a généré des Daniel DeLeon, des Voltairine DeCleyre, des Lucy Parson, des Emma Goldman et même des Chomsky, des Zinn et des Bookchin.

J'aime l'Amérique parce qu'elle nous a donné le syndicalisme nord-américain et le Premier mai. On mesure mal l'importance du syndicalisme international (i.e. américain) dans l'émergence du syndicalisme québécois, que ce soit par émulation directe (FTQ) ou en réaction (CSN). Ah, et on leur doit aussi la formule Rand, directement inspirée du «dues check-off».

J'aime l'Amérique parce qu'elle a inventé la désobéissance civile (Thoreau), qu'elle a produit l'un des premiers «nouveau mouvement social» basé sur l'action directe, le mouvement pour les droits civils, et tous les autres dans la fouée (femmes, LGBT, minorité, etc.).

J'aime l'Amérique qui a inventé l'action communautaire autonome dans les quartiers pauvres de Chicago.

J'aime l'Amérique qui reconnait l'existence de discrimination systémique et qui invente la discrimination positive.

J'aime l'Amérique qui a inventé la «Nouvelle gauche» et les hippies qui ont stoppé la guerre au Vietnam.

J'aime l'Amérique qui a plus de logement sociaux par habitant-e-s que le Canada.

J'aime l'Amérique qui a inventé le programme pédagogique en vigueur dans nos CPE...

Vous voulez vraiment que je continue? J'aime l'Amérique de gauche et, comme les américain-e-s de gauche, j'aime pas l'Amérique des patrons...