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vendredi 20 juillet 2012

À propos de l' ''anarchisme'' de la CLASSE

Repris de nos camarades du collectif UCL de Montréal : Un article publié par un camarade dans Le Devoir d'aujourd'hui,  en réaction à un autre article écrit quelques jours plus tôt.

Quelle ne fut pas ma surprise en lisant Le Devoir du 11 juillet de tomber sur la lettre signée par Louis Fournier, ce « vieux de la vieille ». Monsieur, qui se plaît à rappeler son statut de journaliste et de syndicaliste, nous offre un charmant petit billet… antisyndical et bien peu journalistique !

jeudi 8 décembre 2011

Manif contre l'accord de libre-échange avec l'Europe: Tout baigne pour l'élite

Les accords de libre-échanges sont honteux. Fortement maculés de la semence néo-libérale, ils visent essentiellement à mettre en vente les services publics et les ressources naturelles à des intérêts privés. Disons le carrément, ces traités sont des crimes odieux.

vendredi 19 août 2011

[Pause kit-kat] «L'esprit de combativité» (2)


Le documentaire «Chartrand, le malcommode» est maintenant en ligne sur le site de TéléQuébec. Ça vaut vraiment la peine de le voir (surtout l'entendre en fait).

On se rend compte en le regardant que Michel Chartrand n'a pas commencé syndicaliste, socialiste et révolutionnaire, il l'est devenu. Michel Chartrand s'est radicalisé, a progressivement haussé le ton. C'est carrément visible à l'oeil nu. Plus les années avançait, plus il devenait Chartrand. Michel Chartrand, c'est le contre-exemple parfait dans une société qui compte sur le passage des ans pour nous faire rentrer dans le rang.

Oh, et, même si ça fait plaisir à entendre, c'est une exagération de dire que Michel Chartand était anarcho-syndicaliste (*). S'il l'est, c'est dans le sens bien particulier de la réthorique marxisante propre au syndicalisme des années 1970; pas au sens où les libertaires l'entendent.

____________________
(*) Alors qu'il n'y a jamais eu de fort courant anarcho-syndicaliste au Québec, la plupart des textes marxisant des années 1970 et 1980 --tel les histoires du mouvement syndical produit par les centrales-- en parlent. En gros, tout ceux et toutes celles qui, tout en étant anticapitalistes, se méfient des militant-e-s et organisations politiques et veulent que les syndicats se mêlent de politique de façon autonome sont qualifié d'anarcho-syndicalistes,

[Pause kit-kat] «L'esprit de combativité»



Cette vidéo, intitulé «The fighting spirit», a été produite pour le congrès international des Métallurgistes unis d'Amérique (le syndicat des Métallos). Disons que ça décoiffe et que c'est un discours auquel les syndicats ne nous ont pas beaucoup habitués...

vendredi 24 juin 2011

En marge du filibuster du NPD

Fernand Pelloutier, syndicaliste et auteur de «l'action directe»
Selon un article de Rue Frontenac (1), le NPD «livre durement bataille» contre le projet de loi spéciale dans le conflit à Postes-Canada.

Soyons beau joueur, c'est tout à leur honneur de faire ça. Les enjeux sont important pour tout le monde et pas seulement les postiers et postières. Ça montre aussi que, dans ce dossier en tout cas, les néodémocrates sont réellement différents des libéraux et des bloquistes. Socialisme ou pas, l'opposition est du bon bord.

Par contre, il me semble qu'il y a quelque chose de délicieusement ironique dans tout ça. En effet, l'arme privilégiée de la résistance néodémocrate est de parler sans fin. N'est-ce pas de toute beauté? Quand les députés «livrent durement bataille», ils parlent, parlent, parlent, sans jamais s'arrêter.

On voit bien aussi dans ce dossier les limites inhérentes à la voie parlementaire. Quoi qu'il fasse, le NPD n'a pas le pouvoir de bloquer l'adoption du projet de loi. Tout ce qu'il peut faire c'est de retarder l'adoption de la loi en espérant gagner assez de temps pour permettre aux parties de s'entendre.

En dernière analyse, c'est encore la classe ouvrière qui est maitre du jeu. Si elle ne bouge pas, la loi va être adoptée. Si elle bouge, il y a encore une chance de faire reculer le gouvernement et/ou de faire plier les patrons.

Plus de 100 ans plus tard, Fernand Pelloutier a encore raison : l'action directe est de loin supérieure à l'action parlementaire.

1) L'article en question : http://ruefrontenac.com/nouvelles-generales/politiquefederale/38765-projet-de-loi-postes-canada-npd-filibuster

mardi 21 juin 2011

De l'esclavage salarié...

Photo reprise de la page facebook Montreal4Posties
Le gouvernement a fait son nid dans le conflit à Postes Canada : ce sera une loi spéciale. Un «médiateur» sera nommé et celui-ci devra choisir entre «l'offre finale» patronale ou syndicale. Eh oui, pas de négociation, pas d'arbitrage. Le gouvernement va (in)directement imposer la convention voulue par les patrons (parce que, hein, on s'entend que le médiateur ne choisira pas la version syndicale...).

Bienvenu au XIXe siècle!

Le plus con c'est qu'au XIXe siècle, justement, un tel affront aurait provoqué une grève générale en solidarité. Pas cette fois, pas ici (on est au Canada, pas en France!). Il y aura une couple de communiqués, une visite de courtoisie sur les lignes de piquetage, mais pas d'action décisive pour inverser le rapport de force.

Trahison? À plat ventrisme syndical? Oui et non. Une petite nouvelle sur l'endettement des ménages, publiée ce matin dans Le Soleil, permet de mettre les choses en perspective. Pour chaque dollar net qui entre dans leurs poches, les canadien-ne-s doivent rembourser 1,49$... Ne cherchez pas plus loin la cause de la baisse tendancielle de l'activité gréviste et de la solidarité syndicale. Le crédit tue la lutte de classe bien plus surement que la répression.

* * *

Où sont les libertariens quand on a besoin d'eux?

Étant donné les enjeux à Postes Canada, on aurait pu s'attendre à ce que certains chroniqueurs donnent de la voix. D'habitude, quand on parle de clause orphelin, ça fait un boucan d'enfer. Bon, cette fois c'est le patron qui veut l'introduire.

On se serait aussi attendu à entendre parler de «prise d'otage» des clients. N'est-ce pas la formule consacrée quand un syndicat déclenche une grève? C'est vrai que, dans ce cas, c'est la direction qui a imposé un lock-out intégral, forçant un arrêt total du service public de la poste.

Et qu'en est-il de l'interventionnisme grossier du «gouvernemaman»? Une loi spéciale et l'imposition d'une convention collective, n'est-ce pas aussi une intervention dans l'économie?

Pourtant, c'est le silence radio chez les libertariens. Curieux, n'est-ce pas?

vendredi 6 mai 2011

L'incohérence adéquiste

Selon un texte sur le site du Journal de Québec, l'ADQ veut adopter des lois pour dire aux syndicats comment dépenser leur argent. «Un gouvernement de l'Action démocratique du Québec (ADQ) imposerait que les cotisations syndicales des employés soient consacrées aux seules activités de représentation en matière de relations de travail» nous indique le journaliste. Selon le cheuf, le but de l'opération serait d'éviter des «dérives», comme la FTQ qui appelle à voter Bloc.

Admirons ici la belle cohérence des critiques du «gouvernemaman»... C'est pas bon que l'État intervienne dans les conflits de travail, dans l'économie, dans la santé publique (alouette!) mais c'est bien correct qu'il viennent dire à une association autonome comment dépenser son argent. D'ailleurs, il n'est pas certain que ça serait full légal comme projet de loi.

En voulant limiter l'action syndicale et s'ingérer dans des affaires internes, l'ADQ se place en belle compagnie. En effet, dans l'histoire, il n'y a que les régimes staliniens et fascistes qui sont allé aussi loin. Même Duplessis, qui se réservait quand même le droit de refuser ou révoquer une accréditation syndicale si le «local» était jugé sous influence communiste, n'est pas allé aussi loin.

vendredi 4 février 2011

La CSQ poursuit le RLQ et manque d'humour

La centrale syndicale CSQ met en demeure le blogue les Analystes et le blogueur libertarien Reynald Du Berger.

Curieusement, ce ne sont pas les citations mises en valeur par notre concours qui ont piqués au vif la centrale. Non! La CSQ a trouvé des citations encore MEILLEURES! Mais, malgré que l'effort soit louable, la CSQ ne peut pas participer à postériori au concours.

Ainsi, le 30 janvier dernier, Reynald Du Berger critiquait la gauche : « …on a beaucoup trop de moumounes gauchistes ! Avez-vous remarqué qu'au Québec (et c'était remarquablement représenté le 23 octobre au Réseau Liberté-Québec), la droite, c'est jeune et masculin, la gauche c'est formé d'hommes vieux et féminisés et de vieilles femmes. »
Un autre blogueur, papajohn, a ajouté que ce n'est « pas pour rien que la vasectomie est si populaire au Québec. Il y a longtemps que les femmes ont compris que pour avoir la société qu'elles veulent, rien de mieux qu'un gros matou castré… reste que l'on est entouré de moumounes et d'irresponsables, pas pour rien que plus rien ne bouge… »
Notez que ce sera l'occasion idéale pour nos droitistes de se présenter comme victime de l'énorme bureaucratie syndicale. Ils n'attendaient que ça, de jouer aux martyres.

vendredi 31 décembre 2010

Les répercussions des mesures néolibérales d'Evo Morales

Le gouvernement du Movimiento Al Socialismo (MAS) dirigé par Evo Morales, président bolivien, vient de passer tout un sapin au peuple bolivien. C'est simple, les dépenses en alimentation et en gaz viennent de pratiquement doubler. Nous reproduisons ici un texte des camarades du Colectivo Anarquista Acrata pour tenter d'éclaircir la situation.  


L'augmentation des prix de passages à niveau de 100%, l'apparition de longues files de femmes au foyer cherchant à se procurer de la nourriture bon marché, l'émergence spontanée de protestations contre l'inertie des dirigeants syndicaux collabos, les nouveaux profits pour les compagnies pétrolières transnationales... Nombreux sont les conséquences immédiates de l'augmentation des prix du gaz d'Evo Morales.

De longues files pour acheter des aliments 

Comme par humour noir, le gouvernement a annoncé que l'Empresa de Apoyo a la Producción de Alimentos (EMAPA), avec ses 800 magasins à travers le pays, fournira quatre produits de base (riz, farine, sucre et huile) à la population. Mais les prix ont augmenté de 15%. EMAPA, le second jour suivant les augmentations de prix, ne distribue que deux des quatre produits (ils disent qu'ils importent du sucre). Les gens faisaient la file la nuit dans le froid et la pluie à la porte des magasins de l'EMAPA pour obtenir une carte permettant d'acheter. La demande dépasse l'offre de ces entreprises gouvernementales. L'espoir du peuple est d'acheter des marchandises moins cher que dans le commerce ordinaire, avant que les effets des hausses de prix ne se fassent sentir véritablement sur tous les produits.



La dévaluation de la monnaie est imminente parce que les achats baisseront, alors que les gens gagneront le même revenu. Tout comme il est un fait que l'essence coûte maintenant
US 0,91 $ en Bolivie et le salaire minimum est de US $ 95,75, tandis que des coûts de l'essence sont de US 0,95 $ en Argentine et le salaire est de 438 $ US.


Manifestations spontanées
Devant la léthargie et l'engourdissement des dirigeants syndicaux (cooptés et collaborants avec le gouvernement), surgissent des manifestations spontanées dans les rues de plusieurs villes du pays. A Cochabamba, les chômeurs qui se concentrent tous les jours dans la rue pour trouver du travail ont protesté et ont été repoussés par la police. Les conducteurs de transport lourd ont annoncés des manifestations suitent à l'augmentation des taux de fret. A La Paz et El Alto, des manifestations de voisins, des passagers des transports publics et des femmes des marchés surviennent à chaque instant pour exprimer leur impuissance face à la situation. Dans différentes parties du pays, plusieurs secteurs ont convoqués des assemblées publiques, des marches et des manifestations qui se réaliseront dans les prochains jours.


Mécanismes néolibéraux intacts
Les
militants du MAS ont été très surpris par les mesures du gouvernement. Le militant du MAS, ancien consul de la Bolivie au Chili et ancien représentant de l'OEA, Coco Pinelo, a dit dans un article que les mesures ont été une surprise pour les dirigeants, conseillers municipaux, députés et sénateurs du parti au pouvoir. Pinelo lance un appel pour un changement de direction au sein du gouvernement: «Dans le MAS n'y a pas de possibilité de discuter. Il n'y a pas de place pour la critique et l'autocritique. Il n'existe aucun instrument ayant pour but d'évaluer l'orientation des politiques adoptées ou à prendre. Les dirigeants n'ont pas de bonnes informations et la base non plus (...) Ce n'est pas un problème dans l'entourage du Président. Le problème est ailleurs. Les mécanismes néolibéraux de prise de décision sont intacts. Les règlements sur la législation de planification et d'investissement continuent de fonctionner. La centralité dans le processus décisionnel est la même. Le pouvoir de décider du sort des ressources continue d'être en trop peu de mains. Il n'y a pas une véritable décentralisation, la base ne peut pas décider du sort des ressources locales. Les ministres se plaignent de la faible exécution du budget? Eux, ceux qui centralisent les décisions savent qu'il ne peut pas en être autrement, alors que n'ont pas été adoptées des politiques de décentralisation qui renforcent l'autonomie des peuples autochtones, les régions et les municipalités. "


Les journalistes soutiennent les mesures gouvernementales
Les journalistes de Radio Patria Nueva, l'agence de nouvelles ABI, le journal Cambio, les trente stations de radio communautaire et le canal TV7 continuent leur propagande, l'appelant «l'égalisation des prix". Mais ils ne sont pas seuls dans cette tâche. Il existe également un autre groupe de journalistes qui aiment la publicité subventionnée par le gouvernement en échange de la propagande de soit-disants professionnels impartiaux. 

L'un d'eux est Ricardo Bass, journaliste culturel, sportif et politique, chroniqueur pour El Cambio, Erbol, New Nation et l'un des gestionnaires du Monde Diplomatique-Bolivie. En bref Ricardo a mis dans l'esprit de son auditoire que le choc économique ne devrait toucher que les classes aisées. "Les plus défavorisés", n'auront aucun problème avec l'augmentation du gaz « ...parce qu'ils n'ont pas de voiture, parce que dans la communauté tous les déplacements sont en minivan. " 


Ricardo n'a apparemment pas été informé que les agriculteurs ont été les premiers touchés par la mesure et que les taux de transport interprovinciaux a subit une hausse immédiate de 100%. En outre, les agriculteurs ont toujours eut à payer des montants plus élevés pour une bouteille de gaz (22,5 Boliviens dans la ville, et 45 Boliviens dans les zones rurales!). 


Un autre journaliste du Monde, Pablo Stefanoni, a dit qu'Evo avait la "légitimité révolutionnaire" d'imposer sa mesure.
 

Un pamphlet du gouvernement
Le journal El Cambio résume la position officielle néolibérale en disant que l'augmentation du pétrole a été mis en place pour combler le déficit budgétaire, contre le pouvoir d'achat des salaires et pour préserver les privilèges d'une élite politique et économique d'État. El Cambio insiste sur le fait qu'il s'agit d'un «nivellement des prix, car il ya maintenant un surplus économique et une bonne capacité d'endettement. L'ancien journaliste Iván Canelas, désormais porte-parole du gouvernement, a insisté pour dire qu'Evo Morales n'est pas un néolibéral mais sont action est plutôt «patriotique» et «courageuse». 


La vérité c'est qu'en 2006, quand Carlos Mesa a fait une augmentation des prix de gaz de 10%, l'action a instantanément été dénoncé comme étant néo-libérale. Maintenant que le gouvernement d'Evo Morales a imposé une augmentation de 80%, comment peut-il être plus "patriotique", "nécessaire" et "progressiste "? 


L'argument de la contrebande
Evo Morales a justifié les augmentations comme étant nécessaire, car sur la subvention annuelle pour le pétrole, 380 millions de dollars, 150 millions va au profit des contrebandiers et des pays voisins (notez le chauvinisme). Mais les forces armées ne sont-elles pas la pour empêcher la contrebande?  Bien sûr, Evo est sorti pour dire que les militaires contrôlent les grands réservoirs, mais pas les contrebandiers à pieds. Ont-ils été les bénéficiaires de 150 millions de dollars en subventions? Nous reproduisons cette explication d'Evo Morales: "(...) certaines personnes transportent le pétrole à pied, comme dans Cobija, dans des bouteilles de Coca Cola. Avec une seule bouteille, il est possible de gagner de quoi manger pour deux à trois jours. J'ai eu l'information qu'ils transportaient le gaz sur des ânes, des lamas et des mulets. C'est impossible à controler." 
Mensonge! Objectivement toutes les ventes d'essence, diesel, etc, sont contrôlés, enregistrés, mesurés et approuvés par le sous-ministre de Défense Sociale (anti-drogue) en raison du problème du trafic de drogue. Tant et si bien que les producteurs de la quinoa ne peuvent pas se procurer librement du carburant pour leurs tracteurs, et doivent recourir à des procédures d'autorisations qui limitent leurs achats.

Les compagnies pétrolières sont celles qui en profitent

Les principaux bénéficiaires sont les compagnies pétrolières, a reconnu le ministre des Hydrocarbures, Fernando Vincenti. Les sociétés transnationales ne seront plus facturés 27,11 dollars le baril, mais bénéfécieront d'une "aide" de 59 $. Ceci est clairement pour privilégier les élites économiques, dans ce cas, le capital transnational ou impérialiste. Les pétrolières vont doubler leurs revenus, "stimuler la production de liquide" qui était en défaut par manque d'investissement des entreprises impérialistes.

Strictement parlant gasolinazo

Nous sommes confrontés à une augmentation dramatique des prix du pétrole, cette fois à un taux qui dépasse de loin tous les gouvernements de la période néo-libérale. Le porte-parole du gouvernement a déclaré avec une certaine fierté que « tous les gouvernements (libéraux) ont voulus prendre ces mesures qui ont toujours été revendiqués par les économistes." Evo a réalisé le rêve des partis néo-libéraux qui ont toujours voulu éliminer les subventions, mais n'avaient pas la force de le faire. Evo Morales a mis dans sa poche tous les dirigeants des organisations sociales. Il peut ainsi frapper à loisir sur les secteurs populaires. 
Les mesures d'augmentation des prix de pétrole fait partie d'un ensemble d'ajustements structurels recommandés par le Fonds monétaire international. L'investissement étranger est stimulé, dans ce cas dans l'exploration et l'exploitation des gisements de pétrole. L'ajustement est payé par le peuple de la Bolivie, les utilisateurs les plus pauvres. Viendront ensuite les mesures "compensatoires", les politiques sociales tel que recommandé par la Banque mondiale.

Cette politique est un signal clair de la soumission du gouvernement aux entreprises impérialistes. Il met à nu le discours du MAS "nous construisons un nouvel état de la souveraineté» comme étant de la pure démagogie. Cette fantaisie s'efface devant la réalité de la soumission semi-coloniale. 



Le centre de recherche populaires



Mise a jour du 1er janvier 2011: Le gouvernement bolivien vient d'annoncer aujourd'hui l'annulation de l'ensemble des mesures d'augmentation des prix. Les mesures auront pris effet pendant précisément cinq jours pendant lequels des manifestations massives ont eut lieu. L'improvisation et la brutalité de ces mesures sont néanmoins éloquentes.

mardi 7 décembre 2010

Pause kit-kat : On lâche rien


Hk & Les Saltimbanks - "On lâche rien"
envoyé par HkOfficiel. - Regardez la dernière sélection musicale.

Pause kit-kat de type «on lâche rien»... Un vidéo clip d'un groupe français tourné dans une manif contre la réforme des retraites. Superbe ambiance. Je suis jaloux. Pourquoi on en a pas, nous, des groupes engagés comme ça?

jeudi 18 novembre 2010

Fronde à la FTQ?



Signée par un énigmatique «groupe hétérodoxe» dont le porte parole est un tout aussi énigmatique «Serge Plante», une lettre ouverte exigeant la démission du président de la FTQ circule actuellement dans le petit milieu des syndicalistes et des pages syndicales de la centrale sur Facebook. Il est difficile de dire si l'initiative est sérieuse mais, bon, certains vétérans syndicalistes l'ayant relayé, on peut croire qu'elle n'est pas complètement farfelue. De plus, contrairement à la plupart des trucs circulant sur Facebook, c'est relativement bien écrit et documenté, ce qui dénote une connaissance certaine du dossier. D'autre part, le ton, le style et les thèmes abordés pointent vers des syndicalistes, de gauche sans doute, mais pas vers des gauchistes. Donc, il est fort probable que la chose émane bel et bien de l'interne.

Avant qu'elle ne tombe dans un trou noir bureaucratique, voici le texte de cette lettre ouverte, telle que reprise de la page de la FTQ-Construction.

ON N’EST PAS TOUS ET TOUTES DANS LE MÊME BATEAU!
Monsieur Arsenault, vous devez quitter la présidence

Diviser pour régner, cette stratégie politique est le parfait contraire des valeurs syndicales que nous défendons. Pourtant vos agissements des dernières années, en tant que président de la FTQ, ont eu des retombées beaucoup plus négatives que positives sur l’ensemble de la Fédération et de ses syndicats affiliés. Nous vous demandons donc de quitter la direction de la Fédération lors du prochain congrès. La dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’un banquier à la tête de la FTQ.

Depuis le début de votre mandat vous avez fait la démonstration que vous étiez plus préoccupé de vos liens et de votre image auprès des dirigeants d’entreprise et des chefs politiques que de démontrer votre appui aux travailleurs et travailleuses. Votre conférence de presse (1) dans les locaux de la FTQ à laquelle vous aviez convié Michael Ignatief en janvier2009, et vos déclarations à l’effet que le Canada avait besoin d’un bon plombier nous a laissés songeurs.

De toute évidence nous n’avons pas les mêmes fréquentations, vous considérez Tony Accurso comme votre ami et vous avez séjourné sur son bateau. Frank Zampino ex président du comité exécutif de Montréal l’a fait aussi avant vous, quelques semaines avant le dépôt officiel pour un contrat de plus de 300 millions de dollars de la Ville pour son projet d’implantation de compteurs d’eau. En tant que président de la plus grande centrale syndicale au Québec et représentant de milliers de travailleurs et travailleuses vous auriez du faire preuve de plus de discernement. Suite à ces événements,vous êtes resté muet pendant des semaines.

Devant la bataille d’une poignée de travailleurs du Journal de Montréal contre l’empire Péladeau, vous avez agi selon vos propres termes avec une philosophie de banquier(2), en privilégiant le rendement financier plutôt que la solidarité syndicale. Pierre Karl Péladeau avait mis à la rue pendant plus d’un an les employées et employés de Vidéotron et du Journal de Québec parce qu’il voulait négocier à la baisse. Au moment où vous annonciez votre intention d’investir avec lui, Péladeau voulait rouvrir la convention collective du Journal de Québec pour baisser le plancher d’emplois. On pourrait commencer à parler ici non pas seulement d’un manque de solidarité, mais d’un manque d’intégrité.

Vous n’avez pas su répondre aux attaques faites contre les travailleurs de la construction. En refusant pendant un an et demi de vous prononcer pour une commission d’enquête dans l’industrie de la construction, vous avez fait en sorte de placer les projecteurs principalement sur la FTQ et non sur les entrepreneurs et le gouvernement. Vous êtes devenu de fait le seul allié de Charest dans cette affaire. Malgré volte-face d’hier, vous aurez été finalement le dernier à céder devant l’évidence, juste avant Jean Charest. Bravo! Belle preuve de leadership.

Cette situation est grave de conséquences pour la FTQ et pour tout le monde syndical. Elle donne de l’eau au moulin à ceux qui veulent affaiblir les syndicats. Le Conseil du Patronat et la Chambre de Commerce ont profité de cette situation pour insinuer qu’il existe un déséquilibre entre le pouvoir des syndicats et celui de leurs membres et qu’il faut modifier le code du travail de façon à revoir la formule Rand, imposer des votes secrets lors des demandes d’accréditation, donner plus de recours aux employés contre leur syndicat…

Alors que le libre-échange a des conséquences dévastatrices sur l’économie canadienne et québécoise, et par conséquent sur nos emplois, vous vous êtes déclaré, l’an dernier, en faveur d’une union monétaire canado-américaine,avec un pays dont l’économie est 11 fois plus importante que celle du Canada(3). Ce qui, selon la plupart des économistes, ne peut conduire qu’à adapter la fiscalité canadienne à celle des États-Unis, avec les conséquences que l’on connaît

Durant la lutte des syndicats du secteur public, vous avez refusé tout débatet tout rapprochement avec une coalition populaire qui se battait pourtant contre le démantèlement des services publics. Alors que la CSN, la CSQ et la CSD en plus de plusieurs autres groupes dont la FEUQ, la FECQ et l’AQDR participaient à une conférence de presse avec cette coalition l’hiver dernier afin de dénoncer les intentions du budget Bachand, vous étiez le seul absent. Il vous a fallu d’ailleurs quatre mois pour commencer à réagir à ce budget dévastateur pour la population.

Alors que la population est en émoi face aux droits d’exploitation du gaz de schiste des compagnies gazières, aux dangers environnementaux réels, aux pressions pour faire accepter cette couleuvre à la population, vous avez déclaré devant les médias que les scientifiques n’ont pas eu le temps de faire toutes les validations sur les questions qu’on se pose, mais pire,vous affirmez que les gens bien informés appuient les bonnes décisions(4).Comme si le mouvement d’opposition était simplement mal informé. Votre déclaration a par la suite du être corrigée par le service de communication de la FTQ pour la rendre plus conforme aux intentions du bureau.

Nous tenons à vous rappeler que vous avez été élu pour représenter les travailleurs et les travailleuses, de toute évidente vous vous êtes montré incapable de remplir ce mandat.

Contrairement à ce qu’on était en droit de s’attendre, vous avez étouffé les débats, multiplié les pressions et créé un état d’Omerta qui n’est pas à l’image de la diversité de la FTQ, ce qui conduit inévitablement les militants et militantes à agir autrement; soit en faisant le débat de façon clandestine, soit publiquement ou encore à garder le silence. Certains ont même envisagé de quitter la FTQ. Vous avez amené notre centrale dans un état déplorable.

Pour toutes ces raisons, nous pensons que vous vous n’avez plus votre place comme dirigeant de la FTQ. Votre bilan démontre malheureusement que vos intérêts sont plus près des chefs d’entreprise et des banquiers. Comme quoi il n’est jamais trop tard pour faire une réorientation de carrière!

L’histoire s’écrira sous nos yeux le 3 décembre

Le groupe hétérodoxe

(1) 22 janvier 2009
(2) Entrevue à Ruefrontenac.com 6 octobre 2010
(3) Allocution d’ouverture d’un colloque de l’Institut de recherche en économie contemporaine le 1-12-2009 à Montréal
(4) La Presse 17 novembre 2010


Le groupe hétérodoxe est un rassemblement syndical regroupant des militants et militantes, membres de la FTQ, décidé-e-s à mettre tout en oeuvre afin d’assurer, au congrès 2010, un réel débat sur la gouvernance de la Fédération.

Serge Plante est le porte-parole provisoire du groupe.

dimanche 7 novembre 2010

Joanne Marcotte : une ignorance crasse de la réalité syndicale

Dans une sortie médiatique largement relayée, Joanne Marcotte, la co-fondatrice du Réseau Liberté Québec, s'insurge contre la fondation de «l'Alliance sociale» par les centrales syndicales. Selon le journaliste du Soleil, la libertarienne «trouve "indécent" que les puissantes centrales syndicales du Québec utilisent les cotisations des syndiqués afin de faire du lobbying pour influencer le gouvernement Charest en vue des prochaines délibérations budgétaires».

N'ayant vraisemblablement pas peur de se couvrir de ridicule, la passionaria de la droite ajoute que «les centrales syndicales devraient se recentrer sur leur mandat, qui est de défendre leurs membres, et non de faire du lobbying auprès du gouvernement Charest». «L'argent des cotisations, c'est pour défendre les membres, a-t-elle avancé au scribe du Soleil. Ce n'est pas pour faire des pressions sur le gouvernement pour lui dire comment dépenser l'argent des contribuables québécois.» Voilà qui dénote une ignorance crasse du fonctionnement syndical de la part de celle qui fait pourtant métier de pourfendre le syndicalisme!

N'importe qui le moindrement au fait de l'histoire syndicale nord-américaine sait que les instances syndicales géographiques, par opposition aux structures industrielles ou de métiers, ont précisément été fondées pour faire des représentations auprès des paliers de gouvernement correspondant. Les centrales québécoises ont été justement été mises sur pied par des syndicats locaux et internationaux pour faire pression sur le gouvernement québécois. C'est là leur raison d'être. Pour en savoir plus, on peut se référer aux différents ouvrages de Jacques Rouillard parus chez Boréal ou VLB.

Par ailleurs, si les libertariens veulent parler de l'utilisation des cotisations syndicales, pas de problèmes. Mais alors il faut tout mettre sur la table. On pourrait parler, par exemple, du statut «d'oeuvre de charité» de l'Institut économique de Montréal et des reçus d'impôts qu'il peut fournir aux patrons qui le financent. Ça me semble au moins aussi indécent.

* * *

Illustration: Le Manifeste au Peuple du Québec adopté au congrès de Joliette de la Fédération des unions industrielles du Québec (un ancêtre de la FTQ) en 1955. C'est pas d'hier que les centrales utilisent les cotisations des membres pour faire de la politique!

lundi 25 octobre 2010

On en apprend tous les jours...

Connaissez-vous Aldo Miguel Paolinelli? Moi non plus. Pourtant, on gagnerait à connaître cet ancien prisonnier politique argentin, ouvrier de la construction et président de sa fédération à la CSN. Si les médias pouvaient s'intéresser à d'autre chose qu'aux grosses poches, ce ne serait pas un inconnu. Mais aucune information n'a été publiée sur lui, même si c'est un de ceux qui ont menés la dernière négo dans la construction. Rien, niet, nada. À Babord comble cette lacune avec un portrait impressionniste et intimiste.

Je savais, comme tout ceux qui s'intéressent de près au syndicalisme que le nouveau président de la CSN-Construction avait un nom à consonance italienne. J'avais trouvé ça rigolo que les «monsieur propre» du syndicalisme du bâtiment aient choisi d'élire un Paolinelli à la tête de leur centrale alors que ceux d'en face, qu'on accuse régulièrement de corruption et de pratiques mafieuses, ont des dirigeants aux noms bien pure laine. Un genre de pied de nez.

J'étais loin de me douter de qui ils avaient élu! Oh, ne partez pas en peur, ce n'est pas un anarchiste. Il le dit lui-même: «Je ne suis pas anarchiste, je n'ai pas cette prétention, mais tu ne peux pas savoir comme je les aime.» Il faut dire que là d'où il vient, Buenos Aires, l'image mentale de l'anarchiste n'est pas celle d'un punk pouilleux. L'Argentine est le pays du monde, après l'Espagne évidemment, où les anars ont pesé le plus lourd historiquement. Au début du siècle, et jusque dans les années 1930, ils étaient dominants dans le mouvement ouvrier. Pour quelqu'un qui a grandi dans les années 1970, les anarchistes ce sont en quelque sorte «les anciens», des gens entêtés, comme il dit, généreux et d'un engagement indéfectible contre la tyrannie et l'abrutissement, prêts à risquer leur vie pour défendre la liberté et la dignité.

Le président de la CSN-Construction trouve donc les anarchistes sympathiques. Mais ce n'est pas tout. Dans sa jeunesse, Aldo Miguel Paolinelli s'est engagé sur le chemin de la révolution socialiste. Il a été arrêté en avril 1975, à l'âge de 16 ans, pour «diffusion de propagande». Il ne sera libéré qu'en avril 1983, à 24 ans. C'est en prison qu'il s'est instruit et trempé. Dans l'année suivant sa libération, il émigre au Québec pour refaire sa vie. Ici il continue de militer, entre autre dans le milieu communautaire, à Radio Centre-Ville où il tient la barre d'une émission sur l'immigration et dans le milieu syndical.

Aldo Miguel Paolinelli a une conception plutôt rare de la société, du syndicalisme et de l'industrie de la construction. Voici quelques citations tirées d'À Babord!.

Sur la société : «Il y a de moins en moins de portes de sortie dans la société de consommation. Ça devient une prison. Dans le milieu de la construction, c'est terrible : mon 4X4, ma piscine creusée, les cours de ma fille. Ça rend les ouvriers extrêmement dépendants. Ils s'endettent et sont prêts à accepter n'importe quoi pour travailler, au détriment de leurs droits et de leur qualité de vie. Et c'est une réalité qui ne touche pas juste le milieu de la construction. Le système de consommation est plus envahissant ici qu'en Argentine.»

Sur le syndicalisme : «Le rôle des syndicats est bien sûr de rassembler des gens qui ont des intérêts communs et de les défendre, mais une fois ces objectifs atteints, les autres membres de la société, qui ne sont pas syndiqués, doivent y accéder aussi. Je ne suis pas un intellectuel, des éléments me manquent, mais parfois on a des intuitions... Écouter parler les dirigeants syndicaux aujourd'hui... on ne parle plus des intérêts des travailleurs, on parle de développement économique... Le développement économique... Ça favorise qui, au juste? [...] Les syndicats ont renoncé à toute transformation sociale et travaillent essentiellement à ne pas perdre des droits et des acquis. Bon, il y a une nuance important à apporter. Il y a encore des vrais militants qui se battent pour ça à la CSN, mais ils doivent se battre aussi contre les fonctionnaires syndicaux qui parlent et pensent en langue de bois.»

Sur l'industrie de la construction : «Aujourd'hui dans la construction il y a une hypocrisie énorme, celle du partenariat. T'entends parler les dirigeants syndicaux: « Notre industrie », qu'ils disent! Ça ne m'appartient pas cette industrie-là, je n'ai pas d'intérêts là-dedans... Le travailleurs de la construction vend sa force de travail, sa santé, pour grossir les profits des compagnies. En échange de quoi il obtient des conditions de travail précaire, peut-être un fonds de pension. S'il est chanceux et n'est pas charcuté. [...] Notre industrie? Attends un peu là. Si c'est notre industrie, comment ça se fait qu'on ne peut pas déterminer les règles du jeu? Et partager les profits? [...] Ce n'est pas une religion le partenariat. Quand on nous opprime, ce n'est plus notre industrie. Le jour où les patrons viendront nous voir pour nous demander ce qu'on veut, on sera dans un autre système.»

À la CSN, la tradition veut que les syndicalistes s'appellent «camarade» entre eux. Sauf pour quelques copains et des militants que je connais un peu, j'ai toujours trouvé ça un peu bizarre de penser aux bureaucrates et aux dirigeants comme à des «camarades». En voilà bien un, de dirigeant, qui semble mériter le terme. Dommage qu'ils ne soient pas plus nombreux.

Source des citations:
Aldo Miguel Paolinelli - «Fils de pute» et président de la CSN-Construction, dans À Babord! no 36, actuellement en kiosque.

dimanche 24 octobre 2010

Pendant ce temps aux États-Unis...


Vendredi, un effort de syndicalisation a échoué dans un fast-food américain, à Minneapolis. Par un vote de 85 pour à 87 contre les salariés d'une dizaine de succursales de Jimmy Johns, une sandwicherie branchée, ont rejeté la syndicalisation.

C'est peu surprenant dans la mesure où le syndicalisme américain est en perte de vitesse, sans parler du que seulement 1,5% des salariés du secteur de l'alimentation rapide sont syndiqués au pays de l'Oncle Sam [ça ne doit pas être bien mieux ici]. Ce qui est un peu plus surprenant c'est que la campagne de syndicalisation, qui est passée à un cheveu de réussir, était mené par le vieux syndicat révolutionnaire IWW.

Le fait que 85 salariés d'une grande ville américaine, la moitié de la force de travail d'une chaîne de restaurants qui offre des mcjobs, aient voulu se syndiquer est significatif. Qu'ils n'aient pas eu peur de signer la fameuse carte rouge de ce que leur patron qualifie, non sans raison (!), de syndicat «anarchiste-socialiste» en dit long sur leur état d'écoeurement.

Le propriétaire des franchises visées par la campagne de syndicalisation aurait dépensé plus de 85 000$ dans sa campagne contre le syndicat (il a embauché un cabinet d'avocats spécialisé dans le union busting). C'est 1000$ du vote! Notez que les wobblies n'ont pas dit leur dernier mot dans ce dossier (comme dans celui de Starbuck). À force, les syndicalistes révolutionnaires américain vont bien finir par percer quelque part.

Source

dimanche 22 août 2010

Topo sur la situation en construction au Québec.

Depuis janvier 2010, les ouvriers de la construction du Québec sont sans contrat de travail. Pourtant, autant patrons que syndicats avaient annoncé, dès octobre 2009, une négociation exemplaire qui se règlerait pour la date d’échéance des conventions collectives. Pratiquement neuf mois plus tard, les travailleurs en chantiers n’ont toujours pas de conventions de signées et la situation devient de plus en plus tendue.

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue ici, c’est que le concept de « rétroactivité » si logique et répandu dans la fonction publique ne s’applique pas. Chaque jour qui passe représente plusieurs milliers de dollars d’économie directement dans les poches des patrons. Bref, depuis pratiquement neuf mois, les moyens de pressions sont à sens unique : envers les travailleurs.

Dernièrement, les centrales syndicales qui constituent un front commun pour les négociations, toutes les 5 représentées dans le domaine de la construction sont impliquées cette fois-ci, ont commencé à faire appliquer un plan de moyens de pression voté en assemblée générale par les membres présents. Bien évidemment, pour toute personne qui provient des autres domaines de travail, c’est plutôt louche de voir des délégués syndicaux débarquer sur les lieux de travail demandant aux membres de quitter les lieux. Toutefois, il ne faut pas oublier que la construction est un secteur qui est excessivement éparpillée sur le territoire et que c’est la seule façon efficace de faire passer le mot.

Dans les médias, on entend toujours deux ou trois « honnêtes travailleurs » qui disent ne pas être au courant du tout de ce qui se passe et de s’être sentis « intimidés » voire « forcés » de quitter les chantiers ciblés. Tout d’abord, l’ignorance de la situation actuelle de ces travailleurs n’est imputable qu’à eux même puisqu’il y a des réunions syndicales régulières où il est possible à tous de s’impliquer, de s’informer. Ensuite, tous les travailleurs de la construction, incluant les contremaîtres, sont syndiqués et ont des délégués syndicaux munis de cellulaires qui sont joignables toute la semaine et qui ne demandent qu’à répondre aux interrogations de leurs membres. Pour ce qui est de l’intimidation, c’est un peu n’importe quoi. Sur les chantiers, les travailleurs présents n’ont pas trop l’habitude de mesurer un mètre trente et peser cinquante kilos. Bref, évidemment que lorsqu’une « équipe syndicale » débarque sur les chantiers, ce sont souvent des grands et gros gaillards, mais ils ne lèvent pas le ton sauf en cas de besoin (par exemple, confrontation avec des patrons ou des ouvriers anti syndicalistes). Bref, il faut prendre connaissance de l’existence de ces cas, mais il ne faut pas en faire tout un plat comme les médias de masse où l’on voit le jupon patronal dépasser.

Demandes patronales

Les demandes patronales suivent une logique implacable excessivement répandue dans le capitalisme du vingt et unième siècle : flexibilité et dérèglementation. On veut plus d’heures ouvrables sur les chantiers avec moins de temps supplémentaire payé en conséquence (temps et demie, temps double, etc.). On demande la disparition de nombreuses primes jugées « non productives ». Ces primes peuvent aller de celles appelées de « chef d’équipe » (un peu comme un petit contremaître) au travail de nuit ou dans des conditions spéciales.

Les patrons en veulent aussi le plus possible pour leur argent, sinon il y en a moins qui rentre dans leurs poches et ça, c’est l’ennemi de la classe bourgeoise. Dans cette optique, on veut couper sur les frais d’opération directement liés à la main d’œuvre. On veut couper dans les compensations offertes à ce qui a trait à l’hébergement sur les chantiers éloignés, étirer la notion de zone territoriale des travailleurs (un travailleur de la région de Québec ne pouvant pas aller, sauf exceptions, travailler en Abitibi) et, dans le secteur industriel, commencer à payer le travailleur uniquement lorsque directement sur son poste de travail. Ainsi, on le laissera poiroter aux différents points de contrôles pendant de longues minutes, voire des heures, sur son temps personnel.

En gros, la logique patronale est simple : on veut accroître la compétitivité via une dérèglementation, un allègement des charges salariales et une flexibilité accrue de la main d’œuvre. Bref, on s’approche tranquillement du modèle d’emploi dans un fast food. Simplement, les règles des conventions collectives s’appliquent à tout le Québec, alors on peut tout de suite se demander ce que les patrons veulent bien vouloir dire par « compétitivité ».

Demandes syndicales

Chez les représentants ouvriers, la situation est toute autre. On demande de resserrer les règles en lien avec les territoires des travailleurs, augmenter les primes que les patrons jugent « non productives », améliorer le concept de dédommagement financier en ce qui à l’hébergement sur les chantiers éloignés. Bref, comme d’habitude, les patrons et les ouvriers tirent tous les deux les couvertures de leurs côtés en espérant améliorer leurs sorts.

C’est un peu simpliste, mais dans l’optique d’alléger le texte et d’éviter les répétitions ennuyantes, prenez les demandes patronales énumérées plus haut et inversez les et vous obtiendrez les positions syndicales, grosso modo.

La logique des syndicats est aussi toute autre. On part du principe que le marché de la construction évolue de manière « fermée », c’est-à-dire que tout le monde doit fonctionner avec les mêmes règles sur le territoire québécois, ce qui élimine la logique de compétitivité aussi chère aux patrons. Bref, quand la logique derrière les demandes est opposée, il ne faut pas s’attendre à avoir des demandes très proches les unes des autres.

Fait intéressant à noter, la question salariale n’est pratiquement pas à l’ordre du jour!

Critiques sur les syndicats

Nous vivons dans un système qui laisse peu de place au radicalisme, encore moins à l’anticapitalisme. Il ne faut donc pas se surprendre de voir les centrales demander d’améliorer les conditions des travailleurs dans le cadre actuel du mode de fonctionnement économique sans plus.

Aussi, le milieu de la construction est un domaine où tout le monde est syndiqué sans avoir d’autre choix que de se caser dans une des cinq centrales présente. Cela entraine l’effet pervers de déconnecter les syndicats des syndiqués. Les assemblées générales ne sont pas courues et les efforts pour y attirer les syndiqués ne sont pas massifs.

Les centrales, avec le temps et excepté lors des négociations de conventions collectives ou des griefs, ressemblent à des centres de services sans plus. Il y a même une centrale qui ressemble plus à un magasin général qu’à un syndicat, mais ce n’est pas le sujet de ce texte ici. Bien évidemment, ce sont les membres qui font leurs syndicats et ce sont eux qui doivent se mobiliser, mais l’absence de l’option de ne pas se syndiquer entraîne l’effet pervers d’avoir une masse amorphe qui rechigne plus quant à payer ses cotisations qu’autre chose.

Finalement, d’un point de vue libertaire, on pourrait aussi se demander pourquoi on ne va pas chercher à modifier le cadre même de fonctionnement et tendre, par exemple, vers une sorte d’anarcho-syndicalisme, mais ce serait vivre dans un bulle que d’ignorer la société qui nous entoure et que de croire que les centrales syndicales actuelles possèdent le moindre élan révolutionnaire.

La grève générale?

C’est effectivement cette option qui est envisagée pour la fin du mois d’août, au moment même où ça fera neuf mois que les travailleurs de la construction seront sans contrat de travail et que les patrons auront sauvé des millions de dollars en salaires versés.

Ce moyen d’action sera dur, mais sera certainement court. Un des grands employeurs et l’état Québécois, surtout en voirie. Il faut comprendre que les quatre différents secteurs actuellement en négociations retourneront au travail au même moment, même si trois sur quatre possèderaient des ententes de principes.

Cette solidarité ouvrière fait du bien à voir, mais elle entraînera aussi certainement le coup de massue étatique qui s’exprimera sans aucun doute d’un décret gouvernemental qui forcera le retour au travail. Par principe, les travailleurs ne s’avoueront pas vaincus sans avoir au moins essayé de faire des pressions, mais, aussi par principe, le gouvernement jouera son rôle dans la lutte des classes et viendra aider son allié naturel, le patronat.

En attendant, les travailleurs continueront à démontrer leur colère en désertant, aléatoirement et pour une journée à la fois, les chantiers de la province. Ainsi, légaux ou non, les moyens de pression exprimant la colère des ouvriers continueront pour quelques semaines et, espérons-le, feront plier le patronat avant la fin du mois.

* * *

L'auteur est un travailleur de la construction qui milite à l'UCL et dans son syndicat.

vendredi 16 juillet 2010

Restauration et bars : même les normes minimales ne sont pas respectées...

Une étude récente de la Commission des normes du travail du Québec, dont les résultats préliminaires ont été rendus publics par La Presse, révèle que les travailleurs et les travailleuses du secteur de la restauration et des bars se font brimer dans leurs droits. 68% des employé-e-s se disent victimes d'une infraction à la loi sur les normes minimales du travail. Heures supplémentaires et pourboires non-versés, uniformes aux frais de l'employé, pauses non-respectées, etc.

Pour l'organisme de défense des non-syndiqués «Au bas de l'échelle», la situation n'est guère surprenante. Les gens ne connaissent pas leurs droits ou ont peur de les faire respecter, sans compter que la Commission des normes du travail n'a tout simplement pas les ressources sur le terrain pour faire appliquer la loi. Du côté patronal, on se réfugie candidement derrière le fait que c'est pareil dans les autres industries de service, donc ce n'est pas vraiment un problème.

Au Parti québécois, où l'on reconnaît pourtant que les droits du travail sont peu appliqué en milieu non-syndiqué, on propose la création d'associations régionales de travailleurs non-syndiqués. Il ne serait bien sur pas venu à l'esprit de la très sociale-démocrate (sic) opposition officielle de proposer des mesures pour faciliter la syndicalisation du secteur! Pourtant, des solutions il y en a, comme l'accréditation multi-patronale et les négociations coordonnées, mais elles sont peu applicables dans les petits milieux à cause de la difficulté de les syndiquer en premier lieu (pour preuve le taux de syndicalisation dans le secteur québécois de l'hébergement et de la restauration n'est de 11,5% alors que dans l'ensemble du secteur privé, toutes industries confondues, il est de 26,3%).

Et dire qu'ils sont nombreux à nous faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce syndiquer c'est tellement dépassé... Un syndicat, on a pu besoin de ça nos jours, c'est évident.

Source

lundi 24 mai 2010

Pendant ce temps en Irlande...

Nos camarades du Workers Solidarity Movement (WSM) viennent de lancer un nouveau magasine gratuit: Irish Anarchist Review. L'idée de base du groupe est de publier un magasine politique pour explorer des idées et des luttes pratiques qui peuvent nous enseigner une chose ou deux sur la construction d'un mouvement révolutionnaire aujourd'hui.

À juger par la première livraison, le WSM a visé juste. On n'est pas face à une simple opération de propagande visant à donner la «ligne juste» au public. Au contraire, on a plutôt un patch-work de textes alimentant réellement un débat. C'est assez rare pour le souligner.

Le numéro 1, donc, est structuré autour des idées de «travail» et de «syndicats». Le tout s'ouvre sur une réflexion plutôt positive portant sur une grève générale de 24h du secteur public qui a secoué l'Irlande le 24 novembre dernier. Que cette grève ait eu lieu après 20 ans de partenariat social est en soit sensationnel. Quelle ait en plus été le théâtre d'une floraison d'initiatives à la base, d'une part parce que plus personne ne semble savoir comment organiser une grève en Irlande et d'autre part parce que les syndicats n'ont plus vraiment de présence dans les lieux de travail, est source de réjouissance. Ça montre une fois de plus le pouvoir potentiel d'une classe ouvrière organisée. Ça ce sont les fleurs. Après vient le pot. Cette grève a permis au WSM de constater l'impotence du mouvement syndical irlandais et l'insuffisance de leur propre stratégie syndicale. En effet, la grande majorité des membres de l'organisation communiste libertaire irlandaise n'ont pu appliquer la stratégie syndicale de l'organisation parce que celle-ci présuppose la présence d'une structure syndicale minimalement fonctionnelle à la base, ce qui est loin d'être le cas dans la majorité des lieux de travail (même ceux qui sont syndiqués). La réflexion est alors lancée et abordée sous plusieurs angles allant d'un militantisme syndical plutôt traditionnel, visant à la fois à reconstruire «l'outil syndical» et la présence de la gauche libertaire en son sein, aux expériences de mouvements de précaires européens en passant par les réflexions (plutôt ultragauchistes) sur le «faceless resistance».

Au final, il s'agit d'une lecture plutôt stimulante intellectuellement. De plus, elle n'est pas dénuée d'intérêt pratique, la situation syndicale et politique irlandaise étant finalement assez proche de la situation québécoise (mais peut-être un peu plus sombre) ce qui n'est pas le cas de ce qu'on peut lire provenant d'Europe continentale ou d'Amérique latine.

Le tout est disponible gratuitement, en HTML ou en PDF, sur le site du WSM: http://www.wsm.ie/c/irish-anarchist-review-1

jeudi 13 mai 2010

Vidéotron retire des affiches contre l'homophobie


Le Soleil nous apprenait ce matin que Videotron a fait enlever des affiches contre l'homophobie dans ses bureaux. Selon ce que le syndicat a dit au journaliste, les gestionnaires ont justifié leur décision par la réception de trois plaintes d'employés qui n'auraient pas apprécié voir ces affiches annonçant la Journée internationale contre l'homophobie, lundi.

L'article du Soleil soulève, avec raison, que le geste est déplorable et démontre tous le chemin qui reste à faire pour sensibiliser à la question de l'homophobie en milieu de travail. Disons que ça fait un peu l'effet d'une douche froide. D'ailleurs, à ce chapitre, il faut souligner le geste du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) qui a pleinement adhéré à cette campagne contre l'homophobie et qui a fait poser ces affiches en milieu de travail. Ce qui nous amène à notre deuxième point, que Le Soleil n'a pas jugé bon de soulever. Selon l'article, les affiches étaient posées sur les panneaux d'affichage du syndicat. Comment ça se fait que les patrons se mêlent de ce qu'il y a sur les panneaux syndicaux? Depuis quand laissent-on les boss retirer unilatéralement une affiche posée par le syndicat sur le panneau du syndicat?

(Source)

P.S.: À Québec, il y a une marche samedi contre l'homophobie dans le cadre de cette campagne. Rendez-vous à 13h30 devant l'Assemblée nationale. Remis au lendemain en cas de pluie.

lundi 3 mai 2010

[Premier mai] Pendant ce temps-là à Montréal...

À Montréal, la parade syndicale aboutissait dans Pointe Saint-Charles cette année. Les camarades de La Pointe libertaire accueillaient les manifestant-e-s dans le parc. Voici leur article et leur photo-reportage.

* * *




2 manifs à la Fête internationales des travailleuses et travailleurs

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 2 mai 2010.

Manif syndicale

Parce que le 1er mai tombait un samedi cette année, 2 manifestations célébrant la fête internationale des travailleurs-euses se tenaient le même jour. Exceptionnellement, le collectif La Pointe Libertaire a décidé de participer à la manif syndicale du 1er mai. Le point d’arrivée de la marche se faisait au parc Saint-Gabriel dans Pointe-Saint-Charles et les libertaires ont décidé de souhaiter la bienvenue aux manifestantes et manifestants. Des militantEs de la Table communautaire Action-Gardien étaient aussi présentes dans le parc.

>>> Photos de l'Agence de presse libre, sur Flickr

La Pointe Libertaire a donc décidé d’afficher massivement le long du parcours et de déployer une large banderole et une table d’information dans la parc, banderole qui reprenait l’idée de grève sociale et d’autogestion en ces temps réactionnaires du patronat et du gouvernement Charest.

Manifestation bien encadré par un « service d’ordre syndical » et tout de même joyeuse à voir la mine des gens. S’il n’y a pas eu de grand discours à l’arrivée, rien n’avait été prévu, à part de la musique, pour inciter les manifestant.e.s à demeurer sur les lieux. Les organisateurs ont évalué le contingent à 14 000 personnes (7 000 selon la police). Sans aucune intention de les discréditer, nous croyons plutôt que ce sont de 5 à 10 000 marcheuses et marcheurs qui ont déambulé jusqu’au parc.

Manif anticapitaliste

Contrairement à la manif précédente, c’est la police qui encadrait très fortement la manifestation anticapitaliste qui s’était regroupée au carré St-Louis et tout le long du parcours. Avant même le début de la marche, des personnes pouvaient facilement douter du départ de cette manif à cause de l’attitude agressive des policiers. En effet, ceux-ci ont commencé, sans aucun motif valable, à fouiller les sacs à dos dans la foule et à tenter d’enlever à des manifestant.e.s des pancartes et des banderoles. Cela a provoqué quelques étincelles et un début d’échauffourée lorsque les policiers à chevaux se sont mis de la partie et ont tenté de traversé la foule. La police a finalement battue en retraite devant la ténacité des militant.e.s qui se sont mis à scander « police partout justice nulle part ».

Photo: Jacques Nadeau, Le Devoir

Ensuite une maître-chien visiblement nerveuse n'a pas réussie à contrôler son animal, lequel a pris "le mors aux dents" et a sauté sur un homme sans raison. Encore une fois la police montre qu'elle est incapable de ne pas faire de bavures.

Si depuis quelques temps la police a abandonné sa stratégie « d’arrestation de masse », d’ailleurs condamné par un comité de l’ONU, elle a cependant adopté celle de la dispersion des manifestations et de la perturbation des manifestations anticapitaliste. Lors de la manifestation contre la brutalité policière du 15 mars dernier, le SPVM a arrêté la personne qui amenait le système de son; elle a intimidé les personnes qui se rassemblaient et elle a tenté d'étouffer les discours en faisant descendre à ras du sol son hélicoptère.

La même stratégie a été employée le 1er mai: resserrer les manifestants dans le parc en les entourant, intimider avec les chiens et les chevaux, poster des lanceurs de lacrymogène derrière les personnes qui faisaient les discours d'ouverture et tenter d'étouffer ces discours en utilisant leur camion-système de son pour lancer des avertissements. En un mot comme en cent: de la provocation!

Organisé par la Convergence des luttes anticapitaliste 2010 (CLAC 2010), le parcours de la manif fut inutilement long bien que parsemé d’arrêts symbolisant quelques enjeux de fond. En face d’un hôtel chic une large banderole avait été accrochée sur la devanture du building du Club Mont-Royal. En grosses lettres ont y lisait « Ils sont riches parce qu’on est pauvre ». Plus loin, des confettis dénonçant la Standard Life (Cie d’assurances) ont été éparpillés sur la voie publique. En face d’un bureau de recrutement de l’armée canadienne sur la rue Ste-Catherine, les manifestant.e.s ont scandé des slogans anti-guerre. Cette longue marche s’est conclue en face des bureaux du premier ministre Jean Charest où on y a brûlé une marionnette à son effigie.

Enfin, l’Agence de presse libre de la Pointe a compté, avec une méthode qui a fait ses preuves, environ 1 500 personnes, un contingent qui grossit tranquillement. Rappelons que lors de la première année en 2008, environ 500 personnes ont marché. L’année dernière près de 1 000 personnes étaient au rendez-vous. D’ailleurs ont pouvait y voir cette année des militantEs de Québec solidaire, plusieurs syndiqué.e.s en plus de la base militante des groupes et collectifs radicaux.

Revue de presse (notre presse)

[vidéo] Premier mai 2010 à Québec (Voix de faits)

Une journée entière de célébrations vivantes du 1er mai à Québec! (CMAQ)

Plus de 800 personnes dans la rue contre le capitalisme le 1er mai ! (CLAC 2010 sur CMAQ)

Revue de presse (leur presse)


C'est malheureux à dire, mais les journalistes sont plutôt...épaisSES. Les articles sur les manifestations du 1er mai sont truffées d'erreurs, la palme revenant à la Grosse Presse qui titre Manifestation "anarchiste" à Montréal pour parler uniquement de la manif syndicale avec des photos de la manif anticapitaliste... C'est ce qui arrive quand on ne sort pas de son bureau...


Manifestations du 1er mai - Les travailleurs unis contre le gouvernement Charest (Le Devoir)

Montreal May Day rally draws thousands (The Gazette)

Des milliers de travailleurs marchent pour un Québec équitable (Rue Frontenac)

vendredi 30 avril 2010

La minute du patrimoine révolutionnaire: Wich side are you on?

La minute du patrimoine est une chronique musicale. L'idée est de faire connaître l'histoire et les dessous de certaines chansons révolutionnaires.

Cette semaine:Wich side are you on?




À la veille du Premier mai, journée internationale des travailleurs et des travailleuses, quoi de mieux qu'une chanson syndicale traditionnelle pour cette chronique? On vous avait déjà parlé de LA chanson syndicale par excellence, Solidarity forever, en voici maintenant une autre un peu moins connue dans la francophonie.

«Wich side are you on?» (Dans quel camp êtes-vous?) a été écrite par Florence Reece en 1931. Elle était l'épouse d'un syndicaliste des United Mine Workers du comté de Harlan, au Kentucky (USA). En 1931, les mineurs de cette région ont été mis en lock-out dans une lutte âpre et violente avec les propriétaires de la mine. Dans une tentative d'intimidation de la famille Reece, des hommes de main embauché par la compagnie minière sont entré par effraction dans la maison familiale des Reece et l'ont fouillé. Sam Reece avait été averti à l'avance et s'était échappé, mais Florence et leurs enfants étaient terrorisés à sa place. Cette nuit-là, après le départ des hommes de main de la compagnie, Florence a écrit les paroles de «Wich side are you on» sur un calendrier accroché dans la cuisine de sa maison. Elle a pris la mélodie d'un hymne baptiste traditionnel, «Lay Low Lily», ou la ballade traditionnelle «Jack Munro». Florence a enregistré la chanson et ont peut l'entendre sur le CD «Coal Mining Women».

Florence Reece a appuyé une deuxième vague de grèves des mineurs vers 1973, comme le raconte le documentaire «Harlan County USA». Elle et d'autres ont joué «Wich side are you on» un certain nombre de fois durant le conflit.

La chanson est évoquée par Bob Dylan dans la chanson «Desolation Row». C'est Pete Seegers qui a rendu la chanson populaire dans un enregistrement pro-syndical réalisé en 1941 («The Original Talking Union with the Almanac Singers & Other Union Songs with Pete Seeger and Chorus»). Différents montages de cette version sont disponible sur You Tube (ici par exemple).

Les paroles (ma traduction):


Notre père était un syndicaliste
Et un jour j'en serai un aussi
Les patrons ont licencié papa
Qu'est-ce que notre famille va faire

Venez tous, vous les bons travailleurs
J'ai des bonnes nouvelles pour vous
Je vais vous dire comment le bon vieux syndicat
s'est installé ici

Refrain:
De quel côté êtes-vous?
De quel côté êtes -vous?

Mon papa était un mineur
et je suis un fils de mineur
Et je vais rester au syndicat
tant que toutes les batailles ne seront pas gagnées

On dit qu'à Harlan County
Il n'y pas de neutres ici
T'es soit un syndicaliste
ou un bum de J.H. Blair

Oh travailleurs, pouvez vous le supporter?
Oh dites moi comment vous le pouvez?
Serez-vous des maudits scabs?
Ou serez-vous des hommes?

Scabez pas pour les patrons
n'écoutez pas leurs mensonges
Nous les pauvres on a aucune chance
à moins de s'organiser.

P.S.: Oui, c'est très genré. Mais ça a été écrit en 1931.

P.P.S.: La photo représente Harry Simms, un organisateur syndical qui avait été envoyé dans les mines de charbon du Kentuky et qui a été assassiné en 1932 par les milices patronales.